Lady Susan et Nora, les conquérantes

vignettebisEn ces temps de tempête sur la Manche et de début d’été plutôt tristounet, deux bonnes raisons d’aller au cinéma : les sorties simultanées de Love and friendship de Witt Stillman et Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer. Deux portraits de femmes, Lady Susan et Nora, bien décidées à s’en sortir, l’une dans l’Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, l’autre dans la France du XXIe siècle. L’une s’appliquant à surnager dans le monde feutré mais sans concession de la gentry, l’autre dans l’univers non moins impitoyable de la haute finance. Deux femmes seules mais conquérantes, qui à plus de deux siècles d’intervalle, mettent leur intelligence et leur absence de scrupules au service de leur cause. Continuer la lecture

Publié dans Cinéma | Un commentaire

Si vous passez par Avignon cet été…

vignettebis… n’oubliez pas d’aller voir la courte pièce intitulée « Je reviens de la vérité » par Charlotte Delbo, adaptée, scénographiée et jouée (entre autres) par Agnès Braunschweig.
Alertée par le mari d’Agnès, le chef d’orchestre Bruno Ferrandis, j’avais découvert ce spectacle il y a deux ou trois ans, dans une très modeste salle de banlieue. Continuer la lecture

Publié dans Théâtre | 6 commentaires

La loi de la jungle embrouille les normes

Affiche de La loi de la jungleLe film bien étrange que vient de nous livrer Antonin Peretjatko est une révolte ubuesque face aux normes européennes qui nous accablent. « Hors-normes » comme l’un des mots de la fin, il a réussi à décider un couple de spectateurs à quitter la salle du MK2 Bastille précipitamment, provoquant une sorte de flottement chez les autres qui devaient déjà plus ou moins penser à prendre la porte, phénomène plutôt en vogue. Erreur. Continuer la lecture

Publié dans Cinéma | Un commentaire

Un lit qui ne sera jamais chaud

"La passagère du wagon-lit". Photo: PHB/LSDPDepuis Pantin où il habite, Bruno Sillard fait et refait ses voyages de mémoire, réels ou irréels. L’une des plumes des Soirées de Paris vient de publier « La passagère du wagon-lit » le dernier recueil de ses souvenirs. Lire son dernier ouvrage revient à voir défiler devant nous un diaporama intime au bout d’un de ces faisceaux de lumière propres aux vieux appareils de projection, faisceaux dans lesquels on voyait flotter une chorégraphie de particules. Continuer la lecture

Publié dans Livres | Commentaires fermés sur Un lit qui ne sera jamais chaud

« Monsieur de Pourceaugnac » aux Bouffes du Nord : quel plaisir!

Monsieur de Pourceaugnac. Photo: Brigitte Enguérand« Ne songeons qu’à nous réjouir, / La grande affaire est le plaisir ! ». Quoi de mieux que ces vers de Molière chantés jusqu’à satiété au théâtre des Bouffes du Nord pour décrire l’enthousiasme de la salle ce soir là ! William Christie à la musique, Clément Hervieu-Léger à la mise en scène nous réjouissent l’âme et le corps dans un Monsieur de Pourceaugnac enlevé, drôle, qui remédiera à toute « mélancolie hypocondriaque ». Continuer la lecture

Publié dans Théâtre | Commentaires fermés sur « Monsieur de Pourceaugnac » aux Bouffes du Nord : quel plaisir!

Rudeness

Détail d'une vieille carte postale de Londres. Photo: PHB/LSDPDans l’excellente comédie « Love actually », Hugh Grant  campait un premier ministre britannique de charme. Dans cette histoire à multiples entrées, le chef du gouvernement de sa majesté subissait  la grossièreté d’un président américain. Pris au vif, son interlocuteur anglais décidait alors de le recadrer publiquement. Et c’était bien fait pour les pieds du président des Etats-Unis qui se croyait au-dessus des bons usages.
Dans la réalité de ces derniers jours, ce sont les dirigeants européens qui se sont montrés grossiers et inamicaux avec les Anglais, en les priant de prendre la porte le plus vite possible, suite à un référendum élaboré il est vrai  comme une machine à perdre. Dans la langue de Shakespeare, « grossièreté » se traduit par quelque chose comme « rudeness ». Continuer la lecture

Publié dans Cinéma, Politique | 4 commentaires

A Rouen, l’art est aussi dans la rue

Oeuvre murale de Ramon Martins à Rouen. Photo: MPSAvant à Rouen, il y avait la cathédrale, le centre ville historique et le musée des Beaux Arts. Avant, pour embellir les villes, on rendait hommage aux grands hommes en érigeant des statues, des monuments aux morts ou plus récemment des sculptures abstraites. Dans les années 70 pour peindre les murs, on faisait des peintures en trompe l’œil autour des ouvertures existantes. L’art de la rue a bien changé et les graffeurs aussi. Continuer la lecture

Publié dans Surprises urbaines | Un commentaire

Les gaies réminiscences du studio Lévin

Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly. PHoto: PHB/LSDPLeurs portraits n’avaient pas de vocation artistique à proprement parler. En revanche leur métier était un art et leur travail photographique a su épouser les évolutions de la société tout au long de cinquante années d’activités ayant produit 250.000 clichés. Le Studio Lévin avait pour seule ambition d’exécuter les commandes de ses clients issus du monde de la musique ou du cinéma. Depuis le 17 juin, la Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly (ci-contre) honore le style d’un fameux couple de photographes. Continuer la lecture

Publié dans Exposition, Photo | 3 commentaires

La vie ne serait plus qu’un ensemble de publicités croisées

Publicité des années trente. Photo: PHB/LSDPPour rester « jeune et jolie bien au-delà des limites normales », il fallait contacter « de suite » les laboratoires Cosmea. Faute de quoi, la femme « insouciante » pouvait courir le risque fou de se retrouver « laide et ridée ». Seulement voilà : les crèmes Cosmea n’étaient en vente « nulle part » et c’était même leur argument de vente principal. Pour éviter ce genre d’erreur grossière, un certain Louis Angé avait rédigé puis publié en 1930, le « Manuel de la publicité ». Continuer la lecture

Publié dans Publicité | 4 commentaires

“La maison jaune“, de Martin Gayford, huis clos provençal

"La maison jaune" couverture du livre de Martin GayfardCe 23 octobre 1888, Vincent Van Gogh attend avec une impatience mêlée d’angoisse Paul Gauguin dans son appartement arlésien dont  le bail a été signé cinq mois plus tôt. Nos deux peintres ont préalablement échangé leur autoportrait, un signe avant coureur de reconnaissance qui n’est pas à la portée de tout le monde.  Avec cette “Maison Jaune“ (qu’il immortalisera, intérieur comme extérieur), l’aîné entend constituer un atelier de peintres avant-gardistes,  une pépinière provençale de talents… en même temps qu’il aspire à rompre sa solitude. Il s’agit de réunir des savoir faire différents appelés à se compléter, s’enrichir, s’augmenter –  à l’instar de la communauté de Pont Aven dont  Gauguin est le chef de file. Continuer la lecture

Publié dans Livres | 2 commentaires