Bricoles de plaisance

Il a suffi -une fois de plus- d’un livre abandonné sur la chaussée pour aborder la question du bricolage. C’est de saison puisque tout un chacun se fabrique des masques improvisés en détournant au choix un simple mouchoir en papier, un intercalaire en plastique ou encore en découpant des rectangles dans l’épaisseur d’une couche-culotte.
C’est une des fonctions essentielles du bricolage que de détourner le sens d’un objet pour lui trouver une autre fonction en l’associant à d’autres artefacts. Autrefois on appelait cela le système D. Lequel est à l’origine du mot débrouille et fait d’ailleurs le titre du livre ramassé. Continuer la lecture

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Valence (Espagne) : une pépite verte

En ces temps de confinement, rien de tel pour se changer les idées qu’une petite escapade virtuelle dans une ville espagnole pleine d’agréables surprises. À deux heures d’avion de Paris, Valence est une destination de choix. Moins courue par les touristes que Barcelone, et d’autant plus appréciable, la belle Ibérique a largement de quoi tenir la comparaison. Un centre historique, mais aussi une architecture moderniste et des bâtiments contemporains spectaculaires, des bars à tapas qui s’animent dès le coucher du soleil, d’immenses plages en pleine ville et une douceur de vivre inimitable. Cerise sur le gâteau, Valence possède une pépite verte exceptionnelle qui fait tirer la langue à ses rivales : une promenade plantée de 10 km, les jardins du Turia, qui traverse la ville de bout en bout. Et ce sont précisément les jardins du Turia, inaugurés en 1986, et les constructions futuristes développées dans la lignée qui ont redonné ses lettres de noblesse à Valence. Continuer la lecture

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Un gentleman à Hollywood

Dans le documentaire « Le dernier samouraï » (1),  Jean-Pierre Melville, grand américanophile et maître du polar sur le grand écran, déclare que pour lui, un roman policier peut être «de la pure littérature». C’est bien le cas en ce qui concerne Raymond Chandler, le père du fameux privé de Los Angeles Philip Marlowe, qui fit son apparition dans « The big sleep » en 1939.
Chandler avait alors 51 ans, mais publiait des nouvelles depuis cinq ans dans les « pulps », magazines ainsi appelés car imprimés sur du papier issu de la pulpe de bois, dont le célèbre Black Mask (dans lequel Dashiell Hammett introduisit Sam Spade). Continuer la lecture

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Apollinaire aux dépens des amateurs

Comme pour la plupart des écrivains célèbres, Apollinaire a eu droit à son lot d’éditions hors commerce souvent publiées « aux dépens d’un amateur », selon la formule consacrée. Il s’agit presque toujours de petits tirages réservés à des cercles d’amis, parfois bibliophiles, souvent d’ailleurs eux-mêmes souscripteurs de la publication.
En 1948, à l’occasion du trentième anniversaire de la mort du poète, une élégante plaquette d’une douzaine de pages consacrée à des textes inédits d’Apollinaire avait été publiée par la maison d’édition bruxelloise, «Un coup de dés». On peut y lire cet émouvant hommage :«Les poèmes ont été recueillis et publiés par les soins d’un admirateur flamand désireux d’ériger une modeste stèle à la mémoire du poète lors du trentième anniversaire de la mort de ce dernier survenue le 9 novembre 1918». Continuer la lecture

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Ravel à hauteur d’homme

En ces temps de réclusion, aller faire un tour dans sa bibliothèque est une fort saine occupation qui peut révéler des trésors comme par exemple cette somme de l’histoire de la musique française qu’est l’intégrale de la correspondance de Maurice Ravel parue à l’automne 2018, et dans laquelle vous trouverez d’inépuisables occasions de vagabondages.
Quand Manuel Cornejo (1), grand ravélophile devant l’éternel – Docteur en littérature spécialiste de Lope de Vega et ancien membre de la Casa de Velásquez – s’est mué en détective pour s’atteler à l’Everest de la correspondance de Ravel avec l’idée de la publier, il n’avait peut-être pas mesuré qu’il consacrerait une grande partie de sa vie à ce qui est devenu son « Grand Œuvre ». Du Brésil à l’Arménie, de la Suède aux États-Unis et au-delà, il a parcouru les bibliothèques, les archives, les salles des ventes du monde entier et rencontré de nombreux collectionneurs à la poursuite du moindre document pouvant éclairer sa recherche. Continuer la lecture

