Pour Alex Katz, l’espace Thaddaeus Ropac de Pantin voit large

Oeuvre de Alex Katz exposée à la galerie Thaddaeus Ropac de Pantin. Photo: Les Soirées de Paris. Dans son introduction au catalogue présentant l’exposition dévolue au peintre américain Alex Katz, l’écrivain  Adrien Goetz s’interroge. Le public saura-t-il le comprendre comme il n’a pas compris Edward Hopper ? En fera-t-il un artiste bon pour palisser les chambres d’ados et décorer les mugs ? Que d’inquiétude inutile. Détendons-nous que diable et rendons-nous pour en juger à la très agréable galerie Thaddaeus Ropac qui emblématise avec justesse le renouveau de la ville de Pantin.

Cet espace nous permet de retrouver ce que l’on connaît déjà de la maison Thaddaeus dans le Marais, c’est à dire une qualité de lumière exceptionnelle qui conditionne au mieux l’exposition. On aimerait qu’il en soit plus souvent ainsi dans les musées.

Et nous voilà présentés à Alex Katz, du moins pour ceux qui ne le connaîtraient pas, artiste apparu en 1927 à New York. Dans la lumineuse et savante blancheur de la galerie, à l’aide il faut le souligner, d’une scénographie sans reproche, le peintre part sans aucun handicap pour un peu plus de quatre mois d’exposition.

La galerie Thaddaeus Ropac à Pantin exposant Axel Katz. Photo: LSDP

Oeuvre d’Alex Katz. Photo: LSDP

Dans la majeure partie, son œuvre se déploie sur des grands formats et dans certains cas de très grands formats qui requièrent pour l’éventuel acheteur une autre surface qu’un appartement parisien traditionnel.

Alex Katz a beaucoup peint sa femme, sa famille ou des sujets qui nous sont anonymes. Des personnages dans leur ensemble que l’on reconnaîtra par la suite à cent pas dans un commun traitement. Il a son style. Ce qui a fait dire à un certain Guy Tosatto (directeur du musée de Grenoble) que Katz est un « … de ces artistes que l’on ne peut définir qu’en énumérant les mouvements auxquels il n’appartient pas ».

A côté de petits tableaux et de quelques « cut-outs » (supports découpés hors cimaises), Alex Katz privilégie donc une technique de saisie de son sujet que jamais il n’abandonne et démultiplie à l’envi en portraits, en séries, en scène de groupes.

Le regard est le même partout à quelques nuances près, clair comme un lac d’altitude, assez « rohmérien » par son absence d’émotion forte. Les couleurs sont simples, en apparence du moins, elles évoquent par leur matité la gouache des boîtes de peinture de notre enfance et partant, cette jeune femme chevauchant un cheval (Jean on horse 1976) nous laisse à penser aux illustrations d’un livre pour enfant. On pourrait voir ça comme une technique de séduction qui réveillerait nos points sensibles.

Axel Katz. "January 4" (1992). Photo: Les Soirées de Paris

Alex Katz. « January 4 » (1992). Photo: Les Soirées de Paris

D’ailleurs les sujets d’Alex Katz se caractérisent aussi par leur absence d’agressivité, il sont porteurs d’une sorte de bienveillance diluée qui apaise.  Katz, s’il fallait résumer en deux mots, c’est simple et beau. Au passage, l’un des plus réussis se distingue des autres, c’est « January 4 ». Il se démarque par sa profondeur de champ et une étrangeté différente, assez remarquable.

Quand il peint Ada (sa femme) comme Bonnard peignait la sienne (Marthe) Katz « a avant tout, selon Adrien Goetz, inventé une femme reconnaissable, comme les danseuses de Degas et les modèles d’Ingres. Un type de femme. Inventer une femme universelle en représentant sans cesse celle qu’on aime est un accident qui n’arrive qu’aux plus grands. C’est une très sérieuse marque de génie ».

Faut-il ranger pour autant Alex Katz parmi les grands de grands, l’histoire fera le tri. En attendant, on peut recommander d’aller prendre à Pantin, dans cette très jolie galerie, le grand bain de couleurs offert par le peintre new-yorkais.

Jusqu’au 12 juillet 2014
Galerie Thaddaeus Ropac Paris Pantin
69 avenue Général Leclerc
93500 Pantin (01 55 89 01 10)
www.ropac.net
Du mardi au samedi de 10 à 19 heures.

La galerie Thaddaeus Ropac à Pantin, exposant Axel Katz. Photo: Les Soirées de Paris

La galerie Thaddaeus Ropac à Pantin, exposant Alex Katz. Photo: Les Soirées de Paris

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5 réponses à Pour Alex Katz, l’espace Thaddaeus Ropac de Pantin voit large

  1. de FOS dit :

    Très joli tableau, cette femme au chapeau mauve (January 4), ma couleur préférée !

  2. pascal dit :

    Six Axel (en comptant les légendes photo) contre quatre Alex… doit-on en conclure que Katz se prénomme Axel… ou bien Alex… ou bien Axel… ou bien Alex. On peut aussi préférer Exal ou Laxe

  3. Ah ah merci cher lecteur. Vieille dyslexie sur les noms propres. Mais tout est corrigé. Merci encore. PHB

  4. Shirley88 dit :

    au passage voici un site vraiment sympa sans pub en plus que détaille quelques type de cimaises :cimaise-tableau.net

  5. Ping : David Hockney fait escale à Pompidou | Les Soirées de Paris

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