Les sculptures de tissu de Madame Grès

 

«Je voulais être sculpteur. Pour moi, c’est la même chose de travailler le tissu ou la pierre», répétait Madame Grès, devenue maître de la couture. Aussi ne pouvait-on sans doute rêver mieux que le Musée Bourdelle pour accueillir l’exposition que le Musée Galliera (fermé pour travaux) consacre à l’artiste.

De fait, les modèles de Madame Grès, de son vrai nom Germaine Krebs, épousent à merveille les lieux de cette oasis de tranquillité nichée au pied de la Tour Montparnasse. Sa vocation contrariée a notamment donné naissance à des robes qui évoquent les statues antiques de par leur coupe et la façon dont elles accompagnent les courbes des femmes. D’ailleurs, on dit que la couturière préparait ses vêtements à même le corps de ses clientes ou mannequins. 

"Madame Grès, la sculpture à l'oeuvre". Photo: Laurence Marchal

Parmi les quatre vingt pièces provenant du Musée Galliera et de collections privées présentées à l’occasion de cette première rétrospective parisienne consacrée à Madame Grès, les robes du soir sont à l’honneur. Ces dernières déclinent à l’envi la marque de fabrique de Madame Grès : le drapé. Ces vêtements fluides, d’une simplicité apparente, masquent en réalité des heures de travail (environ 300 heures par robe), un savoir-faire propre à la couturière et… des mètres de tissus.  En moyenne, pour le bas des robes drapées, on ne compte pas moins de 13 à 21 mètres linéaires de tissu (en général du jersey de soie). Les bustiers sont aussi réalisés par le biais d’une succession de plis gourmands en étoffe.

Parmi les autres œuvres marquantes de l’exposition figure également la robe sans couture de Madame Grès, qu’elle a réalisée alors qu’elle approchait les quatre-vingt trois ans. Ce simple tube de jersey que l’on enfile et que l’on noue à la taille, où deux ouvertures ont été pratiquées pour les bras, aurait été l’aboutissement de son œuvre. Le vêtement symbolise en tout cas le minimalisme dont l’artiste a été l’un des précurseurs dans l’univers de la mode.

«Madame Grès, la couture à l’œuvre» est aussi et enfin l’occasion de découvrir ou re-découvrir le Musée Bourdelle, qui abrite un charmant jardin que l’on ne dédaignera sûrement pas en ces jours de beau temps.

L’exposition devait se terminer le 24 juillet, mais compte tenu de son succès, elle est prolongée jusqu’au 28 août. Il vous reste donc encore un peu de temps pour admirer ces robes intemporelles que l’on rêverait de porter…

Le site de l’exposition.

"Madame Grès, la sculpture à l'oeuvre". Photo: Laurence Marchal

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