En Bourgogne de la «Guerre des Gaules» à «L’histoire amoureuse des Gaules»

Pour les parisiens à qui le nom d’«Alésia» évoque une station de métro dans le 14ème, il vaut la peine de pousser jusqu’à la station Gare de Lyon direction Montbard à 1h de TGV de Paris. Là, vous avez rendez vous avec nos ancêtres les gaulois, les vrais, pas ceux d’une célèbre BD. Vous avez rendez vous avec un évènement historique majeur, sans doute et malgré la défaite, le premier évènement constitutif de la Gaule en tant que nation.
C’est là, sur une surface de 7000 hectares, sur les lieux mêmes de la bataille d’Alésia -dont la localisation ne fait plus vraiment débat- en-52 avant notre ère, que s’est déroulé l’épisode final de la «Guerre des Gaules» tel que César l’a relaté -tout à sa gloire-. Et c’est bien le problème car nos ancêtres, contrairement aux romains, n’ont pas laissé d’écrits. Fort heureusement les recherches archéologiques et historiques sur site ont permis d’établir d’autres vérités.

C’est Napoléon III passionné d’histoire -qui par ailleurs avait entrepris la rédaction de la biographie de Jules César- est à l’origine en 1861 des premières campagnes de fouilles sur le site d’Alésia. C’est lui aussi qui est à l’origine de la statue de Vercingétorix érigée en 1865 à proximité sur le mont Auxois.(1)

Le bâtiment du centre d’interprétation signé de l’architecte Bernard Tschumi a été inauguré en 2012. Sa forme circulaire (image d’ouverture) évoque l’encerclement des gaulois lors du siège. La résille en mélèze qui l’habille rappelle les fortifications en bois édifiées par les romains autour de l’oppidum où s’étaient réfugiés nos ancêtres. La toiture terrasse également circulaire est plantée de 150 arbres. Les responsables du site ont choisi à la veille du 10e anniversaire, de renouveler entièrement la scénographie qui est maintenant signée de l’agence Clémence Farrell et nous invitent à un voyage dans le temps. Un voyage attractif, interactif et ludique particulièrement réussi. Le temps de la bataille et du siège bien sûr: Vercingétorix dont le nom signifie «Roi suprême des guerriers» faisait partie d’une grande famille des Arvernes, un peuple puissant qui occupait le centre de la Gaule. C’est lui qui a su convaincre les peuples gaulois de se rassembler pour s’opposer à la présence romaine. À la fin de l’été -52 suite à l’échec d’une bataille de cavalerie, il se réfugie avec son armée sur l’oppidum d’Alésia. Ce n’était pas une bonne idée. Les légionnaires romains installent des camps et une double ligne de fortifications tout autour. Encerclés par un tel dispositif, les gaulois n’ont aucune chance de s’en sortir. Après 2 mois de siège, Vercingétorix dépose les armes. La guerre des Gaules se termine l’année suivante et consacre la gloire de César. Mais l’oppidum n’est pas détruit et l’histoire continue.

À 3 km de là, les découvertes archéologiques se poursuivent sur le site de l’ancienne ville gallo romaine qui a continué à exister jusqu’au 5ème siècle. Ce sont plus de 600 objets découverts au cours de ces fouilles qui sont maintenant présentés. Puis avec les débuts du  Christianisme vient la légende de celle au nom prédestiné de «Sainte» et «Reine», une jeune chrétienne martyrisée pour avoir refusé les avances du général romain Olibrius. La source dite miraculeuse qui a jailli à l’endroit même où elle aurait été décapitée est à l’origine du culte et du pèlerinage qui va perdurer jusqu’à nos jours.

Direction le château de Bussy Rabutin à 10 mn en voiture de Alise Sainte Reine. Quelques siècles ont passé depuis la guerre des Gaules. Le comte Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), cousin de Madame de Sévigné, est à la fois un militaire chevronné, un courtisan et un écrivain reconnu, élu à l’Académie Française. En 1660 il est chassé de la cour pour avoir dévoilé les galanteries des grands de son temps dans son roman satirique «l’Histoire amoureuse des Gaules». Roger de Rabutin occupe son exil de 16 longues années sur ses terres bourguignonnes en aménageant l’intérieur du château. Les quelque trois cents portraits qu’il rassemble forment un ensemble décoratif exceptionnel et affirment son intérêt pour l’histoire de France et la généalogie, tant royale que familiale. Grâce aux devises qui légendent les tableaux, il raconte avec humour et un certain piquant sa nostalgie d’exilé tenu éloigné de la cour et du roi Louis XIV, ainsi que sa rancœur d’amant déçu par sa maîtresse la marquise de Montglas.

A 6 km d’Alise Sainte Reine à Flavigny sur Ozerain dans un site exceptionnel classé plus beau village de France, la ferme auberge «La Grange des 4 heures soupatoires» est l’adresse incontournable pour se restaurer. La Grange a été créée par Madeleine et Marie-Jeanne en 1976, année de sécheresse inoubliable. Leur objectif était de diversifier les revenus de la ferme et de faire reconnaître le travail des femmes en milieu rural. À partir de 1990, un renouvellement des générations s’opère. Ainsi entre 1988 et 2002, des jeunes femmes, et même un homme, s’investissent aboutissant à la création, en 1991, d’un GIE : « Les Quatre Heures Soupatoires ». Aujourd’hui, 15 personnes sont directement impliquées dans le fonctionnement de la Grange. Vingt agricultrices proposent un repas réalisé à partir des produits de leurs exploitations servi dans une ancienne grange au cœur du village. Le village abrite aussi la fabrique des Anis de Flavigny dans une ancienne abbaye bénédictine qui depuis 1591 parfume de ses effluves les rues du bourg.

 

Marie-Pierre Sensey

(1)Napoléon III est aussi à l’origine en 1867 du musée des antiquités celtiques et gallo romaines à St germain en Laye

Adresses:
Museo Parc 1, Route des Trois Ormeaux à Alise-Sainte-Reine (21150)
Statue de Vercingétorix et Ville Gallo romaine
Château de Bussy-Rabutin 12 Rue du Château, 21150 Bussy-le-Grand
Classé Maison des Illustres et Jardin Remarquable
Ferme auberge «La Grange» 21150 Flavigny sur Ozerain
Les Anis de l’abbaye de Flavigny 21150 Flavigny sur Ozerain

 

 

 

 

 

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4 réponses à En Bourgogne de la «Guerre des Gaules» à «L’histoire amoureuse des Gaules»

  1. Marie-Hélène Fauveau dit :

    merci pour cette excursion historique, littéraire et gourmande !
    à noter pour les prochaines vacances…

  2. Didier D dit :

    Satyrique ? Vraiment ?Plutot satirique , non ?

  3. alain BOUTRY dit :

    Le site d’Alise Ste Reine demeure effectivement le site officiel de la bataille d’Alésia mais je crois qu’il reste assez controversé et que d’autres sites plus en rapport avec la description du texte de César sont proposés.

Les commentaires sont fermés.