Beaux arts et gastronomie à Dijon

Le musée des beaux arts de Dijon a été un des premiers musée des beaux arts créé en France en 1799. Il est devenu le jour de sa réouverture le 17 mai dernier après 7 ans d’études et 10 ans de travaux, ce qu’on appelle un équipement culturel structurant, porteur pour la ville d’importants enjeux économiques et sociétaux. D’abord parce qu’il est un des rares musées (avec le Louvre) à être logé dans un ancien Palais, celui des Ducs et des États de Bourgogne en cœur de ville. Les murs des Palais d’époques différentes ont vu se succéder dans les lieux Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire et on peut avancer que les choix de la municipalité actuelle s’inscrivent parfaitement dans la lignée des ducs qui avaient fait de la Bourgogne un haut lieu de création et de rayonnement artistique y compris au plan de la gastronomie. Continuer la lecture

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Minuscule caroline

Peu avant de mourir énucléé par un cruel Sarrasin dans un passage pyrénéen, Roland a tenté de se débarrasser de son épée afin qu’elle ne tombât pas aux mains de l’ennemi. C’était une arme de marque Durandal. Comme elle refusait de se briser au point de créer une brèche dans la montagne, Roland a selon la légende, lancé l’épée à travers bois et la fameuse lame est allée se ficher dans un rocher de Rocamadour, à une grosse journée de cheval. « Ah! Durandal! si belle et saintissime! » proclamait-il au milieu de ses vains efforts. Pour un peu, on serait tenté de croire que le neveu de Charlemagne tentait ainsi une opération de promotion, slogan à l’appui. Ce qui n’aurait rien enlevé à sa mort héroïque tout en préfigurant le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
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À Odense, une vie de conte de fée

À Odense, sous les combles du First Hotel, un bâtiment du 19ème siècle de briques rouges et menuiseries extérieures blanches –la signature visuelle de la plupart des bâtiments de cette époque à Odense et dans une bonne partie du Danemark- on se prendrait bien pour «la princesse aux petits pois», celle qui a passé une nuit impossible perchée sur 20 épaisseurs de matelas à cause d’un petit pois malencontreusement coincé où il ne fallait pas, une réaction révélatrice de sa délicatesse et de sa sensibilité, des qualités jugées dignes d’une authentique princesse. A moins qu’on ne se reconnaisse plutôt  dans « le vilain petit canard » celui qui, rejeté de tous, finit par se transformer en un cygne majestueux. Une fable sur l’intolérance, l’exclusion et aussi le « bien grandir » et l’apprentissage de la confiance en soi. Continuer la lecture

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Bibliophilisez-vous!

Il y a dix ou quinze ans, les oiseaux de mauvais augure affirmaient dur comme fer que le livre était voué à une prochaine disparition. La tablette numérique, baptisée du néologisme “liseuse“, allait mettre au rebut tous les documents imprimés sur papier. Facilement transportable, ce support miraculeux devait nous permettre de disposer d’autant de volumes que la bibliothèque d’Alexandrie, ou presque.
Comme souvent, l’évolution d’une société n’a que peu à faire des projections d’un futurologue. Il suffit de se rendre dans les trains, les métros ou les bus pour s’apercevoir que le livre, le bon vieux livre de papier sorti d’une imprimerie traditionnelle, avec couverture soignée et textes joliment typographiés – le vieux bouquin en somme – a encore la faveur de la majorité de lecteurs. Continuer la lecture

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L’inspiration d’Almodovar coule toujours (de source)

Pour ce film blindé de références autobiographiques, alternant les phases de flash-back, on pouvait craindre une baisse d’inspiration, redouter paresse et complaisance, n’y retrouver qu’un reliquat de cette originalité brillante, cette liberté sans frein qui faisaient titre après titre, sa marque de fabrique. Avec « Douleur et gloire » Pedro Almodovar démontre qu’il n’a pas encore abdiqué. Sa dernière livraison dure près de deux heures et à quelques bavardages longuets près, on marche toujours. Une fois encore, comme dans « Tout sur ma mère », nous retrouvons de surcroît cette sensibilité, cet humanisme, qui innervent autant la société espagnole pauvre que celle privilégiée du cinéma, de son cinéma. Continuer la lecture

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Les œuvres de briques de Jean-Michel Othoniel

