Benvenido, señor Mengele

Mengele. Josef Mengele. Criminel de guerre nazi, antisémite convaincu qui poursuivit et expérimenta ses recherches médicales en génétique pendant la Seconde Guerre mondiale sur des déportés dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Surnommé “L’ange de la mort”, le médecin SS était affecté à la sélection des prisonniers. Il avait ainsi le pouvoir de déterminer parmi les détenus ceux qui, dès leur arrivée, étaient aptes à travailler et ceux qui ne l’étant pas étaient envoyés directement dans les chambres à gaz. Le sinistre médecin réputé pour son sadisme mettait cette mission à profit pour choisir parmi les déportés les sujets de ses expérimentations cruelles et meurtrières. Contrairement à d’autres criminels de guerre nazis tels Adolf Eichmann ou Klaus Barbie, le docteur Mengele échappa sa vie durant aux filets de la justice et ne fut jamais arrêté. Olivier Guez, dans un roman en tout point passionnant, “La Disparition de Josef Mengele”, nous raconte l’histoire de cette volatilisation. Continuer la lecture

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Un bain de couleurs avec Olivier Debré à Tours

Dans la famille Debré, je choisis le peintre. Olivier Debré, un original dans cette famille de médecins et d’hommes politiques, est sans aucun doute le seul qui passera à la postérité. Ce n’est pas moi qui le dit mais son illustre père Robert, médecin, lui même un des fondateurs de la pédiatrie moderne également à l’origine de la création des Centre hospitaliers universitaires (CHU). Avec l’installation de ses cinq peintures monumentales, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours invite le visiteur à vivre une expérience unique d’immersion dans la peinture : le visiteur habite la peinture, respire la peinture, est au cœur de la peinture. C’est du grand art, du grand spectacle. Continuer la lecture

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Pélléas et Mélisande post Black Blocs

Quelle merveilleuse ville que Paris où l’on programme pour un soir, juste un soir, le seul opéra de Debussy, ovni resté sans descendance, un «Pelléas et Mélisande » de grand luxe. Que la série «Les Grandes voix» en soit remerciée.
Nous étions le 2 mai, au lendemain des défilés du 1er mai perturbés par les violences de ces hommes en noir cagoulés surgis pont d’Austerlitz, auto baptisés «Black Blocs». Bien organisés, unis par les réseaux sociaux, alors que la préfecture de police en attendait quelques centaines, ils se sont révélés plus de mille, et ont attaqué à coup de barres de fer un MacDo, un concessionnaire Renault, ont brûlé des voitures. Les images ont tourné en boucle sur le petit écran. Le lendemain matin, le journaliste Daniel Schneidermann, sur son blog Le Matinaute, s’est donné la peine d’analyser les tracts placardés, proclamant le dégoût de la malbouffe et du capitalisme. Continuer la lecture

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Les années gitanes des Lefranc

Tout commence en 1957 au cœur du vieux Paris, à deux pas de la place Saint-Michel. Au numéro 16 de la rue des Grands Augustins, une porte étroite s’ouvre sur le cabaret espagnol Le Catalan. C’est à l’époque l’un des très rares endroits de la capitale où l’on peut entendre du flamenco. Avant de devenir ce lieu dont se souviennent encore les vieux aficionados, l’endroit avait été fréquenté par les artistes. Picasso, qui habitait en face (c’est au numéro 7 de la rue qu’il peignit son chef-d’œuvre Guernica) en avait pratiquement fait sa cantine. Continuer la lecture

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Un bon restaurant pas cher à la saveur portugaise : Churrasco Galo (Paris 9e)

Laissant Pigalle et l’avenue Trudaine dans son dos, la rue de Dunkerque s’écoule en pente douce vers la gare du Nord. Au coin de l’avenue, l’ancien bistrot pur jus a été victime de la gentrification locale comme le montre la foule tendance et jeune qui, le soir, déborde sur ses trottoirs. En avançant vers la gare du Nord, quelques commerces traditionnels ont su résister à la « boboïsation » du quartier. Pour combien de temps encore ?
Au numéro 69, Churrasco Galo est de ceux-là. Continuer la lecture

