Le Jardin d’agronomie tropicale, un ailleurs aux portes de Paris

La routine et la grande ville vous insupportent à peine rentrés. Envie d’espace vert ? De prolonger vos vacances ? De voyager sous les tropiques tout en restant à Paris ? La solution se trouve aux portes de la capitale. Sportifs, acérez vos mollets pour traverser le bois, paresseux engouffrez-vous dans votre voiture ou le RER A ! A l’extrémité nord-est du bois de Vincennes, le Jardin d’agronomie tropicale vous procurera une vraie bouffée d’ailleurs.
Sitôt franchie l’élégante porte chinoise rouge fané qui borde l’entrée du Jardin d’agronomie tropicale, on est ailleurs. Continuer la lecture

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Une BD au fin goût de polonium

Le propos est sans doute apocryphe. Lorsque Marie Curie s’engueule avec le directeur de l’institut où elle fait ses recherches, en réclamant des fonds pour les effectuer au sein d’une « putain d’usine », il n’est pas certain qu’elle se soit exprimée exactement dans ces termes. C’est l’inconvénient des biographies quelque peu romancées. Et depuis son caveau du Panthéon, protégé au plomb à cause des radiations, elle n’a plus le loisir de corriger l’histoire. Il n’en reste pas moins que cette BD d’Alice Milani qui vient de paraître en librairie, après avoir été traduite de l’italien, est fort plaisante à parcourir. Elle est renseignée aux meilleures sources, dont des notes autobiographiques de Marie Curie. Continuer la lecture

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Apollinaire sur le front du cacao

Actuellement en vente chez un libraire de livres rares (1), un exemplaire de « La Rome des Borgia », comporte une amusante dédicace de Guillaume Apollinaire, datée du mois de septembre 1916. Elle dit: « À mon ami Lardet, après l’orgie on vit le pape Borgia, avaler un bol tout plein de Banania ». Apollinaire est alors l’auteur de ce livre publié en 1914 et co-rédigé avec son ami René Dalize. Le Lardet en question se prénomme Pierre-François et c’est l’importateur originel de la formule chocolatée en poudre au parfum de banane. Sur ce sujet extrêmement pointu on en conviendra, il écrit la même année (le 14 mars) à son ami Max Jacob que: « le mariage de R. me paraît bien immoral par le temps qui court et je comprends pourquoi le chocolat a pris une si grande importance dans notre existence sur le front ». Ces deux citations sont donc liées par la même fève de cacao… Continuer la lecture

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Une bien malicieuse fourmi

Alors que sa réputation de scénariste n’était plus à faire, Julien Rappeneau se faisait, en 2016, un nom en tant que réalisateur avec le très réussi “Rosalie Blum” dont il signait également le scénario. Voici qu’aujourd’hui sort son deuxième film, “Fourmi”, tout aussi excellent que le précédent, présenté en avant-première au Film Francophone d’Angoulême dans la catégorie “Coups de cœur” avec un accueil chaleureux des plus mérités. Sans doute attendu au tournant à plus d’un titre, le décidément très talentueux scénariste-réalisateur a fait preuve une nouvelle fois d’une grande maîtrise cinématographique. Sens du récit, dialogues tirés au cordeau, humour qui fait mouche, personnages bien campés, casting impeccable, sens du rythme et une sensibilité pour les êtres à la dérive se retrouvent dans ce second opus. Tout comme “Rosalie Blum”, “Fourmi” est une touchante comédie à la teneur universelle qui nous renvoie à nos propres fragilités tout en nous donnant à espérer. Continuer la lecture

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Prégardien junior révolutionne le lied

Pour les barytons ou les ténors, le Graal des lieder est le « Winterreise » (ou « Voyage d’hiver ») de Schubert, un ensemble de 24 mélodies pour piano et voix, composé par Franz Schubert en 1827, un an avant sa mort, à trente ans donc. Illustrant des poèmes de Wilhelm Müller (« Bonne nuit », « La girouette », « Larmes de gel », « L’image figée », « Le tilleul », « Torrent », etc. jusqu’au dernier « Le veilleur »), sans rapport les uns avec les autres, le musicien évoque l’odyssée décousue d’un homme désespéré quittant la ville où il a trouvé puis perdu l’amour, s’enfonçant dans la nuit hivernale.
On suit notre voyageur dans sa fuite sans but, en proie au vent, à la neige, aux eaux glacées, chassé par les chiens à l’entrée des villages, parfois saisi par le souvenir cruel du bonheur passé : « Je n’ai pourtant rien fait de mal Pour fuir la vue de mes semblables ; Quel est ce désir insensé Qui m’entraîne vers les déserts ?» (« Le poteau indicateur »). De la poésie pure, mais ce qui en fait un tel chef d’œuvre est l’harmonie inouïe entre le chant et le piano : nous accompagnons le voyageur comme si nous étions à ses côtés. Quelques minutes à peine, parfois juste une, suffisent à Schubert pour nous faire entrer ses mélodies dans le cœur, leur poésie et leur mystère. Continuer la lecture

