Yannina et Iakovos dansent un slow, joue contre joue. Elle lui demande : « Tu aurais le courage… Tu es capable de tuer ? » II répond que bien sûr, s’il le faut. Elle reprend : « Autrefois, avant Mauthausen, tu aurais pu ? » Serrés l’un contre l’autre, ils poursuivent ce dialogue jusqu’à ce qu’il lui dise de garder sa haine et de ne pas en avoir peur. « Quand viendra le temps où elle ne sera plus nécessaire, elle s’apaisera d’elle-même ».
Yannina et Iakovos dansent sur la place du village de Mauthausen au début de l’été 1945. « Ce n’était pas le dialogue le plus approprié pour un couple d’amoureux en train de danser un slow », commente Iakovos. « Mais nous étions un couple qui dansait à quelques kilomètres à peine du camp et juste quelques semaines après l’extinction des fours. De quoi parler d’autre ? » Continuer la lecture
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En mars 1907, la revue bimensuelle « La culture physique » se flatte sous la plume du rédacteur en chef Albert Surier, d’accueillir comme nouveau collaborateur, Guillaume Apollinaire. « En termes émus, prévient la direction du journal sportif dans un encadré, notre distingué collaborateur, Guillaume Apollinaire, retrace dans l’article qu’il consacre à Guy de Maupassant et que nous publions aujourd’hui, quelle part de sa vie l’admirable auteur de « Sur l’eau », donna à l’athlétisme et au sport ». Guy de Maupassant (1850-1893) et Apollinaire (1880-1918) ont au moins ceci en commun d’avoir fréquenté la Maison Fournaise à Chatou et partagé le même amour de la Seine. Apollinaire en parle comme d’un athlète qui oubliait « toute modestie » dès qu’il « s’agissait de sa force ». Cependant que Maupassant, « riche et glorieux » atteignait « l’époque douloureuse de son existence ».
Le 15 mars 1957, le journal Le Monde publiait un sobre entrefilet dans sa rubrique nécrologique : «On nous prie d’annoncer la mort de M. René Chalupt, homme de lettres, survenue subitement le 9 mars 1957 en son domicile à Chillon (Suisse), dans sa soixante-douzième année. La cérémonie religieuse aura lieu le samedi 16 mars, à 10 h 30 précises, en l’église Saint-Philippe du Roule, à Paris ».
À la convention nationale du Parti socialiste le 6 novembre 1977, François Mitterrand tente en effet de mettre de l’ordre dans une gauche trop dispersée à son goût. Le Premier secrétaire ne discute pas, il impose. Il estime même, à quatre mois des élections législatives, que le Parti communiste doit être mis en situation « de ne pas faire ce qu’il veut, mais ce qu’il peut ». Juste derrière une manchette qui annonce une « France coupée en trois », Le Matin consacrait ses deux premières pages à cette bataille de l’unité. Quarante trois ans après on pourrait dire que peut nous en chaut mais non, tellement il peut être réconfortant en ce moment même, de lire une actualité totalement révolue. En effet, si on apprenait en dernière page que la Fraction armée rouge menaçait de faire sauter trois avions de la Lufthansa, on sait aujourd’hui que le funeste projet n’a pas abouti. En 2063, soit dans quarante trois années, peut-être nos plus jeunes lecteurs découvriront-ils la presse de 2020 avec un détachement amusé. Nous leur souhaitons vivement.
Quoi ! Le déconfinement s’annonce alors que nous commencions tout juste à découvrir les vertus du confinement ?
L’année de ses 13 ans, juste avant la deuxième guerre, la petite Wally Danzig découvre pour la première fois la mer sur une plage du Calvados. Elle respire l’air iodé, éprouve le plaisir de porter un maillot de bain deux pièces, ressent la joie d’observer les mouettes qui parcourent le ciel marin. Aujourd’hui qu’elle est sur ses 94 ans, elle avoue conserver peu de souvenirs de ces vacances en famille. Et puis Wally était juive et en 1939 tout allait se détraquer. Son insouciance courait à la ruine avec les tracas de l’exil, de la clandestinité, les affres du manque de nouvelles familiales. La première partie de son histoire est en noir et blanc. Elle est racontée par Valérie Villieu et mise en images à l’aquarelle par Antoine Houcke, dans une bande dessinée à paraître en mai aux éditions La boîte à bulles.
La disparition de Lucie Blackman, jeune ressortissante britannique, en juillet 2000 à Tokyo a pu échapper à bon nombre de lecteurs de la presse française. Elle y a été évoquée, mais peu et fugacement. En revanche, ce fait divers, un meurtre sexuel sordide, a agité toute la Grande Bretagne pendant presque une décennie, à la façon, sans doute, de l’affaire du « petit Grégory ». Et si l’événement a tenu si longtemps sur la scène médiatique d’outre-Manche, c’est en grande partie en raison de la longueur de l’enquête et surtout de celle du procès : à raison d’une audience par mois, l’affaire est restée devant le tribunal pendant près de sept années, procédure en appel comprise. Et c’est tout l’intérêt de l’enquête à laquelle s’est livré le correspondant du Times à Tokyo, Richard Lloyd Parry, que de nous révéler la façon dont le Japon traite et juge les crimes.
Le samedi 20 avril 1957, les Éditions Pierre Tisné, achevaient d’imprimer l’une des plus marquantes monographies de Hyeronymus Bosch. Son auteur, Jacques Combe, s’attaquait ce faisant à un artiste extraordinaire dont il rappelait dès la première page qu’il n’existait « pas un tableau daté, pas un témoignage contemporain ». Tout est à « reconstituer » admettait-il logiquement. Ce qui est drôle c’est que l’on ne sait pratiquement rien non plus de Jacques Combe. Autrement dit, Google ne sait pas. La BnF mentionne qu’il est décédé en 1993 mais la date de naissance est introuvable. Concernant celui que l’on appelait plus communément Jérôme Bosch, on en sait un peu plus. Il est probablement né en 1450 à Hertogenbosch (Bois-le-Duc) en Hollande et aurait rendu l’âme en 1516. La vraie question reste cependant de savoir, en tout cas d’essayer, comment Bosch a pu imaginer un univers aussi fantasmagorique, tel « Le jardin des délices ».
Jamais l’abstraction n’a autant justifié sa nécessité. Tout est dans le verbe sinon dans le mot. Philosophiquement, l’abstraction définit la capacité de l’intelligence à se séparer du réel pour des besoins variés. Il s’agit ni plus ni moins d’une évasion mentale qu’un Mondrian avait poussée jusque dans ses plus lointaines extrémités. Encore ne s’agissait-il que d’art inoffensif.
Sur un des murs de l’hôpital Saint-Louis, le message ne date pas d’hier. Il se décolle par squames. L’histoire de ce plus vieil établissement parisien après l’Hôtel Dieu offre une résonance opportune avec l’actualité, puisqu’il a été conçu en fonction des nombreuses épidémies qui frappaient alors la cité. Rien qu’en 1562, les registres de l’Hôtel Dieu dénombraient 68.000 morts de la peste. Comme Paris ne comptait que cet hôpital, le bon roi Henri décida le 19 mai 1607 de fonder sur la rive droite l’hôpital Saint-Louis. Ainsi que le précise Raymond Sabouraud dans une histoire de l’établissement rédigée en 1937 pour le compte des Laboratoires Ciba, l’édit signé par le roi a été conservé dans son intégralité. Cet homme qui était non seulement un dermatologue mais aussi un sculpteur renommé, mourut avant de voir son récit publié.