Le styliste hollandais de 36 ans Jantaminiau (1) aime faire en couture ce que Jean-Paul Goude pratiquait en photographie : allonger démesurément son modèle. Mais si le second avait pour égérie le mannequin noir Grace Jones, le premier fait en majorité défiler des mannequins à la chevelure blond vénitien.
Présentée lundi dernier en dehors du circuit de la Fédération de la Haute couture, sa collection automne-hiver 2011-1012 baptisée « Nature Extends » est basée sur la verticalité. Elle étire plus que jamais la silhouette féminine… Dans le sobre décor d’un show room du Passage du Désir – tout un programme – ses mannequins ont défilé, diaphanes et éthérées. Evoluant d’une raideur obligée au milieu de stalactites argentés, juchées sur d’improbables souliers faisant reposer l’avant-pied sur une plate-forme biseautée… La chaussure à talon est entièrement revisitée.
Pour étirer ses modèles vers le haut, le jeune créateur a renoncé aux coiffes métalliques oblongues qui caractérisaient son précédent show. Il les peigne simplement « ébouriffées » mais les dote de cols très montants du plus bel effet. Des cous de cygne pour un port de tête altier.
Brochées, pailletées, perlées, effilochées… les matières travaillées par le jeune créateur dans les tons beige, taupe et orangé soulignent sa maîtrise des textiles et de leur association.
Alors qu’il avait placé sa première collection sous le signe de « L’empire », optant pour le flou vaporeux au-dessous de la poitrine, il adopte pour la saison prochaine une carrure en V : épaules très élargies (son modèle épaulé en forme de papillon témoigne de sa maîtrise de la coupe) et taille marquée, souvenir de son passage chez le roi du corset Hubert Barrère.
Leggins rebrodés, cuissardes guillochées, justaucorps se prolongeant en gants, cape courte plissée, robe vaporeuse à traîne perdant sur le sol un peu de son étoupe… comme vestige d’un passage d’extraterrestre… Les dix créations de Jantaminiau pour l’automne-hiver 2011-2012 nous embarquent vers le futur…
Pour rester dans les tons de bistre à l’approche des frimas, le styliste a renoncé au maquillage corail de sa précédente revue. Lundi dernier, ses modèles ont défilé les lèvres blafardes et le blush discret.
(1) Alias Jan Taminiau, contraction du prénom et du nom du créateur pour les besoins du lancement de sa griffe en 2003
Julien Fournié, haut la main
Tonnerre d’applaudissement mardi soir à l’issue du défilé très rythmé de Julien Fournié, sur fond d’écran nous dessinant en accéléré une ville à l’image de la Monopolis de « Starmania »…
Sa collection, limite androgyne intitulée « Première Mutation », fait comme annoncé la part belle aux mousselines peintes à la main, mais aussi aux cuirs, à la maille (avec un pull noir étonnamment structuré), aux passementeries, aux enluminures métalliques (un col « nœud pap » très rigolo pour agrémenter un smoking relooké) et aux zip incrustés… là où on ne les attend pas !
Les chaussures sont à semelles compensées façon liège, très arrondies à l’avant et souvent bicolores, genre tranches napolitaines. Elles donnent l’air de marcher sur la pointe des pieds dans un univers déshumanisé…
Magnifique ! La richesse du style de la présentation n’a d’égale que la richesse des modèles présentés. Tout est très beau, majestueux, somptueux, royal ! Chaque femme voudrait pouvoir se parer de pareils ornements …