Plutôt mort que clivant

Jamais autant de monde n’a fendu autant de minéraux dans le sens naturel de leurs couches. Voilà une phrase dont on peut être sûr qu’elle n’a pas été prélevée en douce dans une liste de citations qui font mouche. Car elle correspond en effet à l’action bien rare de « cliver », du moins dans sa définition première. Et pourtant on voit le mot partout. Récemment dans l’actualité on pouvait lire un point de vue dans les colonnes de Paris Turf stipulant que le nouvel hippodrome de Longchamp était « clivant ». C’est ce que les orthophonistes appellent un mot-valise soit un vocable à tout faire pour les personnes ayant des difficultés d’élocution. Continuer la lecture

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Prochain rendez-vous le 30 avril

Le temps des vacances de Pâques, Les Soirées de Paris vont marquer une pause ainsi que l’image ci-contre l’illustre des plus finement. À chacune de ces occasions de reprendre un peu notre souffle, j’en profite pour remercier non seulement ceux qui contribuent ou ont contribué à la perpétuation de ce lointain titre de presse mais aussi les lecteurs (dont nous aimons les réactions, voire les corrections) de plus en plus nombreux. Continuer la lecture

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Le poète qui remuait ses globes sous un crâne de homard a trouvé son biographe

Il est bien loin le temps où Apollinaire envoyait ses témoins à Arthur Cravan pour l’avertir d’un duel s’il ne prononçait pas des excuses après avoir insulté l’artiste Marie Laurencin. Apollinaire comme Cravan étaient poètes et éditeurs de revues. Mais le deuxième était plus jeune et de surcroît boxeur. Ils sont tous les deux morts à l’automne 1918. Le premier a été fauché par la grippe espagnole. Le second est probablement mort noyé au large du Mexique. Si Apollinaire a été l’objet de maints ouvrages biographiques, ce n’est pas le cas du second. Le mal vient d’être réparé via une volumineuse bande dessinée. Continuer la lecture

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Restaurant bon et pas cher au goût d’ailleurs : Le Cambodge Montmartre (Paris)

Depuis la gentrification effrénée du quartier de Pigalle – Abbesses il est de plus en plus difficile d’y manger convenablement à un prix abordable. Les petits bistrots populaires font profil bas ou se transforment en gargote à touristes et usine à bobos. Si vous aimez les saveurs venues d’autres endroits du monde, les produits frais et si vous avez un appétit dévorant mais une bourse plate, voici l’une des bonnes adresses ayant pignon sur rue: le Cambodge Montmartre : des saveurs asiatiques, des portions généreuses, des produits frais et des prix légers. Continuer la lecture

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De Paul Celan à Nicolas Bouchaud, la poésie comme un méridien

«Le Méridien», dernier spectacle de Nicolas Bouchaud au théâtre du Rond Point, trace une ligne entre nos pôles et ceux d’un écrivain d’origine juive Paul Celan. Né en Roumanie, Paul Celan connaît la déportation et perd ses parents dans les camps. Traducteur et poète inlassable, il reçoit le prix Büchner et prononce à cette occasion un improbable discours de remerciement détourant tous les codes du genre pour se transformer en rêverie grave sur la poésie. Il y rend hommage à l’œuvre de celui qui donna son nom à l’illustre prix. Nicolas Bouchaud reprend ce texte, en 2018, pour en révéler la formidable puissance d’adresse et la force de jeu. Continuer la lecture

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La bataille d’Alger numérisée

Chaque semaine depuis le mois de décembre sort un produit journalistique original qui fait machine arrière toute sur la guerre d’Algérie. La focale choisie est intéressante puisque les événements sont relatés et commentés à travers les journaux de l’époque, en collaboration avec la BnF. Sous cellophane, accompagné d’un exemplaire du Figaro et de Alger Républicain, le premier numéro (« Le début de la guerre d’Algérie ») comportait également un film de Gillo Pontecorvo intitulé « La bataille d’Alger ». Ce long métrage sorti en 1966 n’a été autorisé qu’en 1971. Puis il connut des éclipses jusqu’en 2004 alors qu’il avait été couronné dès sa sortie au festival de Venise. Continuer la lecture

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Tous les Pessoas s’exposent à Madrid

En portugais, Pessoa signifie personne, dans le sens positif du substantif français : une personne, un être qui est là, tangible et vivant ; si loin, ce sens français, de son étymologie latine, per-sona, à savoir «masque d’un acteur», porte-voix, écran. Pessoa, c’est donc à la fois l’individu réel et son masque fictif. Et Fernando Nogueira Pessoa, né à Lisbonne en 1888, mort dans la même ville en 1935 d’une cirrhose du foie, fut à la fois un employé discret, un journaliste vibrionnant, un créateur inlassable et un poète multiple. Continuer la lecture

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Bonne nuit Jacques Higelin

Compagnon de la lune rousse,  je lui souhaite bonne nuit, une nuit longue et belle comme il  savait le faire quand il avait la  «niaque ». Higelin c’était le doute,  une carrière faite de creux et de  bosses. On croit entendre le musicien et on découvre le poète. «Pars, surtout ne te retourne pas, /Pars, fait ce que tu dois faire sans moi / Quoiqu’il arrive je serais toujours avec toi, / Alors pars et surtout ne te retourne pas». Jacques Higelin l’inclassable, marquait  son époque d’une tache de notes  et de mots qui nous renvoient à nos propres souvenirs.   Continuer la lecture

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« L’ouvrier et la Kolkhozienne »

Encore une curiosité à fleur de poubelle. Cette fois il s’agit d’un petit guide « vert » de l’U.R.S.S, édité en Russie vers la fin des années cinquante. Ce vade-mecum pour les touristes francophones est en soi un grand voyage. Chaque page s’applique à présenter un monde idéal, fait de 100 peuples, 220 millions d’habitants dont 114 millions de Russes. Une carte intérieure nous permet de mesurer en une large tache rouge toute l’étendue géographique de cet empire. Il faut parcourir ce livre en se transposant dans les années d’après-guerre et s’imaginer en Français moyen lassé des vacances à Arcachon, rêvant de mélanger sa Renault au flux des Volga et autres Vaz. Continuer la lecture

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Kupka dans tous ses états

L’exposition du Grand Palais est intitulée «Kupka», tout simplement, un nom qui claque comme l’œuvre de ce grand coloriste. Si on connaît bien certaines de ses grandes toiles de pure couleur inscrites dans l’histoire de l’art des années 1910 et 1920, on a ici l’occasion de le situer à sa vraie place : ni vraiment symboliste, fauviste, cubiste, dadaïste, futuriste, abstrait. Juste unique. Son évolution nous est contée étape par étape par des tableaux, dessins et gravures venus du monde entier. Continuer la lecture

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