Anaïs Nin, la sulfureuse

Anaïs Nin. Le nom seul évoque comme une odeur de soufre… Rappelez-vous “Henry and June”, le film de Philip Kaufman dans lequel Maria de Medeiros prêtait ses traits de femme-enfant à la femme de lettres américaine. Adapté des cahiers secrets de cette dernière, il racontait de façon très explicite sa relation amoureuse avec l’écrivain rebelle Henry Miller et son épouse June, sa vie libérée dans le Paris des années 30. Célèbre pour ses journaux intimes dans lesquels elle confiait en tout franchise ses pensées même les plus inavouables, mais aussi pour ses nouvelles érotiques et sa relation triangulaire avec le couple Miller, Anaïs Nin (1903-1977) reste encore aujourd’hui une voix singulière dans l’histoire de la littérature. L’australienne Wendy Beckett, à la fois auteur et metteur en scène du spectacle “Anaïs Nin, une de ses vies”, a choisi de la mettre de nouveau en lumière sur la scène de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet. Continuer la lecture

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Les calligrammes jusqu’à l’ivresse

Les impénitents en ont bien conscience, toute caution sérieuse est une aubaine pour se rincer l’œsophage. Or il se trouve qu’un vigneron alsacien a eu la riche idée d’estampiller ses différentes cuvées avec un calligramme de Guillaume Apollinaire. Pour les non initiés, le calligramme a été inventé par l’écrivain afin de déployer les mots d’un poème en une figure résumant son propos. Et donc grâce à trois générations de vignerons basés à l’ouest de Strasbourg il est possible d’écluser en toute bonne conscience un « Tout terriblement », l’un des calligrammes les plus connus d’Apollinaire. Il s’agit en l’occurrence d’un Gewurtztraminer à macération spéciale qui a la singularité de donner au vin une étonnante couleur orange. Continuer la lecture

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La maison de Freud à Hampstead (Londres)

Avec ses jardinets pimpants, ses grandes maisons de briques rouges et ses rues pavées, le quartier de Hampstead a toujours l’allure du village qu’il était au XIXe siècle avant d’être annexé à Londres. Là, au numéro 20 de la rue Maresfield, on pousse la porte d’une belle maison bourgeoise que rien ne distingue des autres pour pénétrer dans l’univers du père de la psychanalyse.
Tapi contre le mur dans une pièce sombre du rez-de-chaussée, c’est incontestablement lui qui est sous les feux de la rampe. Les visiteurs le photographient sous tous les angles avec leur portable et, ne serait-ce le cordon discret qui fait office de jubé, la plupart d’entre eux s’y allongeraient pour se prendre en selfie. Qui ne rêverait de s’allonger sur le mythique divan de Freud ! Recouvert de tapis persans et coussins orientaux, il recèle les secrets les plus intimes livrés par les patients du psychanalyste. Continuer la lecture

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Turin ville d’art et d’essais

Aller à Turin avec la seule idée de profiter de la ville est parfaitement concevable. S’y déplacer dans le but d’aller découvrir le Lingotto donne davantage  de sens au trajet tout en  offrant un beau prétexte pour filer ensuite sous les arcades de la ville et bader de place en place. Sans oublier la promenade le long du Pô qui parachèvera en beauté l’escapade. Et donc, tout au-dessus de l’ancien siège social de Fiat achevé en 1922, il y avait une piste pour y essayer les autos. Au centre se dresse désormais une sorte de tour de contrôle (ci-contre) qui abrite la pinacothèque Giovanni et Marella Agnelli soit une précieuse collection de peintures allant de Canaletto (1697-1768) à Matisse en passant par Picasso et débutant par Severini. En cumulant art et essais, le Lingotto refait par Renzo Piano, fait de la cité turinoise une originale synthèse. Continuer la lecture

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L’orient fantasmé

Cette femme de rêve n’a pas vraiment existé. Le titre de cette peinture réalisée au 19e siècle par Charles Zacharie Landelle est apocryphe. La toile s’intitule « La Juive de Tanger ». L’élève de Paul Delaroche et Ary Scheffer qui a séjourné une première fois au Maroc en 1853, aurait en réalité fait appel à son modèle favori, une fermière normande. Et le costume est réputé avoir été prêté par l’un de ses amis. C’est un idéal de beauté fantasmé que l’on peut admirer au Musée Marmottan Monet où vient de démarrer une exposition dévolue à « l’orient des peintres ». Continuer la lecture

