Une météorite dans le pâté limousin

Les deux piliers de l’entrée ne datent pas d’hier. Comme toutes les pierres qui composent un bâtiment d’ailleurs. Lesquelles trahissent des temps géologiques tellement anciens que les experts les datent à quelques millions d’années près. Si l’église Saint-Sauveur de Rochechouart (Haute-Vienne) n’échappe pas à cette règle, c’est qu’elle porte sur les deux piliers encadrant l’entrée, les traces d’agglomérats d’une météorite tombée là il y a un peu plus de deux cents millions d’années. Pas de la taille d’une balle de tennis comme on peut en voir dans les muséums, non: une chose de 1,5 kilomètre de diamètre soit cinq fois la hauteur de la tour Eiffel environ. Un musée, la Maison de la Réserve – Espace Météorite Paul Pellas, raconte cet événement dément dont les seuls témoins ébahis et désintégrés à la seconde furent des dinosaures et toutes les autres bestioles encore dépourvues de conscience écologique. Cela ne fait que soixante ans, nous raconte-t-on ici, après des décennies d’indices et de soupçons, d’une certitude établie: la sous-préfecture, le château abritant un musée d’art contemporain, ont été bâtis sur un astroblème, ainsi qu’il convient de dénommer la zone d’impact. L’hypothèse de freins qui lâchent sur un vaisseau extra-terrestre n’a pas été retenue.

Tout de même, en observant le paysage depuis le château, bien érodé depuis l’événement, on ne peut s’empêcher de jeter un regard vers le ciel au cas où une deuxième livraison de pizza sidérale serait en cours. De ce que l’on comprend, sans rire, il a suffi d’un mouvement de Jupiter, occasionnant un flottement dans la ceinture d’astéroïdes séparant la première de Mars, pour qu’un débris se détache et fonce vers la Terre, comme si l’espace n’était pas assez grand.

La météorite est tombée avec une violence inouïe, une grande quantité de fois Hiroshima, un choc tellement puissant qu’elle s’est détruite, « sublimée » selon le vocabulaire ad hoc. C’est-à-dire que non seulement elle s’est transformée mais elle a transformé la matière au sol, créant une sorte de cake, de pâté de pommes de terre à la mode limousine, un matériel composite, celui-là même que l’on discerne dans les piliers de l’église Saint-sauveur et un peu partout dans le coin pour peu que l’on ait retenu les indices de reconnaissance. Ce faisant et au passage, nous est-il expliqué dans un petit film, ce type de chute crée ce que l’on appelle une « cicatrice » dont la chimie, faite d’éléments extra-terrestres, est probablement à l’origine de la vie. Quand vous regardez le journal de vingt heures, si vous trouvez que c’est bête, c’est parce que la stabilisation de la vibration induite, est encore en cours. D’autant que si vous pensez au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines  lors des grands départs, en tant qu’ineptie référente et sujet désespérant du 20 heures, il serait sérieusement endommagé si l’événement se répétait.  Géographiquement il était par ailleurs beaucoup plus proche qu’aujourd’hui de Rochechouart, les continents se formaient à peine et le Groenland touchait encore l’Europe, elle-même baignant dans une atmosphère tropicale. Mais le Limousin était hors d’eau.

En tout cas, cette paisible sous-préfecture de Rochechouart, compte un musée pas comme les autres, à côté de celui spécialisé dans l’art contemporain et plutôt meilleur que la moyenne soit-dit en passant. Ici, les commerces tirent parti du grand boum, il y a même une « pharmacie de la météorite » ce qui est sans doute une suave allusion aux ballonnements intestinaux, bien connus des gastronomes et des médecins, sous l’appellation météorisme.

La Maison de la réserve est là pour nous expliquer ce qui s’est produit, avec une mine de détails assez captivants. Peut-être que le mieux est ce panorama que le château surplombe. Un beau paysage de France comme on les aime et qui survivra sûrement à l’ère anthropocène. Une sous-préfecture visitée le 10 septembre, où le blocage promis par la colère populaire, n’a pas eu lieu. Quand on pense à cette météorite, on voit tant de choses dont l’importance se ratatine: ce rendez-vous chez le dentiste qui s’annulerait d’un coup, cette échéance fiscale qui nous tourmentait jusqu’au milieu de la nuit, emportée d’un coup par un souffle irrésistible. L’astéroïde géo-croiseur parti de Mars pour Rochechouart, nous enseigne ainsi à mesurer notre chance. Et lorsque l’on se dit « mince quelle tuile », cela sort sans vraiment réfléchir.

PHB

Photos: ©PHB
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2 réponses à Une météorite dans le pâté limousin

  1. …une chose de 1,5 kilomètre de diamètre soit cinq fois la hauteur de la tour Eiffel environ, écrivez-vous.
    Cette on ne peut plus parisienne référence à la tour Eiffel comme mètre étalon pour un événement pareil me fait sourire…

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