Heaven, I’m in Heaven

Dans le mélo de Lars Von Trier “Dancer in the Dark”, Palme d’or de l’année 2000, Björk interprétait une jeune ouvrière tchèque au destin tragique qui ne trouvait d’échappatoire à son triste sort qu’en s’évadant par la musique, à travers les chansons et les danses des grandes comédies musicales hollywoodiennes. Le musical, un remède à bien des maux ? En tout cas, un distillateur de bonne humeur, un moment de ravissement garanti. Ce genre cinématographique est actuellement célébré à la Philharmonie de Paris dans l’exposition “Comédies musicales, la joie de vivre du cinéma”. Une bien belle façon de prolonger les fêtes jusqu’au 27 janvier, dans une euphorie bienvenue. Continuer la lecture

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Mille titres divers

Il disait « Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut » et que pour « la prose il y a les journaux ». Ainsi écrivait Guillaume Apollinaire  dans « Zone » qui évoquait aussi « des portraits de grands hommes et mille titres divers ». On se souviendra de 2018 comme l’année du centenaire d’un grand poète. Un homme toujours aux affaires si l’on fait le décompte de tout ce qui a été produit afin de célébrer l’événement. Et son sillage ainsi continue de nous faire signe, éparpillant mousse et étoiles mêlées. Sur Les Soirées de Paris, la frontière des deux mille articles publiés a été franchie à l’automne et voilà maintenant plus de huit ans qu’en une tangible association, lecteurs, commentateurs et contributeurs ont redonné vie à ce titre fondé en 1912. Continuer la lecture

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La virginité so british de Virginia Fly

Évidemment, elle ne pouvait s’appeler que Virginia, cette héroïne toujours vierge à 31 ans passés. Mais c’est de façon beaucoup moins évidente que Angela Huth en dresse le portrait dans ce roman datant de 1972, discrètement et tardivement publié par Quai Voltaire il y a deux ans et qui est en train de reprendre vie grâce à une parution cet été en Folio. Une première clarification s’impose d’emblée : beaucoup plus de 40 ans après sa première parution en Grande-Bretagne, « La vie rêvée de Virginia Fly » reste d’une étonnante modernité dans le ton et sur le fond. À ceci près que, écrit aujourd’hui, les protagonistes y communiqueraient à grand renfort de textos, d’échanges sur les réseaux sociaux en lieu et place des longues correspondances des années 70, tout juste entrecoupées de conversations téléphoniques brèves et destinées à convenir de lieux et d’heures de rendez-vous. Continuer la lecture

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Les si belles voix de la relève

La fin de la saison lyrique parisienne nous a apporté la confirmation que les belles voix assurent la relève, et sur plusieurs générations. Notre baryton héroïque Ludovic Tézier, né à Marseille, vient enfin, à cinquante ans, de fouler la scène de l’opéra Bastille dans un rôle titre verdien, celui de « Simon Boccanegra », le corsaire génois devenu doge malgré lui par la volonté des plébéiens, c’est-à-dire du peuple.
Bien entendu notre plus grand baryton verdien (ci-contre) est un familier de Bastille, et les fans se souviennent de lui aussi bien dans le rôle du père Giorgio Germont dans « La Traviata » de Verdi (où il lui est arrivé d’être ovationné) que dans celui d’Albert dans « Werther » de Massenet dans la production de 2010 qui révéla Jonas Kaufmann au public français. Et dans le « Don Carlos » de Verdi en 2017, où il se retrouvait face à un Jonas superstar, je l’ai vu acclamé par le public lors de sa mort, je veux dire celle de Rodrigo, marquis de Posa, qu’il interprétait en se traînant à terre. Il est vrai que le public parisien, quand il veut, s’y connaît en belles voix… Continuer la lecture

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The Soviet Underground

Saint-Pétersbourg s’appelait alors Leningrad et la Russie, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Brejnev était aux commandes. C’était le tout début des années 80, avant l’arrivée de Gorbatchev, de la perestroïka et de la glasnost. La guerre froide battait son plein et le grand ennemi avait pour nom les États-Unis. Sous le manteau circulaient des disques interdits venus d’Occident dont s’inspiraient de jeunes musiciens talentueux pour créer leur propre culture rock underground. Le cinéaste russe Kirill Serebrennikov leur rend hommage, à travers deux icônes du rock’n roll, dans un film à la beauté tout à la fois onirique et crépusculaire : “Leto”. Continuer la lecture

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L’irrésistible Paris de Max Aghion