Si l’artiste plasticien Jean-Michel Othoniel est essentiellement connu pour ses installations et sculptures en perles de verre colorées, véritables hymnes intemporels à la beauté dont il a fait depuis sa signature, il semblerait, ces derniers temps, qu’il ait changé de module. Après la cire, le soufre et les perles, l’artiste s’intéresse désormais à la brique, de verre ou de métal, comme le montrent ses œuvres les plus récentes actuellement présentées à Paris, à la Galerie Perrotin, dans son exposition personnelle “Oracles”. Continuer la lecture

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Les silences de Vilhelm Hammershoi au musée Jacquemart-André

Pour accéder aux expositions temporaires de l’imposant hôtel particulier élevé boulevard Haussmann, en 1875, par Nélie Jacquemart et Edouard André afin d’exposer leurs collections, il faut parvenir tout en haut du bâtiment. Et donc en passer par les fastes des peintures italiennes et autres sculptures moyenâgeuses, et par les appartements et autres salon de musique, jardin d’hiver et escalier à double révolution monumental, jusqu’à la fresque de Tiepolo couvrant le mur entier, merveille entre les merveilles. Le couple a légué sa somptueuse demeure à l’Institut, à condition de ne pas démanteler leurs collections si variées.
L’amusant est que rien ne saurait nous préparer plus mal à l’exposition qui nous attend ces temps ci : l’univers du maître danois Vilhelm Hammershoi (1864-1916, né et mort à Copenhague) se présente comme la parfaite antithèse. « Redécouvert » il y a une vingtaine d’années, tout n’est chez lui que sobriété et dépouillement, à un point tel qu’il a toujours fait figure d’anomalie, ne se rattachant à aucun courant de son époque, poursuivant sa quête obstinée des mêmes lignes pures. Continuer la lecture

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Amours niçoises au da Bouttau

Cette petite effigie sculptée avait une signification. Elle était là pour signaler aux livreurs supposés illettrés que c’était l’endroit par lequel déposer les marchandises. Elle est toujours visible sur le côté d’un restaurant niçois qui s’appelait Da Bouttau. Cette cantine du vieux Nice existe toujours mais à l’enseigne du Romarin. Elle est située au 2 place Halles aux herbes, au pied de la cathédrale. Fondée en 1860, la maison Alexandre Bouttau était populaire et disposait d’un sous-sol (aujourd’hui scellé) qui faisait office de tripot où paraît-il, un certain Guillaume Apollinaire allait risquer l’argent qu’il n’avait pas. Continuer la lecture

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Increvables macchabées

Eh oui, c’est bien la petite Eva. Soit l’actrice Eszter Balint qui jouait une jeune immigrée hongroise dans « Stranger than paradise » en 1984. La voilà qui réapparaît dans le dernier opus de Jim Jarmusch, « The dead don’t die ». Ça fait du bien de retrouver la famille, de même qu’un Tom Waits presque méconnaissable en clochard des bois. En lice à Cannes, le film était déjà en salles mardi. Et à une séquence de soixante secondes près, c’est une réussite, mêlant le tragique au burlesque, l’humour et l’improbable. Une histoire de zombies, de morts-vivants, dont l’enterrement n’était finalement pas définitif. À 66 ans, l’homme aux cheveux blancs et lunettes noires, a osé écrire une histoire, une histoire folle, en toute liberté. L’affiche nous prévient que la dérision est au menu. C’était prévisible. Continuer la lecture

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Musique, Monsieur Devolder !

Avec Hervé Devolder, la musique fait plus qu’adoucir les mœurs, elle met littéralement le cœur en joie. Doublement à l’affiche ces temps-ci, le talentueux auteur-compositeur-comédien-chanteur-musicien-metteur en scène (“etc etc” serait-il plus prudent d’ajouter tant l’étendue de la palette de l’artiste est impressionnante) nous transporte dans des univers totalement différents, mais toujours avec pour dénominateur commun l’humour et la bonne humeur. Hervé Devolder semble avoir la gaîté chevillée au corps Sur la scène du Petit Montparnasse, aux côtés de la pétillante Marie-Charlotte Leclaire, il sort de l’oubli une icône de la chanson française : Mireille. Oui, Mireille, le Petit Conservatoire… et bien davantage encore, comme nous le rappelle ce merveilleux spectacle. Au Théâtre La Bruyère, il reprend sa comédie musicale “Chance !”, Molière 2019 du Spectacle Musical, devenue depuis sa création en 2001, un classique du genre. Elle compte à ce jour plus de mille représentations et ce n’est pas fini… Continuer la lecture

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