Les vies rebelles de Chavela Vargas

Peu connue en France, la chanteuse mexicaine Chavela Vargas (1919-2012) est une icône dans nombre de pays hispanophones. De fait, le documentaire de Catherine Gund et Daresha Kyi est le bienvenu. Il se consacre davantage à la vie et à la personnalité volcanique de l’artiste qu’au genre musical auquel elle est restée attachée, la Ranchera. Cette musique née dans les campagnes mexicaines qui chante sur un mode mélodramatique les amours perdues et ne rechigne pas à exalter les vertus machistes comme patriotiques a rejoint le folklore national avec la « bénédiction » des gouvernements nationalistes issus de la Révolution de 1910. Aujourd’hui encore, les Mariachis, avec leurs grands chapeaux et leurs pantalons à clous, sont des incontournables des circuits touristiques. Continuer la lecture

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Autopsie d’une déroute

Dans une prochaine vie, Patrick Stefanini pourrait être médecin-légiste. Il vient de prouver en 400 pages une maîtrise rare dans le maniement du scalpel, non pas pour blesser mais pour livrer une analyse implacable des causes de la mort de la droite française en 2017, avec une féroce volonté de ne laisser dans l’ombre que ce dont il est sûr que ça n’apportera rien au raisonnement. Continuer la lecture

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Dans l’ombre des jeunes filles en terreur

Si Charles Manson avait poussé le cynisme et l’égotisme plus loin encore que ce qu’on en connaît, il aurait vendu les droits de son personnage. Ça n’aurait rien changé à sa mort récente en prison, dévasté par un cancer pour lequel il avait demandé à la justice une compassion qu’il n’avait guère pratiquée au cours de son existence…mais il aurait peut-être fait fortune. Ce qui eût été pour lui une consolation puisqu’il a beaucoup été dit et écrit que sa folie meurtrière devait presque tout à ses frustrations d’artiste raté et donc fauché. Continuer la lecture

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L’esprit de résistance

“Amours Fragiles”, comme son titre ne le laisse en aucun cas présager, est une grande fresque historique racontant en bande dessinée le deuxième conflit mondial, de l’avènement du nazisme jusqu’à sa chute. Nous retrouvons au scénario le talentueux Philippe Richelle, dont nous avions déjà évoqué le merveilleux travail dans Les Soirées de Paris pour sa trilogie Les Mystères de la République, accompagné cette fois-ci au dessin par Jean-Michel Beuriot. A ce jour, la série compte sept volumes. A notre grande satisfaction, il est prévu qu’elle en comprenne encore trois. Continuer la lecture

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La bonne surprise des hirondelles algériennes

Un jeune homme conduit une voiture dans laquelle se trouvent deux femmes et un monsieur. L’action se déroule dans l’Algérie moderne. L’une des passagères se rend à son propre mariage. Le chauffeur s’appelle Djalil. Il est amoureux de la future mariée. Il accomplit donc un job étrange consistant à livrer à un autre la femme qu’il aime en silence. Ce n’est pas la scène la moins étrange du film « En attendant les hirondelles », qui vient de sortir en salle. Une réussite. Continuer la lecture

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Lucy et son fantôme

Lorsqu’elle déménage dans la maison qu’elle a choisi en bord de mer et qui surplombe la falaise, Lucy fuit. Elle fuit sa vie passée auprès de son mari qui vient de décéder. Elle fuit sa belle famille étouffante et maltraitante, elle fuit tout ce qui la contraint et l’empêche d’elle même et de décider enfin de sa vie. Dans cette maison, elle fait une étrange rencontre, celle de l’ancien propriétaire ou plutôt de son fantôme le capitaine Daniel Greeg un vieux loup de mer bourru et hostile. Continuer la lecture

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Vivaldi sur un tapis volant

Au 18e siècle la question des droits d’auteur n’était pas aussi sensible qu’aujourd’hui et l’emprunt ne choquait pas. Quand Vivaldi crée son opéra « Dorilla in tempe » en 1726, il s’inspire d’airs existants avec l’allégresse surdouée qui lui est propre, y compris en pompant dans son propre répertoire. Dans les 21 airs que contient une réédition de « Dorilla in tempe » à paraître le 1er décembre chez le label naïve, huit sont des emprunts (1). Cette précision posée, cet opéra opus 15 est une pure merveille . Continuer la lecture

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« Une jeunesse éternelle qui illuminait tout »

Ce bois gravé représente Guillaume Apollinaire. Il a été réalisé par Alexandre Alexeïeff, un artiste russe (1901-1982). Cette œuvre orne un petit livre rare rédigé par Philippe Soupault, poète et journaliste. Cet ouvrage publié en 1926 fait office de message d’adieu à Apollinaire. Sa version originale a été tirée à 548 exemplaires seulement. Et, comme tombé du ciel, le numéro 141 est apparu,  sur un étal du marché aux livres anciens à Vaugirard. Aucun indice ne permet de dire qui en avait été l’acheteur. Continuer la lecture

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Marin Karmitz, étranger résident à la Maison rouge

La photo de jeune homme qui sert de tête d’affiche à l’exposition des œuvres de la collection du producteur-réalisateur-exploitant de salles de cinémas Marin Karmitz (réseau des MK2 à Paris) présentée à « la Maison rouge », lieu culturel dédié au contemporain non loin de la place de la Bastille, est tout à fait emblématique. Elle signe à la fois l’universalité de l’œuvre et la tonalité de l’ensemble. Si l’homme de cinéma nous présente quelque quatre cents photographies, peintures, dessins, statues, installations et vidéos, la photographie tient, et de loin, la place d’honneur, en un éblouissant festival noir et blanc. Continuer la lecture

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Tout retour vers l’avant est (presque) impossible

Quand le bateau cule, il rebrousse chemin. S’il recule il recommence l’opération. Il est aussi possible de dire qu’il fait marche arrière (toute), qu’il fait demi-tour ou qu’il retourne à son point de départ. Mais, et c’est là tout l’objet de la rubrique du jour, il ne pratique pas « un retour en arrière », formule qui sort à tort et à travers de toute expression publique. En effet, le retour à lui-seul signifie bien que l’on s’éloigne de l’avant. Le « retour en arrière », c’est comme le « tri sélectif », un premier mot pour signifier une chose et un second attaché comme un wagon pour bien appuyer le propos. C’est la définition du pléonasme. Continuer la lecture

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