Grands frissons yankees

Don Winslow est célèbre notamment pour ses deux ouvrages consacrés au trafic de drogue mexicain. La scène qui ouvre son best-seller « La griffe du chien » (2005 aux Etats-Unis, 2007 en France) est située à El Sauzal, Etat de Baja California, Mexique, 1997, et commence ainsi :
« Le bébé est mort dans les bras de la mère ».
Le corps de la mère couvrant celui du bébé dans une terrible torsion, un vain effort pour lui éviter la mort.
Suit la description du massacre de dix-neuf personnes – hommes, femmes, enfants – parmi les plus glaçantes de la littérature
Art Keller, quarante-sept ans, membre de la DEA (Drug Enforcement Administration, l’agence américaine de lutte contre la drogue créée en 1973 par Nixon) contemple ce massacre dont il est responsable : il a fait croire que le chef de famille était un informateur.
Puis il nous raconte sur plus de huit-cents pages la lutte perdue par les États-Unis contre les cartels de drogue mexicains et colombiens entre 1975 et 1997. Continuer la lecture

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Morphologies imaginaires

Mine de rien, ça lui plaît de tromper son petit monde avec ses animaux venus du fond des âges à moins que, au contraire, ils aient déjà muté et appartiennent à notre futur. Ça lui plaît aussi de présenter des bronzes qui ont un aspect de bois flotté à moins que ce ne soit l’inverse. Le visiteur s’y perd et lui s’amuse.
Quentin Garel travaille sur le monde animal depuis vingt ans déjà. Vingt ans qu’il a ouvert son regard sur la beauté animale et sur sa diversité. Et pourtant il n’est ni sculpteur animalier ni militant de la cause animale. Il est dans un autre registre, il témoigne, il interroge, il met en scène pour mieux interpeller… et observe les réactions du public de son œil malicieux. Cela se passe à Saint-Pierre-de-Varengeville en Seine-Maritime. Continuer la lecture

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L’art contemporain s’invite à Fontevraud

L’Abbaye Royale de Fontevraud, située aux confins des trois provinces du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine – l’actuel Maine-et-Loire -, proche de la ville de Saumur et d’un autre lieu historique tout aussi majestueux et emblématique, le Château de Montsoreau, est l’une des plus grandes cités monastiques d’Europe héritées du Moyen Âge. Doté d’une histoire particulièrement riche et singulière, inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco, ce site de treize hectares installé dans une vallée des plus verdoyantes est décidément de toute beauté. Depuis peu, l’art contemporain y est le bienvenu. Continuer la lecture

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La mort est une chose transitoire…

… ainsi qu’aimait le rappeler le poète américain Alan Seeger, notamment cité en liminaire par le critique anglais William Archer, dans un recueil de poésie publié et traduit chez Payot en 1918. Il se trouve que le nom de ce poète mort lors de la première guerre mondiale le 4 juillet 1916, a réapparu sous les feux de l’actualité puisque la maison Taittinger a fait savoir au début du mois, qu’elle avait acquis l’édition originale du poème « Champagne ». Car le texte, c’est là le lien avec la marque champenoise, invite précisément à déguster le seul vin à même et en toutes circonstances de dissiper les états d’âme. Ce que la première dépêche AFP sur le sujet avait néanmoins omis de préciser, c’est qu’Alan Seeger avait été un ami de Guillaume Apollinaire et également un collaborateur des Soirées de Paris avec, dans le dernier numéro d’avant-guerre, un article parfaitement décalé sur les joies du base-ball. Continuer la lecture

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Elle était belle et ne se taisait pas

L’actrice Delphine Seyrig, disparue en 1990 à l’âge de 58 ans, a laissé dans les mémoires le souvenir d’une voix unique, éthérée, aux inflexions troublantes. Cette voix allait de pair avec une incontestable présence. Antoine Doinel, dans une scène savoureuse de « Baisers volés » de Truffaut, la décrit comme une « apparition ».
Le succès du film « L’année dernière à Marienbad » d’Alain Resnais (1961) lui doit beaucoup. Ce film la propulsa au rang de star. L’actrice tourna avec les plus grands, en particulier Joseph Losey (« Accident », 1967), Jacques Demy (« Peau d’âne », 1970), Buñuel ( « Le Charme discret de la bourgeoisie », 1972) ou Marguerite Duras (« India Song », 1975). Cette notoriété hors du commun serait suffisante pour qu’une institution publique lui consacre une exposition. Continuer la lecture

