Imaginons un peu, un ministre lâchant devant les députés le mot « scotomisation », façon de voir si le terme sera adopté rapidement par tout un chacun. À l’instar du regretté Michel Rocard, évoquant au micro du Palais Bourbon le défaut de « procrastination », réveillant d’un coup la moitié des députés entrés en pleine phase postprandiale, et surpris en pleine ignorance. Le soir même, une partie de la France s’était renseignée: le vocable désigne ceux qui s’enlisent dans l’hésitation, incapables de passer à l’action. On ne peut pas dire que la procrastination soit depuis devenue un best-seller, sans doute à cause de la prononciation, mais enfin il a fait sa petite carrière. Dans le film « Quai d’Orsay », sorti en 2013, le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, interprété brillamment par Niels Arestrup, s’avisait d’un nouveau terme atterri pour la première fois sur son bureau comme un lâcher de guano: la « résilience ». Et devant ses collaborateurs il réagissait à voix haute en disant qu’à son avis, ce ne serait pas la dernière apparition du mot et qu’il fallait en conséquence se « préparer au choc ». Hélas, il avait raison. Donc, si demain pile au moment crucial, une personnalité du petit écran, dénonçait une « scotomisation », c’est-à-dire un refus d’admettre une situation et pour tout dire un « déni », il se pourrait bien que la chose devienne à la mode pour un temps.
Ici, il s’agit ni plus ni moins de la carrière que font les mots. On use encore un peu de latin pour faire chic, genre volens nolens (qu’on le veuille ou non) et il subsiste dans notre vocabulaire un nombre non négligeable de reliques émanant de la langue gauloise ou du francique. On ne parle plus beaucoup de « char » comme Vercingétorix, sauf au Canada, mais quand nous passons le « balai », rappelons-nous que le terme avait déjà servi à Gergovie, après la bataille.
Les mots nouveaux recensés dans la dernière édition du Robert en revanche, sont le reflet de notre époque, la difficulté pour ceux-là étant de passer les siècles. Ainsi figure parmi les nouveaux, le tandem « méga-bassine » dont le seul prononcé est à même de déclencher une bataille rangée au milieu des terres agricoles. Au point que quelqu’un avait finement fait remarquer, il y a peu de temps, que la fin de la polémique pourrait venir d’une solution à deux bassines. L’humour est suffisamment rare dans le domaine écologique pour que ce trait bien vu soit souligné. Merci à l’auteur de la trouvaille.
En ce qui concerne les verbes on notera celui de « mégenrer », action consistant à se méprendre sur le sexe de son interlocuteur. Ainsi le journaliste Daniel Schneidermann qui interviewait un humain largement barbu sur un plateau télé et, lui donnant du « Monsieur », se vit vertement rétorquer par son interlocuteur, qu’il ne comprenait pas ce qui lui avait permis de lui attribuer un genre ex abrupto. À l’écoute de ce reproche, Schneidermann acquiesça, mais après une ou deux secondes d’un flottement perceptible.
Il y en a un qui était parti sur les chapeaux de roues voici pas longtemps et dont espère qu’il périra dans le corner où il a été expédié, c’est le mot « vaccinodrome » à destination des contribuables enrhumés. Le suffixe drome étant là pour désigner le sens d’une trajectoire, il n’est pas forcément le marqueur d’une époque. C’est ainsi que l’on parle moins d’aérodrome que d’aéroport et les grands succès à base de drome en proue, n’ont pas eu de destinée à la mode. En revanche, on s’en sert facilement pour rigoler tel le bousodrome afin de désigner un champ de vaches, mais ce n’est qu’une blague de Parisien en goguette dans les territoires ruraux.
On ne s’attardera pas sur le comeback du mot « censure » lequel nous vient du latin et qui sonne si bizarrement au pays de la liberté. En revanche il est toujours agréable d’aller puiser dans le réservoir des mots peu usités afin d’égayer une conclusion qui pourrait trop tarder à venir. C’est le cas de « l’aptonyme », soit le nom de quelqu’un dont la prononciation et l’orthographe vont de pair avec l’activité du porteur. Si l’on s’appelle Monsieur Tire-Bouchon et que l’on est vigneron, il est alors possible de constater en flagrance, un aptonyme typique. Plus cocasse encore est son cousin, le « contraptonyme », désignant une personne dont le nom s’oppose à son activité. Il en serait ainsi d’un Monsieur Prosateur dont le métier serait la versification ou d’une Madame Bobard en porte-voix d’une communication officielle.
PHB
L’hexagonal tel qu’on le parle – Robert Beauvais
Wesh, vas-y cé vré en mode de malade tu vois de ouf, je kiffe grave votre jactance ma foi de plus en plus ironique.
Rappelons à propose la bicontraptonymie de Madame Ndiaye Sibeth, forcément intelligente porte parole d’un président pour lequel elle assumait de mentir ! Tour cela n’est guère coursant.
Rappelons à propos la bicontraptonymie de Madame Ndiaye Sibeth, forcément intelligente porte parole d’un président pour lequel elle assumait de mentir ! Tout cela n’est guère courscant.
Il faudra un jour consacrer un article aux « correcteurs » orthographiques automatiques…
[…]à propos […] tout […] coruscant.
Il faudra un jour consacrer un article aux « correcteurs » orthographiques automatiques…