L’imposant courrier reçu par le « gros paresseux » Apollinaire

« Oui ou non, veux-tu bien te décider, gros paresseux ? Voici quinze jours que je t’ai réclamé le “ beau poème“  annoncé par toi » . Celui qui, le 6 novembre 1912, tance ainsi Guillaume Apollinaire (lui présentant malgré tout ses « deux mains fraternelles »), est Henri-Martin Barzun, initiateur du “dramatisme“, rapidement devenu “simultanéisme“. Barzun était le rédacteur en chef de la revue “Poème & Drame“ et Apollinaire finira par répondre aux injonctions de son correspondant puisqu’il publiera dans cette revue le poème “Cortège“, repris ensuite dans “Alcools“. H.- M. Barzun fait partie de l’immense cohorte des écrivains, intellectuels, artistes, conférenciers, journalistes, hommes de lettres, personnalités connues ou inconnues avec lesquels Apollinaire a échangé un ou plusieurs courriers et qui se trouvent aujourd’hui réunis dans cinq volumineux ouvrages publiés chez Honoré-Champion.  Continuer la lecture

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Poésie dadaïste

Comme presque chaque automne depuis plus de quinze ans maintenant, les voici de retour, nos amis flamands et néerlandais, les tgSTAN et leurs complices. Grands habitués du Festival d’Automne et du Théâtre de la Bastille, et depuis trois saisons également de la Scène Watteau de Nogent-sur-Marne, ils ne cessent de nous étonner en nous offrant des spectacles hors normes, sur le ton décalé qui leur est propre. Cette année, ils reviennent en force pouvons-nous dire avec trois spectacles : “Infidèles” et “Après la répétition”, deux réalisations en hommage à Ingmar Bergman, et “Atelier”, une réflexion des plus débridées sur la création. Continuer la lecture

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Une ligne de néon rouge

«Sous le pont Mirabeau coule la Seine, et nos amours…». Les ponts sont décidément des constructions bien romantiques. La Seine coule aussi sous le pont d’Issy ou plutôt «dessous» le pont qui relie les rives droite et gauche de la Seine, et Issy les Moulineaux à Boulogne. Pour les ingénieurs, les ponts ont un «tablier», une «jupe» et des «piles». Le pont d’Issy lui, a ses «dessous chics». C’est le nom incongru au premier abord que Claude Lévêque a choisi de donner à sa réalisation «in situ», en référence à la sublimissime chanson de Serge Gainsbourg au titre éponyme. Un titre qui évoque «… la pudeur des sentiments/Maquillés outrageusement/Rouge sang …». Un éclair de néon rouge sang donc fixé immédiatement sous le tablier du pont qui enjambe le fleuve et le fait rougeoyer, comme un signal, comme un flambeau d’un genre nouveau, comme un soleil couchant. Continuer la lecture

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De Juvisy à Vladivostok, avec correspondance

Tandis que les wagons roulent, les horloges s’affolent. Le panneau indique qu’il est 13h25 à Moscou, 11h25 à Paris et 15h25 pour l’heure locale. Clara dort jusqu’à 15 heures par jour. Chaque jour ne fait que 23h puisqu’à chaque franchissement de fuseau, le train perd une heure. Clara note au milieu du voyage: « je ne sais pas où et quand je suis », observant que dans le Transsibérien, c’est toujours l’heure de la sieste pour quelqu’un. Comme c’est une spécialiste du son par dessus son métier de journaliste, les concerts de ronflement lui permettent d’effectuer des enregistrements insolites.