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Jeanne d’Arc lui doit tout…

…  et surtout son bûcher. En effet, si la santé avait laissé à Bertrand du Guesclin le temps d’achever la mission de sa vie, la France aurait été définitivement libérée des Anglais. Née un peu plus de trente ans après lui, la « Pucelle d’Orléans » a donc dû terminer la tâche du Breton jusqu’à sa propre fin pénible. Et le point précis qui justifie cette chronique de vendredi, -car il existe- c’est qu’il y aura 699 ans demain, un 6 juillet donc, que Bertrand du Guesclin (1320-1380) commença à ressentir les premières atteintes d’un mal qui devait l’emporter quelques jours plus tard. Il serait intéressant de savoir si un autre journal y a pensé, gageons que non. Et grâce au livre de sa biographe Micheline Dupuy, il est possible de narrer la fin de ce fabuleux guerrier. Selon elle, c’est le 6 ou 7 juillet que le preux chevalier s’alita. « Le héros de Cocherel, écrit-elle, le capitaine souverain des Grandes Compagnies, le plus valeureux soldat de la guerre de Cent Ans, était,  cloué sur un lit de camp, incapable de se lever, de donner un ordre ». Continuer la lecture

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Dans les marges du Tour

Chose inédite cette année depuis plus de 100 ans, chaque maillot jaune vainqueur d’une des vingt et une étapes du Tour de France, passera à proximité ou à travers les nombreux ronds-points médiatisés par les gilets jaunes. Les objectifs poursuivis dans les deux cas sont bien loin d’être les mêmes mais la coïncidence chromatique entre le gilet et le maillot interpelle. Il serait tentant de disserter à ce propos mais le sujet est beaucoup trop glissant, à l’instar d’un Paris-Roubaix, pour s’y risquer.

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Silence, moteur, on opère

Normalement l’exposition Gaumont qui vient de prendre place dans l’enceinte de l’hôpital Lariboisière à Paris est destinée à apporter, via de très nombreuses affiches, un peu de réconfort aux patients. Mais on peut aussi imaginer que cette ambiance cinématographique en vienne à déteindre sur le personnel. Et que le chirurgien introduisant une caméra par voie rectale afin de procéder à une coloscopie ne soit tenté de commencer son acte par un sonore « moteur« , tandis que son assistant lui répliquerait « ça tourne« . On pouvait craindre une exposition gadget, il n’en est rien. Elle valorise au contraire ce bel hôpital construit comme un palais au 19e siècle grâce à la générosité de la comtesse Élisa de Lariboisière. Continuer la lecture

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Dufy au Havre, une liaison indéfectible

Le nom du Havre est généralement associé à celui d’Auguste Perret, l’architecte qui a rebâti son centre-ville au lendemain de la seconde guerre mondiale. Grâce à la préfabrication et à l’utilisation du béton, Perret a su créer un ensemble unique et homogène, classé en 2005 au patrimoine de l’Unesco.
On associe moins Le Havre à Raoul Dufy. L’exposition « Dufy au Havre » qui se tient actuellement au MuMa, musée d’art moderne André Malraux, est l’occasion de rappeler que ce peintre majeur du XXe siècle, qui est né au Havre, est resté fidèle à sa ville natale toute sa vie. Continuer la lecture

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Offrandes funéraires en papier de Taïwan

Le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac s’est associé au Centre culturel de Taïwan et au musée des Beaux-Arts de Kaohsiung pour réaliser une exposition des plus surprenantes, tout du moins au regard des Occidentaux que nous sommes : “Palace Paradis. Offrandes funéraires en papier de Taïwan”.  Qui, en effet, n’a jamais souhaité retrouver les plaisirs terrestres après la mort ? Dans la civilisation chinoise, la coutume d’inhumer les défunts avec des répliques d’objets quotidiens remonte à plus de 3000 ans. A Taïwan, les offrandes funéraires en papier (zhizha) se rattachent à cette longue tradition. Elles sont brûlées, lors de cérémonies funéraires, dans le but d’assurer le confort matériel des défunts dans l’au-delà. Des commandes ont donc été ici passées à deux ateliers de renom, les ateliers Hsin-Hsin et Skea, pour réaliser ces créations de papier. Continuer la lecture

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