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Luttes invasives

La « lutte » contre le coronavirus est venue s’ajouter à l’interminable liste des combats en cours. De la lutte contre le réchauffement climatique à la lutte des classes en passant par la lutte contre les violences en tout genre, il y en a pour tous les goûts. Des extra-terrestres qui étudieraient le langage français afin de se faire idée du meilleur pays où poser leurs soucoupes volantes, en viendraient à confondre la masse des bipèdes tricolores pour une armée de sumos toujours prêts à en découdre. Ils se diraient que leur invasion longuement méditée au pays des fromages ne serait pas juste une partie de plaisir. Et ils y renonceraient sans doute, à moins que quelqu’un ne leur signale qu’il s’agit en l’occurrence et surtout, d’un abus de langage, un mot dévoyé jusqu’à l’écœurement. Continuer la lecture

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Le dernier samouraï

Dimanche 29 mars, Arte rediffusait en version restaurée le film de Jean-Pierre Melville «Le deuxième souffle», suivi d’un documentaire intitulé «Melville, le dernier samouraï», tourné en 2019 par Cyril Leuthy.
Adapté d’un récit de José Giovanni, ex vrai truand sorti de prison, le film, tourné en 1966, inaugure la série des grands Melville, « Le samouraï », « L’armée des ombres », et « Le cercle rouge ».
Un avertissement a beau nous préciser qu’il s’agit d’une pure œuvre de fiction, l’histoire de Gustave Minda, dit Gu, s’évadant de prison et replongeant dans le crime mais resté, avant tout, « un bandit d’honneur », s’inspire, paraît-il, de vrais personnages.
Le cinéaste, on s’en souvient, a choisi le très populaire Lino Ventura pour interpréter Gu, et Paul Meurisse le commissaire Blot, les métamorphosant, comme à son habitude avec ses acteurs, en les pliant à une rigoureuse sobriété. Continuer la lecture

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Les mots croisés, un art de combat

C’est l’occupation idéale des heures d’attente, de périodes de transit, des situations de repli ou d’isolement, comme, au hasard, un confinement sanitaire généralement non anticipé. Ses adeptes se recrutent par millions, mais il est rare qu’ils s’en vantent ni même qu’ils en fassent état. Ils ne tirent ni gloire ni honte de ce plaisir solitaire. On les appelle cruciverbistes, mot savant spécialement forgé pour eux par les linguistes vers les années 1950. L’objet de leur passion n’est pas aussi ancien qu’on pourrait l’imaginer, puisque la première grille de mots croisés n’est apparue en France qu’en 1924. Continuer la lecture

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Les mains qui manipulaient Himmler

Comme l’écrivait Lise Bloch-Morhange avant la brève pause des Soirées de Paris, le confinement, c’est le moment ou jamais de dénicher dans sa bibliothèque ou dans sa dvdthèque ou dans sa discothèque, un livre, un film ou une musique oubliés, voire jamais lus, vus ou entendus. « Les mains du miracle » de Joseph Kessel attendaient donc sagement d’être découvertes dans mes rayons. Et à l’heure où il est beaucoup question de héros ordinaires, en voici un, Felix Kersten, tout à fait authentique, qui mérite infiniment mieux que de prendre la poussière sur une étagère. Continuer la lecture

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Le goût des cornichons salés

Un jeune homme vient rendre visite à sa grand-mère en vélo. Comme elle a quatre-vingt ans, elle a renoncé aux joies du pédalier. Mais elle aime bien « tournicoter » autour de la bicyclette de son petit-fils et jusqu’à vérifier que les pneus sont correctement gonflés. Quand elle était à l’école, elle avait même emporté une compétition réservée aux filles. À cet instant on se demande bien où va nous emmener Dzvinka Matiyash, l’auteur de « Histoires sur les roses, la pluie et le sel » qui vient de paraître. Ce n’est pas un roman, même pas un recueil de nouvelles, mais un assemblage de textes miniatures dont le substrat se situe bien loin de notre époque vaniteuse. Continuer la lecture

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