Il est possible de deviner l’histoire de cette aile d’insecte. Elle a été retrouvée à la page 117 du « Manuel du gradé de l’artillerie de campagne », édition de 1917. Cette page décrit comment l’officier doit mener son cheval « en main », former et rompre un parc. On peut donc supposer qu’à ce stade, l’officier ou l’apprenti officier ait remis la lecture de la suite à plus tard, soit que c’était l’heure de l’appel, de l’apéritif ou du feu. Toujours est-il que l’insecte qui passait par là, traçant vers une destination pour nous mystérieuse, a vu sa trajectoire s’arrêter net. Un dommage collatéral comme on dirait de nos jours. Nettement plus loin, page 362, il a été aussi bien émouvant de retrouver un brin de paille, marquant l’apprentissage de l’alphabet morse. Banal mais délicat débris végétal qui porte encore en ses rainures l’atmosphère, sonore et olfactive, du front. Continuer la lecture
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Forcément, avec toute cette vie à militer pour la liberté en général et celle de l’art en particulier, les yeux se sont un peu plissés. C’est peut-être aussi l’ambiance si lumineuse de son jardin qui veut ça. D’ici quelques jours, Jean-Jacques Lebel aura 84 ans. Juste avant de parler il a commencé par enfiler son masque anti-virus et invité son interlocuteur à faire de même. La résolution, bonne ou mauvaise, a tenu deux minutes. Rien d’étonnant chez cet homme qui a lutté tout au long de son existence contre les carcans et les systèmes. Au point qu’il en sera de même après sa mort. Sa belle maison contemporaine, nichée tout au bout d’une impasse du 9e arrondissement, il n’en a plus que la jouissance. De même que le millier d’œuvres qu’il a glanées tout au long de son parcours. Selon sa volonté, tout est déjà parti dans un fonds de dotation. Ce trésor, désormais inaliénable, sera en partie à découvrir au Musée d’Arts de Nantes à partir du 17 juillet. L’exposition devait débuter en mars, mais le coronavirus a brûlé au printemps, les pages des agendas culturels.
En 2018, Jean-Marie Laclavetine prend conscience de ce rêve récurrent qui le surprend aux petits matins, d’une jeune femme en robe blanche qui le regarde, lui assis en terrasse, elle debout en face au coin de la rue. Elle lui fait porter des fleurs par un jeune garçon. Et disparaît. Longtemps, Jean-Marie Laclavetine a cru que cette jeune femme était sa mère, Janine. Il ne comprend pas très bien ces images qui le renvoient à ses origines. Il hésite alors à écrire sur sa mère et renonce : « elle n’aurait pas aimé du tout être mise en avant ».
En 2008, ils nous faisaient découvrir “La bionique” (1), puis, en 2014, avec “Poulpe Fiction” (2), nous présentaient des découvertes technologiques, aussi passionnantes qu’amusantes, inspirées des animaux : hydrolienne-thon, robot-poulpe-sous-marin, humanoïde-auxiliaire de vie, prothèse contrôlée par ondes cérébrales… Aujourd’hui, Agnès Guillot, docteur en psychophysiologie et en biomathématiques, et Jean-Arcady Meyer, ingénieur et docteur ès sciences naturelles, avec leur nouvel ouvrage “L’or vert – Quand les plantes inspirent l’innovation”, nous emmènent, d’une plume alerte et non dénuée d’humour, à la découverte de plantes très inspirantes. Un aperçu de la bio-inspiration végétale édifiant et en tout point captivant !
Ils sont formidables, ces artistes et intellectuels anglais! Tous contre le Brexit, naturellement, et ils le disent, John le Carré en tête ! Peu importe ses quatre-vingt-neuf ans, peu importe son extraordinaire longévité d’être humain et d’écrivain, David Cornwell n’est pas près de se résigner !