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Léonard de Vinci toujours sur la brèche

Lorsque le 2 mai 1519 Léonard de Vinci reçoit l’extrême onction, il ne pouvait se douter malgré ses capacités d’anticipation, que son nom figurerait cinq siècles plus tard au cœur d’un imbroglio diplomatique majeur entre la France, l’Italie et l’Arabie Saoudite. Dernier épisode en date on a appris que le 2 mai prochain le président français recevrait son homologue italien au château du Clos Lucé à Amboise, là où l’auteur de la Cène (autoportrait ci-contre) expira dans un singulier raffinement. Et comment pouvait-il alors imaginer que l’anniversaire de sa mort allait autant remplir les colonnes des journaux. Continuer la lecture

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Le mystère dimensionnel de la boîte de dentifrice est percé

En 1974, dans la Revue d’histoire de la pharmacie, un certain Pierre Julien donne un éclairage collatéral sur cette boîte de dentifrice (ci-contre), à l’enseigne de la Bi-Oxyne. « Bi » parce qu’elle contenait deux compartiments, l’un avec une poudre pour l’hygiène et l’autre pour le blanchiment. L’auteur se penchait ainsi sur la boîte métallique où Guillaume Apollinaire avait gravé le fameux « Ah Dieu que la guerre est jolie ». Dans un livre publié en 2016, l’éminent Peter Read (1) y consacrait un article en mentionnant que les dimensions de l’objet étaient inconnues. La boîte ayant été glanée sur Ebay cette année, nous sommes en mesure d’annoncer qu’elle faisait 6,5 cm de côté soit une surface de 42 centimètres carrés. On en conviendra, il s’agit-là d’une avancée scientifique minuscule. Mais c’est bien là tout le charme d’une recherche dérisoire. Continuer la lecture

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Julie, Jodie et Edgar sur de nouveaux chemins

Les divas demeurent les femmes les plus mystérieuses du monde…
Prenons la soprano Julie Fuchs, par exemple. Il suffit d’échanger deux mots avec elle pour se dire qu’elle est vraiment tellement simple, tellement chaleureuse. Pourtant ce n’est pas n’importe qui, puisqu’elle est, avec Sabine Devieilhe, l’une des deux plus grandes sopranos françaises du moment, chacune dans leur registre.
Bien sûr les divas d’aujourd’hui ne prennent pas de grands airs, elles sont sur Facebook ou Twitter et la trentaine venue, veulent un enfant, comme Sabine et Julie, et ne veulent ni routine, ni succomber à la pression des maisons d’opéra. Mais chacun de leur parcours comporte sa part de mystère. Continuer la lecture

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Le ballon de rouge est devenu hors de prix

De jour et encore plus à contre-jour, il est bien difficile de s’ébaubir. Il paraît que de nuit c’est tout de même mieux lorsque l’assemblage de Joana Vasconcelos se met à clignoter sous ses carreaux de faïence rouge. Cela représente un cœur mais comme l’ensemble tourne, la première impression qui vient possiblement à l’esprit sous un certain angle est celle d’un ballon… hors de prix. Afin de décorer la station de tramway de la Porte de Clignancourt en effet, la mairie de Paris a signé un chèque de 650.000 euros, sans compter comme le laisse penser Le Parisien dans son édition du 28 février, les frais de mission d’un voyage à Lisbonne. Continuer la lecture

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L’itinéraire sans grâce de Philippe Val

Voici un étrange objet littéraire dont le principal argument de vente médiatique est dénié tout au long de ses 867 pages. « Ma vie sous la menace islamiste » titrait ainsi abusivement le Journal du Dimanche en accordant trois pages au dernier livre de Philippe Val « Tu finiras clochard comme ton Zola ». Certes, ce titre n’a pas les mêmes qualités marketing que celui du JDD mais, à défaut d’être immédiatement séduisant, il a une parenté moins contestable avec le récit qu’il couronne. Continuer la lecture

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