Oaxaca, la belle Mexicaine

Sitôt le pied posé dans la ville d’Oaxaca, on est saisi par le charme de ce petit bijou du sud du Mexique, posé à 1500 mètres dans une vallée entourée des montagnes. Dans la lumière dorée de ses rues, une explosion de couleurs vives, de saveurs, d’odeurs, de bruits chatouillent tous nos sens. Un tourbillon culturel, fait de musiques joyeuses et de célébrations incessantes, nous happe. C’est sans doute l’une des villes historiques les plus attrayantes du Mexique avec ses rues pavées dégringolant la colline, ses vieilles églises à dômes vernissés, ses beaux édifices coloniaux très colorés qui ouvrent sur des patios à arcades. L’une des plus agréables à vivre aussi, malgré la pollution et les pétarades des bus et motos, grâce à son animation culturelle. Oaxaca est réputée pour sa gastronomie, sa richesse artistique et ses traditions indigènes encore vivantes. Dans l’État d’Oaxaca, les vallées sont restées longtemps enclavées, ce qui explique qu’un grand nombre d’ethnies indiennes (environ 60% de la population) aient su conserver leurs coutumes, leur langue parfois, et leur artisanat raffiné.

Le vieux centre historique d’Oaxaca a beaucoup d’allure. Longue promenade piétonne, semée de restaurants et bars, qui traverse la ville pour mener au Zocalo, la place de la cathédrale où la vie pulse. C’est une déambulation curieuse faite d’un mélange de touristes -un peu trop nombreux- qui flânent et d’Indiens qui s’activent avec leur paniers débordant d’artisanat local. Les uns regardent, admirent et achètent, les autres travaillent dur, abordant les touristes sans aucune agressivité pour vendre. Ici, l’artisanat, raffiné, est partout. Vendeurs ambulants, marchés et échoppes alignées au coude à coude, les huipils, en étendard. Le huipil, c’est cette tunique traditionnelle brodée de couleurs chatoyantes, rendue célèbre en Occident par Frida Kahlo et toujours très portée au Mexique. En plus des huipils, chaque village de l’État d’Oaxaca a sa spécialité : Poterie noire de Coyotepec, tapis et tissages de Teotitlan, alebrijes (sculptures en bois peint) de Tilcajete, vannerie, ceintures et sandales en cuir, …

Le phare du centre historique est le somptueux couvent San Domingo du XVIe avec son cloître sur deux étages. Ses 25 salles abritent aujourd’hui le musée des cultures d’Oaxaca avec un trésor inestimable : le contenu de tombes du site zapotèque de Monte-Alban constitué de 500 bijoux d’or, d’argent et d’objets précieux. L’église attenante surprend par la profusion de décorations qui ornent son intérieur. Saints et apôtres y sont ensevelis sous un foisonnement de volutes, arabesques et dessins naïfs alors que la chapelle dégouline d’or. Il n’est pas rare que l’église soit privatisée pour une cérémonie de mariage en grandes pompes. À cette occasion, une troupe de danseurs et musiciens traditionnels est engagée pour accompagner la noce. Sitôt la messe finie, ils constituent un cortège, suivi par les badauds, qui va défiler en ville pendant des heures en jouant de joyeux airs populaires qu’on entend de loin. Toute la ville participe ainsi à la fête. Les danseuses ouvrent le défilé suivies des musiciens en costume blanc et de deux marionnettes en papier mâché hautes de 2,50 m qui figurent les mariés. Portant des corbeilles de fleurs sur la tête, les danseuses tourbillonnent en faisant virevolter leurs jupons, un spectacle de toute beauté.

Si le spectacle est souvent dans la rue, Oaxaca n’est pas en reste de petits musées et possède quelques galeries d’art contemporain. Le musée Tamayo constitue un véritable coup de cœur. Il rassemble plus de 200 pièces préhispaniques de l’impressionnante collection personnelle du peintre muraliste Tamayo (1899-1991). Quant aux amateurs de Street art, ils ne manqueront pas les quartiers un peu tendance de Xochimilco et Jalatlaco où l’esprit des muralistes est toujours présent. Rose, bleu, jaune, vert, les graffitis soignés, inspirés de la culture mexicaine, affichent les couleurs vives fétiches du Mexique. Dans ces quartiers calmes et agréables, on trouve aussi de jolis cafés installés dans des patios fleuris, des boutiques design de créateurs avec des objets et vêtement inspirés de l’artisanat traditionnel mais modernisés ; et, pour ceux qui en ont assez des galettes de maïs, de bonnes boulangeries à la française !

À 10 km d’Oaxaca, le site archéologique de Monte-Alban est incontournable. Un impératif, le visiter tôt le matin avant la marée touristique ! Pour établir ce site magnifique qui s’étend sur plus de 20 km² à une altitude de 2000 m, la montagne a été aplanie à main d’homme ! Depuis ses pyramides, très bien conservées, la vue est imprenable sur les vallées environnantes, la ville d’Oaxaca et les montagnes. Commencé vers 500 av. J.C., Monte Alban a connu son apogée entre 350 et 550 ap. J.C. Il était devenu un centre politique et économique zapotèque de première importance au Mexique avant d’être abandonné pour une raison inconnue.

C’est sur ce dernier coup de cœur que se termine la visite d’Oaxaca, une ville où passé et présent se conjuguent avec élégance.

Lottie Brickert

Photos: ©Lottie Brickert
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3 réponses à Oaxaca, la belle Mexicaine

  1. anne chantal dit :

    Merci à vous, vous me mettez les papilles en état d’excitation, avec des yeux grand ouverts, et curieux, sur ce monde que je vais découvrir en janvier !

  2. Kotalska Barbara dit :

    Une description vivante et colorée qui nous donne envie de se plonger dans l’atmosphère et la lumière de cette ville.

  3. Bruneau dit :

    Merci Lottie pour cette ballade instructive et ensoleillée.

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