Le Centre sportif Léo Lagrange refuse de couler sous le béton

le CVentre sportif Léo Lagrange, le long du boulevard Poniatowski. Photo: PHB/LSDPUn jour cette perspective dégagée du boulevard Poniatowski n’existera plus. Le bel espace du Centre sportif Léo Lagrange dans le 12e arrondissement est en effet visé par un vaste projet de la mairie de Paris consistant à construire plusieurs immeubles de 37 mètres de haut soit à peu près douze étages. Cette ligne suturera l’horizon des habitants du boulevard et les privera surtout d’un bel espace vert dont ils profitaient sans discontinuité depuis l’entre-deux guerres.

Bienvenue au projet Bercy Charenton. Celui-ci consiste à requalifier une friche SNCF aux abords intérieurs du périphérique avec des tours de grande hauteur et une extension jusqu’au Centre sportif Léo Lagrange. On notera au passage, si l’on veut rester politiquement correct qu’il est recommandé de parler « d’immeubles hauts » tel qu’il est mentionné dans les affiches à destination du public et consultables à la mairie du 12e arrondissement.

Ce jeudi 1er décembre, il était également possible de discuter avec la commissaire enquêtrice, présente afin de renseigner les gens et surtout les encourager à consigner par écrit leurs éventuelles doléances. Aimable, pas spécialement vendeuse du bouquet de couleuvres que l’on veut faire avaler vivantes aux habitants de la Porte de Charenton et jusqu’à la Porte Dorée, la commissaire admet qu’il sera bien difficile d’enrayer la volonté de la mairie quand bien même la population locale ne semble compter que des opposants.

Maquette de la barre d'immeubles en projet bd Poniatowski

Maquette de la barre d’immeubles en projet bd Poniatowski sur l’espace Léo Lagrange

Ceux qui étaient présents ce jour-là autour de la maquette s’offusquaient moins des tours situées sur un terrain rendu vierge par déshérence d’usage que cette rangée de dents qui leur enlèvera un horizon apprécié par plusieurs générations de familles et aussi parce que l’espace ainsi croqué diminuera de beaucoup les possibilités de s’y promener. En effet non seulement les jeunes et moins jeunes profitent aujourd’hui des surfaces vouées au sport, mais les familles y vont aussi pour s’y détendre parmi les allées et jusqu’à y pique-niquer aux beaux jours. Un entre-soi parfaitement provocateur.

Comme l’explique la commissaire, la mairie dispose d’un argument qu’elle ne s’est pas privée d’exploiter. Officiellement ce n’est pas un parc mais un « équipement sportif » datant du temps où le (vrai) socialiste Léo Lagrange (1) prônait une vie faite de plein air et de liberté, deux termes qui sont de moins en moins compatibles aujourd’hui. Pour vendre l’affaire, il est bien souligné que les équipements en question seront entièrement « restitués » quitte à les… superposer. Que l’ensemble qui fait aujourd’hui la joie des familles soit fortement amputé par l’emprise de la barre d’immeubles en projet est naturellement passé sous silence. Au passage cette communication pour le moins étanche, a rendu une réunion qui s’est tenue le 1er novembre entre élus municipaux et les habitants un peu crispée, si l’on s’en rapporte aux témoignages.

Pour Catherine Baratti-Elbaz, la maire du 12e arrondissement et surnommée « Madame Baratin » par les opposants: « alors que les installations sportives de Léo Lagrange vieillissent et ne permettent pas une utilisation optimale par nos sportifs de tout âge, le stade sera entièrement rénové et recréé. La future piste d’athlétisme sera homologuée et plusieurs de ces équipements pourront accueillir des compétitions régionales. L’accueil des groupes scolaires, des usagers et du public en sera largement amélioré. Pendant les travaux, la continuité de la pratique sportive sera assurée« .

Seulement voilà, les gens du voisinage veulent garder leur espace dans l’état où il se trouve. Contrariés dans une large majorité, ils mettent aussi en avant que l’accroissement de la densité de la population n’est pas une bonne idée dans un quartier où les transports sont saturés. Il est bien difficile de trouver actuellement des supporters à cette ablation d’un lieu de vie si bien partagé. La population n’a pas l’impression d’être écoutée sauf pour alimenter un discours politique pour lequel la concertation, fût-elle une bronca,  est un ingrédient indispensable au vernis démocratique.

L’enquête se termine termine le 16 décembre avec un espoir de prolongation mais les jeux sont sans doute déjà faits.

PHB

(1) Sur le même sujet: Léo Lagrange réveille-toi!

Centre sportif Léo Lagrange. C'est là qu'une rangée d'immeubles barrerait l'horizon du voisinage

Centre sportif Léo Lagrange. C’est sur ce stade qu’une rangée d’immeubles barrera l’horizon du voisinage

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3 réponses à Le Centre sportif Léo Lagrange refuse de couler sous le béton

  1. Le Centre sportif Léo Lagrange est aussi menacé que les Serres d’Auteuil et représente, lui aussi, un de ces lieux livrés à la bétonisation et à l’argent des promoteurs par la mairie de Paris.
    Ne me parlez pas d’enquête publique, nous avons vu ce que cela a donné dans le cas du Jardin botanique des Serres d’Auteuil.

    • Stan B. dit :

      Oui, mais le combat pour préserver les serres d’Auteuil a permis de gagner du temps. Le temps gagné permet parfois d’arriver aux élections. Et là, on peut virer ceux qui ont trahi : à eux de voir… Les jeux ne sont pas faits.

  2. bauje dit :

    lMaire de Paris n a pas tous les droits il faut que tous les Parisiens se manifaestent et disent non a la destruction du patrimoine Parisien.

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