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Mise à jour du soleil levant

À l’invitation du musée Marmottan de dialoguer in situ avec Monet, Caillebotte ou Pissarro, Gérard Fromanger (1939-) a répondu positivement. Sa réplique au « Soleil levant » de Monet (réalisé durant l’hiver 1872/1873) est spectaculaire. Sur le détail ci-contre, on voit bien que Fromanger a voulu dépasser l’aimable marine normande connue pour avoir lancé l’impressionnisme.
Le résultat est le fruit d’une réflexion personnelle sur l’exploration du cosmos, de Youri Gagarine (le premier homme dans l’espace) à Thomas Pesquet (l’un des derniers en date). S’y est ajouté le fait que la Terre tourne à 30 kilomètres par seconde autour du soleil et que nous, simples piétons, ignorons effectuer à ce rythme une distance annuelle invraisemblable. « C’est extravagant de penser tout cela dit-il« . De son point de vue,  la Terre est à la fois une sorte de « station spatiale, une fusée, un satellite« . D’où cette toile exubérante composée de plusieurs planètes, avec des cercles concentriques,  laissant penser à une expérience hypnotique où se perd une cohorte d’humains. Continuer la lecture

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Mort pour de faux

La correspondance entre Paul Léautaud et André Billy, publiée en 1968, contient une amusante anecdote. Les deux sont écrivains. Le premier est né en 1872, le second en 1882. Ils ont chacun connu Guillaume Apollinaire mais, pour une fois, là n’est pas le propos. Dans une lettre du 1er juin 1941, Paul Léautaud informe son « cher Billy » que le 27 mai alors qu’il se trouvait à la rédaction du Mercure, un certain Gaëtan Sanvoisin est venu lui apporter la nouvelle de sa propre mort. Elle a été diffusée en zone libre, via notamment les antennes de Radio Paris (ci-contre). Plusieurs articles nécrologiques sont alors parus sur cette pseudo disparition, dont un signé d’André Billy qui se trouvait alors à Lyon, à la rédaction déplacée du Figaro. Continuer la lecture

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Le gang des cancéreuses

La libraire avait prévenu : « Attention, c’est très différent de ce qu’il écrit d’habitude », sans pour autant préciser si la surprise était bonne ou mauvaise.
Pour les amateurs et habitués de Sorj Chalandon, écrivain et journaliste au Canard Enchaîné, « Une joie féroce » affiche une certaine continuité avec ses précédents romans : une écriture précise et directe ; des personnages en colère ; un virage de dernière minute dans le scénario qui permet de prolonger la tension que l’auteur a su habilement distiller pour mieux nous surprendre. Continuer la lecture

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Constanze, épouse Mozart

Peu après la mort de Mozart, en 1791, sa veuve reçoit la visite de Casanova. L’aventurier vénitien est si courbatu qu’il admet ne pas pouvoir se pencher suffisamment pour baiser les mains de Constanze. Il est venu avec sa chienne Finette très heureuse de faire la connaissance approfondie du chien (un fox) des Mozart. Si bien que quelque temps plus tard, Casanova apprendra à la jeune femme que Finette a mis bas et que l’on spécule déjà sur les chiots concernés vu leur filiation avec le musicien prodige. Cette amusante anecdote figure dans un livre intitulé « La redoutable veuve Mozart » à paraître le 5 septembre. Il a été écrit par Isabelle Duquesnoy, spécialiste du sujet au point qu’au début de son ouvrage, figure un compliment de Geneviève Geffray,  ex-conservateur en chef de la Fondation internationale Mozarteum de Salzbourg. Un certification inédite qui découle de la « profonde culture » de l’auteur est-il écrit. Continuer la lecture

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Gengenbach, un drôle de paroissien

Oui vraiment un drôle de paroissien, cet Ernest de Gengenbach. Et un bien curieux bonhomme, dont la personnalité hors du commun intéressa les surréalistes, André Breton en premier lieu. La réédition inattendue d’un de ses ouvrages publié à compte d’auteur en 1949 et pratiquement jamais diffusé, réjouira tous ceux qui s’intéressent à ce personnage pittoresque, constamment tiraillé entre Lucifer et sainte Thérèse. Le titre de ses ouvrages témoigne amplement de sa propension à la démonologie et aux sciences non académiques: « Satan à Paris » (1927, préface d’André  Breton), « La Papesse du diable » (1949), « L’Expérience démoniaque » (1949), « Adieu à Satan » (1952)… Continuer la lecture

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