Le schnaps, boisson intersidérale

Rien de tel qu’un bon petit documentaire sur la planète Mars afin de tuer le temps agréablement. Arte diffuse en ce moment un de ces films malgré tout fort distrayants, sur l’idée consistant à aller vérifier si des fois sur la planète rouge, il n’y aurait pas eu un peu de vie avant que les eaux et l’atmosphère locales ne s’en aillent. C’est pour cela que l’on a expédié là-haut des engins d’exploration dont deux sont toujours en activité. Des prélèvements d’échantillons martiens figurent au programme, ils seront si tout va bien récupérés un jour par un orbiteur et seront ramenés sur Terre pour être étudiés. Dans l’objectif précis nous explique-t-on ici, de détecter de la vie ou ses traces. Et le seul pense-bête scientifique qui vaille dans ce domaine, répond à l’acronyme « c.h.n.o.p.s ». Six lettres désignant l’essentiel de ce qui constitue le vivant à nos yeux, soit le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre. Avec cela vous disposez à titre d’exemple de 97% de ce qui compose l’humain. Et donc une matière prélevée sur Mars qui regrouperait ces éléments, trahirait quelque chose de local comme un bout de cerveau, une miette de céréales ou une aile de mite.

Et les Martiens au fait, s’ils existent, que se donneraient-ils comme bréviaire de recherche, comme marqueur physique d’une vie terrestre. Ils pourraient par humour et par goût se servir du schnaps au lieu du « c.h.n.o.p.s », pour peu qu’ils aient eu au préalable les renseignements sur cette eau-de-vie dont les parfums de prune, quetsche, poire ou framboise, sont à même de parfumer toute une maison rien qu’en ôtant le bouchon. Techniquement le schnaps répond aux critères du « c.h.n.o.p.s », mais on conviendra qu’après l’étude au moins ça se consomme, en associant la science et le plaisir.

On prête à à l’acteur Jean Yanne (1933-2003),  cette fine démonstration selon laquelle, l’intelligence extra-terrestre existe à coup sûr puisque ses représentants n’ont jamais pris la peine de nous contacter. On peut en tout cas penser qu’ils ne sont pas martiens, vu ce que nous confirment au quotidien nos robots délégués sur place. Pas un coyote et encore moins un fonctionnaire des douanes, ne sont en effet venus flairer les organes des Sojourner, Spirit, Opportunity, Curiosity, Perseverance et autres Zhurong chinois. Si l’hélicoptère Ingenuity est aujourd’hui vautré au fond d’un cratère, tout semble indiquer qu’il s’agit d’un accident et non pas d’un tir sol-air de la défense martienne.

Mais si l’on reprend la théorie de Jean Yanne élargissant le spectre des possibilités à tout l’univers, on peut quand même en déduire qu’en sondant de loin ou de près notre planète, les extra-terrestres trouveraient ici-bas de quoi échantillonner notre savoir-faire, du pain brioché jusqu’au ballon de foot, de nos vignobles (et notre schnaps) jusqu’à nos fromages et nos pâtés. Ils pourraient même être un peu débordés. De quoi faire envie, mais non, car selon le regretté Jean Yanne, malgré toute cette abondance ils auraient renoncé, laissant de ce fait une preuve de leur existence par défaut.

Voilà à cette aune que l’humanité serait peut-être moins intelligente que prévu. Puisqu’à contrario, elle ne compte pas à la dépense pour s’en aller à droite à gauche cartographier une évidence: que ce soit sur la Lune, Mars ou Mercure, c’est l’inhospitalité qui est la règle. Non seulement il n’y a rien, mais le climat n’est bon nulle part et les atmosphères irrespirables partout. De surcroît, dans le Nevada, en Islande ou dans le désert de Jordanie, on trouve des paysages comparables aux planètes lointaines. Ce pourquoi les réalisateurs de films y plantent leur caméra afin de nous faire habilement croire que nous y sommes. Il nous suffit bien de rêver, sans combinaison ni réserve d’oxygène.

Bah, en dehors du fait que cet argent dépensé pour aller constater la probabilité du néant,  fric qui pourrait davantage soulager quelques famines terrestres même si c’est facile à dire, ces documentaires nous remboursent un peu tout de même de nos contributions, sans oublier qu’à chaque fois, ils nous font prendre conscience de notre unique paradis. Ce à quoi rêveront ceux bientôt partis pour des voyages à long terme sur la planète rouge: ils y cultiveront la nostalgie de l’humus, de nos parfums d’automne et de nos prunes.

PHB

Voir le doc « En quête de vie »
Illustration: ©PHB
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Une réponse à Le schnaps, boisson intersidérale

  1. Ouais, bien d’accord !
    Et en plus vous renforcez mon appétit de ce matin pour une bonne omelette aux champignons !

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