Le Hajj et ses 147 millions de cailloux

Détail de la maquette de la Kaaba, visible à l'Institu d Monde Arabe. Photo: Les Soirées de ParisLe pèlerinage à la Mecque, pour un musulman, doit être effectué au moins une fois dans sa vie dans la limite de ses possibilités physiques. Le Prophète Muhammad l’a fait juste à temps l’année de sa mort. Vu de la chrétienté ou de l’univers laïque tout cela est un peu mystérieux mais justement l’expo en cours à l’institut du Monde Arabe nous éclaire jusqu’au 10 août.

Il s’y trouve bien heureusement en fin de parcours un petit film très bien fait qui nous explique toutes les étapes que doit respecter le pèlerin pardi d’Indonésie ou de banlieue parisienne une fois arrivé à la Mecque. Ce métrage pédagogique est de bout en bout marquant. Il montre notamment en accéléré les pèlerins tournant autour de la Kaaba contenant, enchâssée, une grosse pierre noire tombée un jour du paradis. Ils tournent en sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est que l’on appelle le Tawaf, mot arabe qui signifie tourner à tel titre que s’il l’on y ajoute un « a » par exemple, cela donne hélicoptère (tawafa). C’est l’un des intérêts de découvrir cette exposition avec des compagnons dont la langue maternelle est l’arabe.

Le Hajj (pèlerinage) est l’un des cinq piliers de l’Islam avec entre autres le jeûne. Le rituel et ses étapes n’ont pas changé depuis quinze siècles. Il faut donc tourner à différentes reprises autour de la Kaaba, courir entre différents points et aussi bien ramasser 49 pierres pour lapider les stèles représentant le diable. Trois millions de personnes à lapider les stèles chaque année, cela fait au passage 147 millions de tirs de cailloux. L’image animée montrant cette double étape du ramassage puis du lancer des projectiles est impressionnante.

Détail d’un tissu brodé représentant la Kaaba. Photo: LSDP

C’est dans le rituel que se consolide l’appartenance à un clan, un groupe, une religion, tout cela est consubstantiel à l’humanité. Et quand trois millions de croyants effectuent tout cet ensemble de gestes pendant les cinq jours sacrés du Hajj, c’est à dire presque simultanément, cela donne des images qui laissent les visiteurs visiblement rêveurs. Agoraphobes, n’oubliez pas de respirer profondément.

L’exposition de l’Institut du Monde Arable est raisonnablement découpée par ordre chronologique. On y découvre le pèlerinage médiéval jusqu’à nos jours en passant par le temps où la France colonisait le Maghreb. En 1425 ans, cela fait beaucoup d’histoires à raconter.

Les interrogations qui s’accumulent sur la tête du visiteur trouvent pour beaucoup leur délivrance à la fin dans la petite salle de projection. Auparavant ce visiteur aura enjambé quelques siècles de représentation artistique du Hajj jusqu’à des représentations tout à fait contemporaines. Elles sont parfois admirables, souvent instructives.

Une des photos les plus discrètes exposées montre des Indonésiens à bord d’embarcations nautiques tout de même assez précaires en partance pour La Mecque. Elle prouve à elle seule le caractère irrésistible du Hajj dans la vie d’un croyant.

Jusqu’au 10 août.

 

 

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Une réponse à Le Hajj et ses 147 millions de cailloux

  1. de FOS dit :

    Voilà qui donne envie de se rnedre en pèlerinage à l’IMA.

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