Coucou Bazar, « last chance » avant fermeture

Extrait de Coucou Bazar au Musée des arts décoratifs. Photo: Les Soirées de ParisDes enfants subjugués s’essaient à dessiner, allongés sur le sol,  le personnage étrange qui évolue devant eux. Il se déplace comme cosmonaute dans une sorte de lente danse. C’est un personnage voulu par Jean Dubuffet (1901-1985) pour son extraordinaire spectacle Coucou Bazar. Le Musée des arts décoratifs le ressuscite en partie et il est urgent de dépêcher d’aller le voir car cela se termine le 1er décembre, six semaines seulement après le début.

Ce sont les newyorkais qui, les premiers, ont pu voir en 1973 cette chorégraphie picturale, puis les parisiens enfin les turinois en 1978. Un film montre la totalité de Coucou Bazar au musée et un petit film en explique la genèse. Cet inventeur de l’art brut (du moins sa définition) qu’était Jean Dubuffet, partait d’un substrat équivalent à de la boue, y détectait des formes, les isolait, en tirait enfin un personnage qu’il sculptait avec des matériaux modernes et lui cherchait un nom sinon un rôle. De tous ces personnages est né Coucou Bazar, une peinture tout à la fois vivante parce que chorégraphique et théâtrale, insolite et diablement chargée de poésie.

 Il a fallu restaurer les costumes, travail dont s’est chargée une restauratrice de patrimoine, Aurélia Chevalier. Qui a dû réparer et faire revivre avec son équipe des matières comme le bristol d’epoxy, le latex synthétique, des mousses de polyuréthane, du coton ou de la tarlatane amidonnés, la rayonne et le cuir souple. La matière n’est jamais inerte.

Extrait de Coucou Bazar au Musée des arts décoratifs. Photo: Les Soirées de Paris

Extrait de Coucou Bazar au Musée des arts décoratifs. Photo: Les Soirées de Paris

Et comme au Grand Palais en 1973, pour la mise en scène partielle organisée au Musée des arts décoratifs, il faut quelqu’un pour habiller les danseurs qui viennent sur scène couper le souffle aux petits et rendre le sourire aux grands toujours à la marge de leur prochain burn out. La bonne idée du musée en outre est d’avoir permis aux visiteurs d’observer derrière une vitrine ces séances d’habillage comme à la Nasa. Petit à petit ce jour là, on voyait la danseuse se faire revêtir de son scaphandre étonnant au graphisme si parfaitement attribuable à Jean Dubuffet.

Coucou Bazar aurait bien plu c’est certain aux surréalistes, à des gens comme Apollinaire, Picasso, Cocteau. C’est une chose indéfinissable, un songe lyrique, ludique, accompagné d’une étrange musique. Et nous visiteurs éblouis en sommes ressortis aussi  conquis que ravis ce qui fait, si les comptes sont bons, trois adjectifs parfaitement justifiés. Bien que l’exposition explique tout dans les moindres détails, cela n’ôte rien à la magie du résultat.

 

Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris.

Toutes les explications en vidéo, reportage (1973)

 

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Une réponse à Coucou Bazar, « last chance » avant fermeture

  1. de FOS dit :

    Original, inventif et poétique.

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