Devant sa boîte de pinceaux, démasquée pour les besoins de la photo, elle colorie des anges. Brigitte de Cuyper a eu un jour cette idée paraît-il unique, celle consistant à ouvrir une échoppe consacrée aux anges, rien qu’aux anges. Au pied du funiculaire de Montmartre, malgré l’absence de touristes due à la « guerre » sanitaire, elle tient son fonds de commerce depuis plus d’une vingtaine d’années, juste après la mort de son père. Un des gros avantages de la matière angélique, explique-t-elle, c’est que les clients qui viennent la voir, sont toujours aimables. Ils n’élèvent jamais la voix. « La boutique des anges » est ce faisant, le symétrique inverse d’une boutique de télécoms où l’abonné le plus souvent fulmine, devant moult tracas. Il semble bien évident qu’un service après-vente serait ici superflu.
Le froid qui pénètre par la fenêtre entrebâillée m’a saisie pendant mon sommeil. Réveil engourdi, recroquevillée en chien de fusil au fond du lit. Je déplie ma jambe et bascule vers lui pour me lover contre sa chaleur. Les yeux toujours clos, je tends mon bras à la rencontre de son corps. Qu’il me serre contre lui. Retrouver le goût de ses baisers sur mes lèvres. Rêve ardent. Ma main se heurte au vide. Brusquement mon cœur bat fort, mes yeux s’ouvrent grand, mes rêves se grippent. Sursaut. Je rabats le drap et me lève d’un bond. Sur le matelas vide, la forme incurvée de son corps.
Le fait qu’un distributeur de films américain s’est décidé à ôter de son catalogue le film « Autant en emporte le vent » pour ses « préjugés racistes » a suscité un débat. C’est une tendance que l’on observe depuis plusieurs années. Celle qui consiste à purifier le passé en l’indexant sur l’évolution morale. Celle aussi qui revient pour un auteur ou un artiste à se censurer de ses propres mains afin de ne pas contrevenir au politiquement correct. Or il se trouve qu’au début de l’année, est sortie en librairie, une fort amusante BD traitant des absurdités du siècle en cours. Intitulé « Faut pas prendre les cons pour des gens », l’album s’ouvre précisément sur une histoire mettant en scène, dans une librairie, une acheteuse des « Misérables », le fameux roman de Victor Hugo. Comme elle s’étonne auprès du vendeur de découvrir des pages pratiquement vides, celui-ci lui explique qu’il a fallu tenir compte des remarques d’une association contre la maltraitance des enfants, du syndicat des policiers qui s’offusquait de voir leur profession « stigmatisée » à travers le suicide de Javert et, également, des féministes s’indignant de la prostitution de Fantine.
À la question “Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ?”, les ouvrages les plus ardus se présentent aussitôt à notre esprit, histoire de bien occuper notre temps sur cette île où les occupations se feraient immanquablement rares. La période de réclusion imposée que nous venons de vivre, où toute sortie culturelle était bannie pour une durée alors inconnue, pourrait trouver quelques similitudes avec celles d’un naufrage proche d’une contrée inhabitée. Les conditions n’étaient-elles pas alors réunies pour lire ou relire Proust tranquillement, sans interruption, volume après volume ? Ce moment de vie étrange semblait ainsi réunir les conditions de calme et de concentration nécessaires pour se lancer d’une traite dans les quelque quatre mille pages que comporte la « Recherche ». Pour certains, le temps de lire “À la recherche du temps perdu” (1) était enfin venu…
Il n’y a pas que des coups de foudre amoureux, il y a aussi des coups de foudre scientifiques. C’est ce qui est arrivé à Nicole Ostrowsky lorsqu’elle a pénétré dans l’Exploratorium de San Francisco au début de l’année 1981. Elle fut tout simplement éblouie par ce musée dirigé par Frank Oppenheimer (frère de celui qu’on surnommera « le père de la bombe atomique »), sorte de Palais de la Découverte à la puissance cent, avec son immense espace dévolu au « Do it yourself », manipulations et expériences ouvertes à tout un chacun.