Halons à la Concorde

Obélisque. La Concorde. Photo: PHBQue la place de la Concorde soit occupée par une vulgaire pièce de barbecue constituerait une raison supplémentaire de rendre notre dernier obélisque aux Egyptiens. En grec, obeliskos signifie en effet «brochette à rôtir» mais heureusement les Egyptiens disaient de leur côté «benben» dont la signification serait proche de «s’élever en brillant» (1). Le Musée national de la Marine racontera dès le 12 févier l’incroyable voyage du monument offert à la France en 1830, érigé en 1836 place de la Concorde et le tout en échange d’une horloge en cuivre qui fut livrée en 1845 au pays des pharaons et qui ne marchait pas.

Il s’agissait quand même de descendre le Nil et de hisser les 23 mètres et les près de 230 tonnes sur un bateau spécialement construit et affrété par la France et justement baptisé le Luxor (a priori sans « o »). Tiré par un remorqueur  (le Sphynx), le bateau dont la hauteur des mâts avait été calculée pour passer sous les ponts de la Seine,  fera escale à Rhodes, à Corfou, à Toulon, Gibraltar, au Portugal, en Espagne et arrivera enfin  le 23 décembre 1834 à Paris après 12.000 kilomètres de navigation. Mais il faudra encore attendre deux ans, le 25 octobre 1836 afin qu’il soit enfin érigé sur son piédestal. Pour l’occasion il a été par ailleurs amputé du pied juste avant, car la base du monolithe présentait des scènes de singes exhibant leur sexe, images jugées à l’époque indécentes. Selon le site egyptos.net, cette base  tronquée aurait été «reléguée» dans les réserves du Louvre.

On a hâte de découvrir les détails en images sachant que le  fantôme de Jean-François Champollion sera peut-être de la fête puisque décédé le 4 mars 1832 à Paris il n’aura pas vu le résultat du défi qu’il avait contribué à relever. S’ajoute au casting un certain Apollinaire le Bas qui avait notamment calculé et conçu les machines destinées au déplacement de l’obélisque.

L'obélisque de la place de la Concorde. Photo: Les Soirées de Paris

L’obélisque de la place de la Concorde. Photo: Les Soirées de Paris

A noter que François Mitterrand a rendu lors de son premier septennat l’un des deux obélisques du temple de Louxor à l’Egypte. C’était d’autant plus facile qu’il n’avait jamais quitté le pays des pharaons.

On peut donc attendre avec une impatience justifiée le diaporama en tableaux, dessins, maquettes, prévu pour le mois de février. Et regarder d’un autre œil, place de la Concorde, cette étrange ambassade halée par poulies, palans et cabestans, d’un monde depuis longtemps révolu.

PS : Le Musée national de la Marine a confirmé par ailleurs aux Soirées de Paris qu’une exposition sur le commerce maritime était en cours de préparation. Elle devrait s’intituler «de l’amphore au conteneur», un énoncé qui promet.

Pour ceux qui voudraient déjà savoir ou se préparer à l’événement au Musée national de la Marine le 12 février, voilà un site raconte très bien la chronologie de l’exploit.

 

(1) Wikipédia

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Une réponse à Halons à la Concorde

  1. Les commissaires de l’exposition nous ont signalé quelques imprécisions et nous les en remercions vivement:
    – La hauteur des mâts du Luxor n’a pas été calculée pour passer sous les ponts de la Seine. C’est pourquoi le bateau a été rasé et démâté lors de la remontée du fleuve.

    – L’ingénieur qui a été chargé de l’abattage, le chargement et l’érection de l’obélisque s’appelle Apollinaire LEBAS (en un seul mot donc).

    – Il sera présenté des dioramas (et non des diaporamas)

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