Quand Alexandre Dumas fils se restaurait dans les cabinets particuliers du Café Anglais il trouvait le plafond si bas que le mieux selon lui était d’y manger des soles. Apocryphe ou non, l’anecdote réjouit instantanément. Elle figure dans un livre facile à trouver sur Internet, « Hier à Paris », édité en 1947. L’auteur, Max Aghion, y raconte les plaisirs de la capitale qu’il a pu partager ou non sur une période s’étageant pour l’essentiel du début de la première guerre à l’orée de la seconde. Nulle notice ne figure sur cet homme lorsque l’on sollicite Google, à part les quelques livres qu’il a commis dont celui-là, hautement distrayant et préfacé par Francis Carco. Continuer la lecture

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Schiele versus Basquiat

Il paraît que l’exposition Egon Schiele-Jean-Michel Basquiat qui se tient actuellement à la fondation Vuitton (1) veut mettre en regard deux artistes, et explorer les correspondances entre leur personnalité et leur œuvre.
Ce serait précisément leur courte trajectoire qui les rapprocherait, puisqu’ils sont morts tous les deux à 28 ans : Jean Michel Basquiat, d’origine haïtienne, né à New York en 1960, est mort d’overdose en 1988, et l’autrichien Egon Schiele, né en 1890 dans une Autriche en proie aux bouleversements fin de siècle, est mort de la grippe espagnole en 1918.
Comme on peut le constater, ils étaient très beaux tous les deux et sont morts trop jeunes, alors les voilà réunis sous prétexte que l’un a marqué le début du siècle et l’autre la fin. Mais enfin les courtes trajectoires sont souvent le lot des artistes, et ces arguments me semblent un peu minces pour les réunir. Continuer la lecture

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« Sœurs » de Pascal Rambert nous explose au visage

S’il existe une langue maternelle, pourquoi n’existerait-il pas une langue sororale ? Cette question lumineuse est au cœur du dernier spectacle créé par Pascale Rambert : « Sœurs » (Marina et Audrey). On l’entend pendant tout le spectacle cette langue faite de violence et de blessure d’amour. Les sœurs se parlent fort et dur pour évoquer les manques jaloux de l’enfance, les disputes, l’amoureux idiot comme une bûche. Et petit à petit, c’est le secret enfoui, le cadavre dans la valise, posée sur le plateau depuis le début, le nœud de souffrance qui va finir par se dire. La pièce se jouait jusqu’au 9 décembre mais une tournée est programmée. Continuer la lecture

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Khnopff l’irréaliste

Cette toute petite œuvre réalisée aux crayons de couleur sur papier n’est pas la pièce maîtresse de l’exposition qui vient de s’ouvrir au Petit Palais autour du peintre belge Fernand Khnopff. Mais elle est très attachante, symbolisant à maints égards l’univers onirique, la sensibilité intérieure de cet artiste hors normes. Titrée « Près de la mer » et réalisée en 1890, elle contient d’une part et comme tirée d’un songe, un visage de femme dont le regard fixe est une invitation au basculement vers l’irréel. Sur sa droite figure d’autre part une bulle diaphane que la lumière si particulière de l’ensemble irise et trouble. Cela faisait bien longtemps (40 ans) que ce natif de Bruges (1858-1921) n’avait pas fait l’objet d’une réunion de ses œuvres au pays de Voltaire. Et comme il n’y en aura pas d’autres avant longtemps, un détour s’impose. Continuer la lecture

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Art du bambou au Japon

Si le bambou n’évoque rien de particulier en France, à part le fait d’être la plante adéquate pour dresser en un temps record une haie persistante d’une belle hauteur qui nous séparera efficacement de nos voisins, il n’en est pas de même au Japon où le bambou pousse partout. Plus de la moitié des innombrables espèces de cette herbe s’y trouvent et près de six cents y sont endémiques. Le bambou joue par conséquent un rôle primordial dans les cultures japonaises, se prêtant facilement, depuis des temps ancestraux, à de nombreux usages essentiels pour l’homme (nourriture, fabrication d’abris, d’instruments, d’armes…) et il est donc tout naturel de le trouver également dans l’art de la vannerie. Cet art méconnu en Occident, et même assez confidentiel au Japon, s’expose pour la première fois en France, au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à travers des pièces d’une exceptionnelle beauté. “Fendre l’air. Art du bambou au Japon” ou lorsque l’artisanat se fait art et le panier, sculpture… Continuer la lecture

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