Il y a des catalogues bien plus précieux que d’autres et ce n’est pas forcément le prix qui fait la différence. Celui-là a été imprimé en 1959 pour le compte de la galerie Louise Leiris. Il résume cinquante années d’édition de Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), tout à la fois auteur, collectionneur et marchand d’art. Cet éblouissant fascicule rassemble d’extraordinaires signatures et de destins croisés. Poèmes de Picasso illustrés par lui-même, Michel Leiris accompagné de André Masson pour l’image, texte de Gertrude Stein avec la complicité graphique de Juan Gris, Erik Satie en compagnonnage avec Georges Braque, poèmes de Vlaminck ornés par ses propres bois gravés, André Malraux faisant de Fernand Léger son complice… sur moins de quarante pages, c’est un exceptionnel voyage dans l’art et la poésie moderne qui nous est proposé. Continuer la lecture
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On sait que Netflix, multinationale yankee fondée en 1997, reine mondiale du streaming, dispose d’une puissance financière considérable, et que son catalogue de séries et de films est impressionnant. Mais comme on l’accuse de tuer le cinéma puisque les films qu’elle produit ne sortent pas en salles mais uniquement sur les petits écrans du monde entier, elle se préoccupe d’améliorer son image en finançant des films et séries de plus en plus exigeants.
On le nomme Paterson, il habite Paterson dans le New Jersey et sur le fronton du bus qu’il conduit tous les jours, il y a marqué Paterson. C’est ainsi que Jim Jarmusch ne pouvait faire autrement que titrer son film « Paterson » (2015), celui que Arte nous offre en rediffusion jusqu’au 7 juin. Et en plus l’acteur qui joue le chauffeur s’appelle Adam Driver. C’est le héros principal au côté de Golshifteh Farahani, la franco-iranienne qui n’a pas son pareil, la plupart du temps, pour flairer les bons coups cinématographiques. De toute la filmographie de Jarmusch, ce doit être le plus épuré, le plus minimaliste, il n’y pas pratiquement pas d’action, pas de dialogues qui font mouche et un suspense infime.
Ce ne pouvait être qu’un bel enterrement. En imaginant la journée du 10 janvier 1907 à Montbrison (Loire), lors des funérailles du poète Henry J.-M. Levet, Frédéric Vitoux suppose que la foule devait arborer des « têtes de circonstance ». Et il en profite pour préciser que la tête de circonstance est « la base même de la vie en société », une « affaire de politesse ». On aurait tendance à se moquer de ceux qui adaptent automatiquement leur visage à un contexte donné mais Frédéric Vitoux au contraire, estime qu’il faut féliciter ceux qui font de cet usage un geste d’urbanité.
… et plus exactement de « La baie des anges », un film de Jacques Demy sorti au tout début des années soixante, que des circonstances récentes ont conduit à une heureuse exhumation. Ces dernières semaines, Netflix a semble-t-il pensé que son répertoire n’était pas tout à fait à la hauteur des captifs éclairés de la gentry française. La plate-forme américaine est donc allé puiser dans les tiroirs du cinéma français, avec notamment nombre de films de François Truffaut et aussi cette réalisation de Jacques Demy (1931-1990), sorte de discret bijou de famille du cinéma hexagonal.
Dans son livre de cuisine paru pour la première fois en 1954, Alice Babette Toklas livre sa recette de « Fondants au haschisch » qu’elle tenait elle-même d’une certaine Madame Barry. Et sa recette vaut moins par son contenu que par ses commentaires. Elle disait que la formule qui comprenait notamment des dattes dénoyautées, pouvait convenir aux dames d’un club de bridge et aussi bien aux membres ultra-conservatrices de la « Daughters of the American Revolution ». Elle mentionnait que l’ingestion de cette friandise pouvait conduire à de « grands éclats de rire, des rêves extatiques, une extension de la personnalité sur plusieurs niveaux simultanés ». Et concluait drôlement en affirmant que « presque tout ce que Sainte-Thérèse a fait, vous pouvez le faire encore mieux si vous acceptez de vous laisser aller à un évanouissement éveillé ». Alice Toklas ne se contentait pas de livrer des recettes, elle les contextualisait et les accompagnait d’anecdotes avec un humour givré.
Les Parisiens retrouvent l’usage des transports en commun. Désormais ils les empruntent visages masqués et gestes barrières à l’appui. Parmi ces gestes, la distance sociale que beaucoup ont du mal à respecter. Au Japon, elle a toujours été une marque de la culture, même dans le métro.
Pour ce qui est de la popularité, il n’y a guère que la Castafiore qui pourrait lui faire de l’ombre. “La Cantatrice chauve“, de Ionesco, est un cas unique dans l’histoire du théâtre français. La pièce fête cette année ses 70 ans. Et depuis 63 ans, sans interruption ou presque, elle est présentée chaque soir, dans la même mise en scène, au théâtre parisien de la Huchette. Quelque chose comme 25.000 représentations, plus de deux millions de spectateurs. Cette cantatrice pas comme les autres a droit à tous les superlatifs : indéboulonnable, inoxydable, imperturbable. Si elle est en ce moment au repos forcé, nul doute qu’elle résistera au coronavirus, comme elle a résisté à mai 1968 et à d’autres événements parisiens quand, périodiquement, la fronde enflamme les rues de la capitale.
Longtemps demeurée à l’ombre de sa grande sœur la « Passion selon Saint Matthieu », la « Passion selon Saint Jean » prend maintenant sa revanche, et ne cesse d’être enregistrée et jouée. Robert Schumann, le premier, après l’avoir dirigée en 1851, l’estimait « plus audacieuse, puissante et poétique ». « Quelle concision, quelle ingéniosité, surtout dans les chœurs et quel art ! », écrivait-il à un ami.
Il n’y a pas véritablement de mystère sur l’origine du mot « surréalisme“, même si beaucoup se réfèrent à la création des Mamelles de Tirésias (juin 1917) pour dater sa première apparition. L’invention en revient effectivement à Apollinaire, mais c’est un mois plus tôt, en mai 1917, que le poète avait forgé ce néologisme, afin de caractériser l’art et le style du ballet « Parade », commande de Diaghilev pour les Ballets russes. Ce spectacle d’avant-garde (ou plutôt « d’esprit nouveau ») réunissait trois personnalités assez dissemblables : Jean Cocteau, 27 ans, pour le livret, Erik Satie, son aîné de 24 ans pour la musique, Picasso, 35 ans, pour le décor, les costumes et le rideau de scène. Ce dernier venait de se rendre avec toute la troupe en Italie, et avait fait la rencontre de celle qui deviendra sa première femme, la danseuse Olga Khokhlova.