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Le kilogramme glisse vers l’abstraction

Ce n’est pas sa destination initiale mais cette balance de cuisine indique que cette balle de golf pèse près de cinquante grammes. Selon la norme en vigueur, ladite balle devrait peser 45,93 grammes. La balance ci-contre n’a jamais été réglée mais elle semble assez précise. Quant à la balle, son poids est censé varier légèrement au fil des années car la matière qui la compose n’est pas inerte. La métrologie est un sujet tellement sérieux qu’il fait l’objet d’une conférence périodique de redéfinition des normes. Ce qui devrait être le cas à la mi-novembre à Versailles. Il y sera reconsidéré quatre unités de mesures: (le kilogramme, l’ampère, le kelvin et la mole). Continuer la lecture

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L’improbable musée

Rue des Archives, dans un élégant et spacieux hôtel particulier du Marais, résultant de la réunion de l’hôtel de Guénégaud (XVIIème siècle) et de l’hôtel de Mongelas (XVIIIème siècle), se trouve un musée des plus atypiques : le musée de la Chasse et de la Nature. Si l’appellation a de quoi rendre dubitatifs les non chasseurs – les deux termes pouvant sembler, au premier abord, pour le moins antinomiques -, ce lieu est, en réalité, tout autre chose que ce que à quoi on pourrait s’attendre : une “maison d’amateur d’art d’un genre particulier”, dirons-nous, telle que l’ont souhaitée ses créateurs François et Jacqueline Sommer, à travers leur fondation, lors de sa création à la fin des années soixante. Si l’endroit semble peu à peu trouver sa place dans le paysage culturel parisien, en attirant notamment les férus d’art contemporain, il reste encore injustement trop méconnu du grand public.

Photo ci-dessus: « PixCell-Deer » de Kohei Nawa »

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Charleville au croisement des poètes

Vraisemblablement, le nombre de personnes se rendant à Charleville Mézières sous prétexte que Guillaume Apollinaire a transité par cette ancienne cité à l’été 1905 ne doit pas être important. Le personnage qui compte là-bas c’est bien évidemment Arthur Rimbaud. À tel point que le personnage est absolument partout: dans les chambres d’hôtel, depuis la cour d’un hôtel (ci-contre), à l’enseigne d’un caviste, sur les plaques signalant ici ou là sa naissance ou son séjour, sans compter les multiples souvenirs à son effigie et jusqu’à l’ancien moulin surplombant la Meuse et dont la ville a fait un musée. Continuer la lecture

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Quarante ans ou le bel âge de l’OCP

Ce fut l’un des événements de la rentrée musicale parisienne : le 19 septembre, on a fêté très joyeusement les quarante ans de l’Orchestre de chambre de Paris (OCP) au Théâtre des Champs-Élysées plein à ras bord, jusque dans les plus hauts cintres.
D’ailleurs on nous a annoncé, en préambule, la double et auguste présence de la ministre de la Culture et de la maire de Paris. Annonce faite par Brigitte Lefèvre, présidente de l’orchestre et longtemps directrice de la danse à l’Opéra de Paris. Continuer la lecture

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Coïncidences éparses

Ce carton de la taille d’une carte de visite est une rareté. Il vante les services de l’Austin’s Railway restaurant et hôtel au 26 rue d’Amsterdam sis à côté de la gare Saint-Lazare. C’est ici qu’un jour de février 1905, Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso se sont rencontrés avant de former une amitié durable sur fond d’échanges artistiques intenses. La même image figure dans l’album de la Pléiade consacré à Apollinaire mais elle y ressemble davantage à une feuille à en-tête. Les mentions indiquent que l’on y parlait anglais, allemand et que l’on y servait des english breakfast. Il y avait l’électricité et des salles de bain.  Au dos figurait un plan du quartier. Continuer la lecture

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Celle qui chantait la java bleue

Lorsqu’elle apparaît dans « Pépé le moko » en 1937 aux côtés de Jean Gabin, Fréhel joue le rôle d’une chanteuse au succès oublié. Comme sa vie à ce moment-là. Elle a pris trop de poids, son corps s’est abîmé. Trop de fêtes, trop d’alcool, trop de « coco » enfin ont laissé loin derrière elle le moineau de Paris qu’elle était. Dès qu’elle apparaît à Paris en 1891, ses parents l’abandonne à sa grand-mère bretonne. Ce sont les vaches qui compteront parmi ses premiers auditeurs. Avant, bien des années plus tard, de faire le show devant des vaches roumaines. L’histoire de cette femme notamment connue pour avoir chanté « La java bleue » nous est racontée en BD par Johan G.Louis avec beaucoup de délicatesse. Continuer la lecture

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