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Le stupéfiant héritage des espions

Le cas doit être à peu près unique dans l’histoire de la littérature. Imaginez un auteur ayant publié en 1961 un roman devenu un succès mondial décidant, cinquante quatre ans plus tard, à l’âge de quatre-vingt-six ans, de ressusciter ses personnages et de nous proposer une nouvelle version de leurs aventures! Ainsi John le Carré vient-il de publier un nouveau chef d’œuvre de subtilité et d’ambigüité intitulé «L’héritage des espions» (A Legacy of Spies), reprenant l’intrigue de «L’espion qui venait du froid» (The spy who came in from cold). Continuer la lecture

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Apocalypse et adultère

Il s’est avéré, d’après des rapports initialement tenus secrets, que, dans les jours qui suivirent les attentats du 11 septembre, plusieurs personnes – essentiellement des hommes – auraient disparu sans laisser de trace, profitant de l’incommensurable chaos pour se volatiliser et changer de vie. Le dramaturge américain Neil LaBute s’est inspiré de cet ahurissant scénario pour imaginer sa pièce “The Mercy Seat”. Celle-ci fut créée à New York en décembre 2002, un an seulement après la tragédie, dans une mise en scène de l’auteur, avec pour interprètes Sigourney Weaver et Liev Schreiber. Continuer la lecture

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Ceija Stojka : peindre l’inconcevable

Comment raconter l’indicible, comment représenter l’horreur dans ses formes les plus inhumaines ? Ces questions, Ceija Stojka (1933-2013) y a répondu sur le tard, quarante ans après avoir survécu à trois camps de concentration nazis où elle a été successivement déportée entre 10 et 12 ans, pour le seul crime d’être Rom. Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück, Bergen-Belsen, drôles d’endroits pour grandir, acquérir des valeurs d’humanité et se forger une image du monde. La petite Ceija, en est sortie vivante avec sa mère, a retrouvé une partie de sa famille (90% des Roms et Sintis autrichiens ont été exterminés), et a repris une vie « normale ». Continuer la lecture

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Il y a mon cœur qui bat pour toi…

Marie Dubois, Annie Playden, Marie Laurencin, Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou, Madeleine Pagès, Jacqueline Kolb… Guillaume Apollinaire (1880-1918), le poète à la vie si tragiquement courte fut un grand amoureux romantique, fougueux et passionné. Les nombreux poèmes et lettres que lui inspirèrent ses amours font indéniablement partie aujourd’hui encore des plus belles pages de la littérature française. Marie bien évidemment, immortalisée dans “Alcools” : “Vous y dansiez petite fille / Y danserez-vous mère-grand /C’est la maclotte qui sautille / Toutes les cloches sonneront / Quand donc reviendrez-vous Marie…” ou encore “Sous le pont Mirabeau coule la Seine / Et nos amours / Faut-il qu’il m’en souvienne / La joie venait toujours après la peine…”. Mais aussi Lou, celle des “Poèmes à Lou” : “Mon Lou je veux te reparler maintenant de l’Amour / Il monte dans mon cœur comme le soleil sur le jour…”. Ce sont les missives adressées à cette dernière, en prose comme en vers, qu’il nous est actuellement donné d’entendre au Lucernaire, portées par la lumineuse et incandescente Moana Ferré. Continuer la lecture

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Les jeux de guerre du 1er mai 1978

C’était en juillet 1978 à Avignon. J’avais envie de changer d’air après six mois d’armée somme toute éprouvants. Nous avions trouvé des places dans la cour du Palais des Papes pour la pièce «En attendant Godot» de Samuel Beckett. Michel Bouquet, Rufus et Georges Wilson habitaient cette scène pourtant immense. A ma manière, j’attendais aussi Godot et avec lui que vienne un monde. Quel monde ? Je ne sais pas. Que l’on vienne me chercher… Ce fut le cas, je me suis retrouvé en Allemagne. Continuer la lecture

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