Les libres histoires des animaux de Vincennes, Paris ou ailleurs

Le nouveau zoo faisait sa pub Pplace de la République. Photo: Les Soirées de ParisLe pain de sucre qui domine le zoo, hier de Vincennes, aujourd’hui parc zoologique de Paris est toujours là. Une foule d’invités se balade, le parc ouvrira ses portes samedi 12 avril. Cachés derrière le décor, les animaux méditent sur tout ce monde qui se presse, sur ces enfants d’hommes, criant, jouant, pleurant. Pas discrets, ces mômes, à faire tant de bruit ils vont se faire boulotter pas le premier chasseur venu. Les zoos urbains se sont  développés avant-guerre. Les animaux européens n’y avaient pas leurs entrées, sauf peut-être pour quelques loups ou quelques ours.

On venait voir les trésors de nos territoires. La mode était aux expositions coloniales. La grande expo de Vincennes de 1931a accueilli huit millions de visiteurs ! On s’y pressait pour contempler la plus belle vitrine que pouvait leur offrir le pays, celle de  la France coloniale celle qui montrait des lions, des tigres, des girafes pêle-mêle avec des bons  sauvages dans leur hutte reconstituée et le bon blanc leur assurant protection et progrès. La « Venus Hottentote », un siècle auparavant, est morte d’avoir de foire en foire dû exhiber sa nature généreuse. Le moulage de son corps et ses restes ne furent rendus par la France à l’Afrique du Sud qu’en 2002.

C’est ainsi qu’en 1934, sur les traces du petit zoo de l’exposition de la Porte dorée, naquit le zoo de Vincennes.

Tout môme, je me jetais en arrivant de l’école sur le journal L’Aurore qui publiait en avant dernière page les aventures du Fantôme du Bengale, un héros entre Tarzan, créé avant lui, et Batman, créé après. Il fut le premier justicier à porter un costume moulant de super-héros et un masque qui cache ses yeux. Il avait été recueilli, sur une côte du Bengale, par une tribu de pygmées. On appréciera la géographie hésitante du créateur et scénariste du Fantôme, Lee Falk. Tout était une question d’atmosphère.

C’était l’époque où je me nourrissais de l’Inde, la vraie, pas ce continent qui allait se réveiller, avec ses 1,24 milliard d’habitants, mon Inde était celle des Maharajas et des Anglais, des éléphants et des chasses aux tigres, des temples secrets prisonniers des racines d’arbres séculaires.  C’étaient des films comme « le Tombeau indou » et « le Tigre de Bengale », des films de Fritz Lang (en 1958 et 1959) ou « la Piste des  éléphants » de William Dieterle avec Elizabeth Taylor et Dana Andrews (en 1954). Un jeune couple vient s’installer dans une plantation de thé construite sur une ancienne piste que les éléphants prenaient pour aller boire, pas contente les bébêtes. Et puis bien sûr, je ne les oublie pas, les deux tomes du « Livre de la jungle » de Rudyard Kipling.

Le rocher de Vincennes. Etat actuel. Photo: Les Soirées de Paris

Le rocher de Vincennes. Etat actuel. Photo: Les Soirées de Paris

Le parc zoologique de Paris souffre de sa nouvelle jeunesse, après cinq ans de travaux, il lui faudra sans doute du temps pour pendre la crémaillère avec chacun de ses hôtes.  En son temps, en 1934, il fut l’un des premiers à ne plus montrer des animaux en cage, mais dans des enclos séparés par de profonds fossés.

Un magnifique lion solitaire rêvasse et moi je revis mes chasses en Afrique. Du Tarzan  avec Johnny Weissmuller au film d’Howard Hawks, « Attari » qui m’a fait suivre  une bande de chasseurs d’animaux pour les zoos, j’avais de quoi faire (1).

On estime qu’au siècle dernier quand les zoos se sont développés, le prix d’un animal vivant exposé valait trente animaux morts lors de leur capture, de leur transport ou de leur acclimatation.

Il me revient en mémoire le tournage d’« African Queen », au Congo. Déjà une véritable odyssée, entre les maladies qui touchèrent les techniciens, les attaques de moustiques et de fourmis géantes, les animaux sauvages et les accidents, le pire ennemi de l’équipe de tournage fut un éléphant. John Huston  était venu en Afrique qu’avec une idée en tête, tuer un grand mâle éléphant. Amateur de chasse, John Huston se levait très tôt pour aller chasser le gros gibier avant de revenir pour tourner, mais toute la journée il avait la tête ailleurs. La morale de l’histoire fut toute relative. Seuls Huston et Bogart échappèrent aux maladies, « sans doute parce que nous buvions plus de scotch que d’eau » précise John Huston dans ses mémoires. L’éléphant ? Non il ne fut pas tué.

Quant au zoo, celui de Paris, mais aussi tous les autres, participent-t-ils aujourd’hui de la sauvegarde des animaux en péril ou ne sont-ils que les accompagnateurs de races autrefois sauvages et qui  petit à petit vont perdre leurs acquis au profit de caractéristiques d’animaux devenus domestiques ? Il est des zoos à Toronto , aux Etats-Unis aussi, où, le soir, le dernier visiteur parti, on donne aux orang-outang des iPad. Ils dessinent sur l’écran de leur tablette électronique. Ils se prennent en photo… Après quelques hésitations pour se servir des écrans tactiles des iPad sans les griffer avec leurs ongles, les primates ont appris facilement à effleurer les tablettes avec leurs doigts. C’est paraît-il bon pour leur moral.

La nouvelle entrée du zoo a perdu son charme d'antan. Photo: Les Soirées de Paris

La nouvelle entrée du zoo a perdu son charme d’antan. Photo: Les Soirées de Paris

Parc zoologique de Paris (ouverture le samedi 12 avril 2014) Porte Dorée

Plein tarif : Adulte : 22 € Jeune (12-25 ans) : 16,50 € Enfant (3 à 11 ans) : 14 €

(1) Voir

 

 

N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Jardins, Surprises urbaines. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Les libres histoires des animaux de Vincennes, Paris ou ailleurs

  1. Philippe Bonnet dit :

    Faites-vous du bien pour le week-end, réécoutez « at the zoo » par Simon & Garfunkel. PHB https://www.youtube.com/watch?v=6xKLBne1CoI&feature=kp

  2. de FOS dit :

    Merci Bruno pour l’évocation cinématographique toujours riche et documentée.
    Je me souviens aussi d’une scène du film Les trois lanciers du Bengale (d’Hathaway) où le beau Gary Cooper voyait la flamme grignoter peu à peu l’alumette que le bourreau avait fichée sous chacun de ses ongles…

Les commentaires sont fermés.