Au Bois des Buttes, Yves Gibeau offre une stèle à Apollinaire

Ironie de l’histoire : un siècle après la plus grande tuerie du XXe siècle, alors que Français et Allemands sont aujourd’hui les meilleurs amis du monde, des drapeaux français flottent aux façades des maisons des villes martyres de la Grande Guerre. Ces bannières tricolores ne prétendent pas revendiquer la victoire contre l’ennemi. Si elles témoignent d’un certain patriotisme, ce n’est que celui de la guerre en crampons, le football. Les supporters de l’Aisne ou de la Marne ne sont pas autrement que les autres. Ce clin d’œil aurait sans doute plu à Guillaume Apollinaire et lui aurait peut-être rappelé le poème qu’il écrivit pour le mariage de son ami André Salmon en 1909, la veille du 14 juillet : «On a pavoisé Paris parce que mon ami André Salmon se marie». Continuer la lecture

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Pour un petit chromosome en plus

Avoir un enfant atteint d’une malformation, d’un handicap ou d’une trisomie 21, est, avouons-le, l’angoisse de tout futur parent. Vincent Toulmé, dans “Ce n’est pas toi que j’attendais”, nous raconte avec une sincérité confondante l’arrivée de sa deuxième fille, Julia, atteinte du syndrome de Down. Une bande dessinée salutaire dont la lecture ne peut que nous aider à mieux comprendre la différence. Continuer la lecture

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«Jericó, le vol infini des jours», un documentaire colombien lumineux

Envie d’un grand voyage empreint de beauté et de sagesse qui vous emmène loin ? Avant qu’il ne soit trop tard précipitez-vous dans l’une des rares salles de cinéma à projeter «Jericó, le vol infini des jours», un documentaire lumineux. Ce petit bijou latino, à l’atmosphère joyeuse ponctuée de vieilles chansons populaires colombiennes, ne restera sans doute pas longtemps à l’affiche. Continuer la lecture

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Simone Veil accablée d’honneurs

La liberté bien simple de reposer dans le lieu qu’elle avait choisi lui a été retirée. Dimanche, Simone Veil entrera au Panthéon avec son mari, exhumé pour l’occasion. La rue Soufflot sera tapissée de bleu en accord avec la couleur de ses célèbres yeux et ton sur ton avec le drapeau européen. Les cercueils des deux époux auront été au préalable exposés au mémorial de la Shoah et seront conduits sous escorte motorisée jusqu’au Panthéon pour y être recouverts du drapeau tricolore. À 11h30, le président Macron donnera cours à son lyrisme habituel en prononçant un discours sur l’Europe. Afin d’achever les participants, le speech sera suivi de la Marseillaise chantée tout à la fois par la cantatrice Barbara Hendricks et le chœur de l’armée française sous une température prévue au-delà des trente degrés. Continuer la lecture

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« Couples modernes », l’art en duos à Pompidou Metz

«Nous nous sommes aimés dans l’art comme d’autres couples se sont unis dans la foi, dans le crime, dans l’alcool, dans l’ambition politique. La passion de peindre a été notre lien principal. Cela se confondait avec l’amour de la vie .»
C’est Sonia Delaunay qui, dans ses Mémoires, a sans doute le mieux décrit les affinités qui unissent deux artistes partageant la même passion. Entre 1907 et 1941, Sonia et Robert Delaunay formèrent un couple fusionnel, autant sur le plan humain que sur le plan artistique, au point qu’un œil non exercé peut confondre l’auteur de telle ou telle de leurs œuvres. Continuer la lecture

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Macbeth pour tout l’été

Pour fêter le premier jour de l’été, Arte nous a offert jeudi 21 juin un «Macbeth» de Verdi en léger différé de la Staatsoper de Berlin, dont maestro Barenboïm est directeur musical. Cet événement sera visible en replay sur Arte concert pendant trois mois, une chance formidable de voir et revoir à l’infini un chef d’œuvre de l’opéra.
À l’affiche, deux monstres des scènes lyriques, la grandissime Anna Netrebko dans le rôle de la terrible Lady Macbeth assoiffée de sang et de pouvoir, et Placido Domingo dans celui du mari manipulé comme une marionnette. Autrement dit l’un des plus grands ténors du XXème siècle poursuivant, à soixante-dix-sept ans, une nouvelle carrière de baryton. Un exploit unique dans l’histoire de l’opéra, ce qu’on appelle une légende vivante, et quand on lui demande pourquoi il continue, il répond tout simplement «d’abord parce que c’est ma vie, ensuite parce que je peux encore le faire ! Je m’arrêterai le jour où je ne pourrai plus.» Continuer la lecture

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Dans les abysses avec Florence Joly

Derrière l’entrelacs de couleurs il y a un crâne dont l’orbite est occupée par un petit fantôme. Il y a aussi un jeune voyageur spatial dont la tenue ressemble à une barboteuse. Une jeune femme nue est assise de dos sur une natte en forme de chat et l’animal n’a pas un œil mais un hublot à travers lequel un autre fantôme nous fait signe. Une partie de l’espace semble avoir été ouvert par une fermeture éclair dont la forme écartée est en soi un visage. Voilà que le doux venin de Florence Joly fait son effet. La plupart de ses œuvres mouvantes comme des sables (dont on voit ci-dessus un détail) sont actuellement exposées à la galerie « D’un livre l’autre » dans le troisième arrondissement. Continuer la lecture

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Et Zweig se confronta à la légende…

Alors que la majorité des théâtres parisiens, pour ne pas dire la totalité, s’apprête, après avoir chacun présenté sa saison 2018-2019, à fermer pour l’été, le Théâtre du Lucernaire, quant à lui, et comme à l’accoutumée, reste vaillamment ouvert avec une programmation estivale, là encore, pleine de promesses. Ainsi la pièce de Stefan Zweig “Légende d’une vie” se jouera-t-elle jusqu’au 26 août. Aucune excuse, par conséquent, pour ne pas découvrir ce spectacle de qualité. Continuer la lecture

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Bécassine c’est ma cousine

C’est un bien joli conte descendu dans nos salles comme un ballon dans un jardin. Avec Bécassine à bord. Il paraît que certains Bretons se sont récriés. Ils n’avaient probablement pas encore vu le film. Parce que l’héroïne dépeinte par Bruno Podalydès est bien plus maligne que la plupart des personnages d’une histoire qui enchantera les écrans de nos vacances.
En plus d’être futée, Bécassine est aussi très humaine et même empathique, comme on dit de nos jours. Elle est apparue pour la première fois dans l’hebdomadaire « La semaine de Suzette » en 1905. Et réapparue en 2018 sous les traits de Emeline Bayart. Continuer la lecture

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Le rendez-vous du fantôme de Rambouillet au solstice d’été

Au loin l’océan urbain du Caire dont les vagues grises se brisent sur le front du désert et là-bas, les pyramides de Gizeh que je n’ai pas quitté des yeux depuis notre hôtel. Au pied de la plus grande d’entre elles, une blessure de béton protège, intacte, la barque solaire, un gigantesque puzzle de 1224 pièces, grâce auquel le Dieu Râ a conduit le pharaon Khéops de l’aube au crépuscule vers son dernier empire.  Quarante-cinq siècles déjà. Continuer la lecture

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