Protocole

Tous les quatre ans, le 20 janvier, Potus et Flotus s’installent dans leur résidence officielle. Parvenus, lors de l’élection, au mitan de leur vie, si ce n’est plus, les présidents accèdent à la magistrature suprême en ayant déjà contracté mariage. Selon le rite de la religion dont ils se réclament, car un athée ostensible n’aurait, en l’état actuel, aucune chance devant les électeurs. Ce jour là, ils représentent, par construction, le couple états-unien modèle. Ensuite, ce sera vie privée, sauf à se faire pincer à cause d’une stagiaire conservant par devers elle une petite robe bleu marine porteuse de l’ADN présidentiel.
Au reste , dès que le mari a manifesté des velléités de se porter candidat à la candidature, tous les fouille-merdes ont gratté dans son voisinage afin de dénicher l’anicroche contraire aux valeurs conjugales. Une liaison clandestine, ne serait ce que le coup d’un soir, et c’en est fini des espoirs d’investiture. Pour les Républicains comme chez les Démocrates. La mésaventure du sénateur Gary Hart, donné gagnant jusqu’à plus ample information, est là pour en témoigner.

Devenu représentant de son parti pour la conquête des Grands électeurs, l’impétrant est entré en campagne, son épouse l’assistant de sa figuration intelligente…..ramenant, le cas échéant leur descendance sous les projecteurs, en avant scène, lors des meetings. Une fois proclamés vainqueurs, ils devront afficher leur parfaite entente, se tenant par la main dès qu’approche une caméra. Cela aussi fait partie du job.

Lorsqu’une femme deviendra Potus (President of the United States), l’époux sera dit Fgotus (First Gentleman of the United States), acronyme plus malaisé à prononcer. La seule véritable difficulté résiderait dans l’élection d’une femme engagée dans une union homosexuelle. Potus (President of the United States) serait également Flotus !!! (First Lady of the United States) et sa conjointe Slotus (Second Lady of the United States),dénomination revenant habituellement à l’épouse du vice président, dès lors Tlotus (Third Lady of the United States, encore inusité) par la force des choses. First gentleman incomberait à monsieur Douglas Emhoff, mari de Kamala Harris, s’il arrivait malheur à Joe Biden… ( Des journalistes d’une infinie délicatesse n’ont pas manqué de souligner, vu l’âge du sus-dit, qu’elle était à un battement de cœur du bureau ovale). Après avoir été Potus pendant deux mandats, William Jefferson Clinton serait devenu Fgotus, si d’aventure son épouse Hillary, née Rodham, avait triomphé du regrettable Donald Trump.

L’existence de la First Lady trouve son origine dans le modèle de la reine consort, non régnante, de la monarchie britannique. Maîtresse de la Maison Blanche, elle organise et participe à différentes cérémonies, avec Potus ou par délégation. L’attribution est d’ailleurs sans spécificité absolue, car, à plusieurs reprises, le président étant veuf ou célibataire, on dénomma ainsi, selon le cas, sa fille, sa mère, sa bru, sa sœur. À Washington DC, le président ne doit jamais être seul.

Flotus est un titre totalement ambigu, couramment employé, mais ne comportant ni consécration réglementaire, ni obligations, ni rémunération. Il exclut toutefois que la titulaire occupe un emploi extérieur. Depuis la loi du 2 novembre 1978, elle est assistée d’une équipe, l’aidant dans la gestion de sa demeure officielle, et ses activités latérales.
Il s’agit là de bonnes œuvres relevant de causes non clivantes du point de vue politique.
Ce qui n’exclut pas qu’elle puisse avoir, dans l’intimité, l’influence d’un ministre sans portefeuille… Une First Lady n’est pas obligatoirement une potiche.

Son absence de statut constitutionnel s’avère des plus pertinentes, le contraire ferait peser sur elle des responsabilités, donc d’éventuelles sanctions. Et quelles punitions frapperait Flotus manquant à ses devoirs ? L’interdiction de paraître momentanément à la Maison Blanche ? Une procédure d’impeachment ? Un divorce temporaire ? Définitif ?
On sent bien que, dès l’origine, un bataillon de lawyers s’est penché sur le problème.
À la fin du mandat, Flotus prend congé du personnel, et transfère aux archives nationales les présents qu’elle a pu recevoir lors des visites d’État, soigneusement répertoriés au fil du temps par l’administration compétente. Elle peut conserver les babioles n’excédant pas 375 dollars, voire racheter les plus onéreuses auxquelles elle tient.

Il est d’usage que la Flotus montante offre un cadeau à la Flotus descendante. Melania Trump avait prévu pour Michèle Obama un cadre en argent de chez Tiffany. Cette année, la question ne s’est pas posée, les Trump ayant pris leur hélicoptère d’escampette avant la passation de pouvoir. On l’aura compris, dans l’hypothèse ou existerait une traduction française de Flotus, le rôle n’est pas fait pour les copines.

Jean-Paul Demarez

Illustration: ©PHB

 

 

 

 

 

Print Friendly, PDF & Email
N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Anecdotique. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Protocole

  1. Yves Brocard dit :

    Le protocole américain est un peu compliqué!
    N’avez-vous pas fait une petite erreur à la première phrase du troisième chapitre: « Lorsqu’une femme deviendra Potus (First Lady of the United States)… ». Ne serait-ce pas là une Flotus? Ou l’avez-vous fait exprès, pour voir si le lecteur suit, pour le réveiller, ou pour une autre raison?
    Heureusement, en France, tout est simple et limpide. Les présidents n’ont qu’une femme officielle, et s’y tiennent. Et nous n’avons pas de présidente…

  2. Jean Paul Demarez dit :

    il faut lire « deviendra Potus (President of the United States) » …..il y a eu une erreur de traduction…. Merci de l’avoir remarqué

  3. philippe person dit :

     » regrettable Trump »… C’est vrai qu’on le regrette déjà !
    Je me souviens, quand il a été élu, j’étais à Bordeaux avec quelques journalistes, dont une du Monde et une autre de France Culture… Elles pleuraient ! Comme si l’élection américaine les concernait personnellee!
    Je n’arrive pas à comprendre l’implication des journalistes français, presque tous pro-démocrates. On voit déjà la différence de traitement : quand JB, juste avant d’être investi, va à la messe comme presque chaque jour, personne ne l’a traité de bigot…

  4. Bernadette Soudan dit :

    Dans votre liste de titres protocolaires, vous avez juste oublié de mentionner le FDOTUS ! , ( First Dog Of The United States) Depuis le 20 janvier ce sont Major et Champ.

Les commentaires sont fermés.