« Le Marchand de Venise » jusqu’à la substantifique moelle

“Le Marchand de Venise” interprété par trois comédiens et une comédienne, et annoncé pour une durée d’une heure et quinze minutes, cela a de quoi intriguer, susciter notre curiosité, pour ne pas dire notre scepticisme. Comment les cinq actes de cette pièce – par ailleurs, curieusement classée parmi les comédies de l’illustre William Shakespeare, nous y reviendrons –, mettant en scène une vingtaine de personnages, peuvent-ils être réduits à un spectacle aussi condensé ? C’est pourtant le défi que s’est lancé le metteur en scène et adaptateur Ned Grujic. Il s’en sort plutôt bien. Le spectacle se joue actuellement à Paris sur une des petites scènes du Lucernaire. Continuer la lecture

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« L’inconnu me dévore » : un Grall à portée de la main

Xavier Grall, nom inconnu pour moi mais qui sonnait comme une promesse. Découvert à la maison de la poésie il y a quelques jours, grâce à une lecture de Jacques Gamblin et une présentation de Pierre Adrian, il me reste une impérieuse nécessité d’en parler, car Grall est de ces poètes qu’on se refile d’une bibliothèque à une autre, de la bouche à l’oreille. La belle réédition de son texte : « L’inconnu me dévore », par les éditions des Équateurs, est l’occasion de sortir ce poète breton d’un oubli peu mérité. Continuer la lecture

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Inoxydable camembert

Les statisticiens en ont fait un diagramme circulaire. Une infographie qui permet par exemple d’exprimer en volume, différentes représentations d’un même secteur. Si l’on rapporte ce même procédé au camembert lui-même, on relèvera que le camembert de Normandie, le vrai, moulé à la louche et au lait cru,  ne représente que 4,5% du total. Il s’en vend 860 par minute selon un comptage effectué un après-midi par le site Planetoscope (1). Admettons qu’il faille 20 minutes à un amateur moyen pour en absorber un, cela fait 17000 unités qui passent à chaque séquence, du garde-manger au fond de l’estomac. Dérisoire autant que passionnant calcul avouons-le. Continuer la lecture

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Loupot à l’heure de l’apéritif

Il est bien rare qu’un détaillant Nicolas vous aiguille sur une exposition artistique. Et pourtant ces vieux négociants en vins ont une bonne raison pour cela. L’affichiste Charles Loupot (1892-1962) est actuellement exposé à la bien jolie bibliothèque Forney dans le Marais. Il est à l’origine (ci-contre), en 1927, d’une remarquable publicité pour le célèbre caviste. La dose d’abstraction, la géométrie savante et enfin l’utilisation qu’il fait des couleurs dans les premières maquettes, hissent cet artiste au niveau des plus grands. Continuer la lecture

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Laurence Albert, succinctement

On se couche le soir avec l’idée incluse de se réveiller le lendemain et c’est un tort. Car si le cœur s’arrête la nuit, on laisse en plan toutes nos traces de vies. Et c’est exactement ce qui est arrivé à une femme dont on ne connaîtra pas le prénom.  Sur une micro-nouvelle de trois pages Laurence Albert l’écrit: « si elle avait su ». Oui si elle avait su, elle aurait pensé à soustraire de sa cachette une correspondance amoureuse coupable à l’égard de son mari. Continuer la lecture

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Désamour à Coney Island

A quatre-vingt-deux ans, avec près de cinquante films à son actif, on aurait pu penser que Woody Allen aimerait aspirer à une retraite bien méritée. Que nenni ! Rien ne semble arrêter l’alerte octogénaire qui continue à réaliser un film presque chaque année, rythme auquel il nous a habitués depuis le début des années soixante-dix. Si sa filmographie ne comporte pas que des chefs d’œuvre, elle compte néanmoins de très jolies comédies, pour certaines hilarantes, dont nos zygomatiques se souviennent avec bonheur et des drames d’une belle intensité. “Wonder Wheel”, le dernier opus actuellement sur nos écrans, dans la catégorie “drame”, est plus qu’honorable et offre à l’actrice britannique Kate Winslet un rôle à la hauteur de son talent. Continuer la lecture

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La Révolution selon Pommerat : ça va très bien !

Vivre la Révolution française à hauteur d’homme, comme un député de l’Assemblée nationale : Joël Pommerat nous invite à une expérience d’immersion étonnante avec sa compagnie Louis Brouillard dans son dernier spectacle « Ça ira (1) fin de Louis ». Le spectacle, créé en 2015, tourne encore pour quelques mois en France. Continuer la lecture

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Koons en concurrence

Deux euros, voilà ce que demande le commerçant de la rue des Pyrénées pour ce petit bouquet de fleurs artificielles. Il est haut d’une vingtaine de centimètres pour quatre-vingt dix grammes. Il est fait pour égayer un coin de la maison. Et incidemment pour réfléchir à cette histoire de Jeff Koons tenant absolument à consoler la ville de Paris des attentats du mois de novembre 2015 en installant sans frais de sa part un bouquet de trente trois tonnes et de 12 mètres de haut sur le parvis du Palais de Tokyo, à côté du musée d’Art moderne. Continuer la lecture

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Le bonheur est dans la salle

Depuis son inauguration en avril 2017, j’ai beaucoup fréquenté La Seine musicale, cet ovni monumental aux milliers de vitraux posé en aval, au bout de l’île Seguin à Boulogne, sur une partie de l’ancien fief des usines Renault. Parvenir au seuil de ce vaisseau musical est déjà en soi une expédition, surtout si le temps n’est pas très clément. Une fois arrivé à proximité du pont de Sèvres, dans le quartier boulonnais flambant neuf dit « le Trapèze », dessiné par Jean Nouvel à l’image de l’Alphaville de Godard, il faut emprunter le pont, flambant neuf lui aussi, qui relie le Trapèze à l’île Seguin. Continuer la lecture

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Retour en Irlande

Étrangement peu monté en France, Brian Friel (1929-2015) est pourtant considéré comme le plus grand dramaturge irlandais de la seconde moitié du 20ème siècle. Surnommé le “Tchekhov irlandais”, il n’a été découvert chez nous que dans le milieu des années quatre-vingt. En 1984, sa pièce “Translations”, adaptée par Pierre Laville sous le titre “La dernière Classe”, est jouée à Paris au Théâtre des Mathurins. Puis, quelque temps après, Laurent Terzieff, enthousiasmé par “Faith Healer”, en fait réaliser une adaptation par Pol Quentin. Intitulée “Témoignages sur Ballybeg”, la pièce est créée en janvier 1986 au Théâtre du Lucernaire avec, pour interprètes, Laurent Terzieff, Pascale de Boysson et Jacques Marchand. Jamais rejouée depuis, c’est cette même pièce qui, tel un retour aux sources, se joue actuellement dans ce même petit théâtre sous le titre “Guérisseur”. Dans une nouvelle traduction d’Alain Delahaye, elle nous entraîne dans un univers poétique tout à la fois singulier et fascinant. Continuer la lecture

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