Une école qui a du coffre

ESMOD, la célèbre école internationale de mode s’est installée dans les bâtiments de la Banque de France de Pantin (93) au début de l’année 2018, poursuivant ainsi les mutations de cette ancienne ville industrielle en haut lieu de la mode et du luxe. Après Chanel et Hermès, c’est au tour de L’École supérieure des arts et techniques de la mode, de venir apporter la touche chic supplémentaire à une commune qui décidément n’en manque pas.

Photo ci-contre: Benoit Le Douarin

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Le duo

En ces temps d’éducation sexuelle parfaitement inexistants, Nicole Groult avait demandé à Marie Laurencin de l’accompagner chez le médecin afin d’obtenir en la matière, des rudiments lui permettant de se comporter avec son mari. L’homme de science ne s’est pas étendu, se bornant à indiquer à la première: « Madame vous êtes tout à fait normale et ça doit entrer par là… où je vous montre. » Avec ce genre de viatique strictement limité aux acquêts il aurait pu rajouter « bonne chance » mais le livre de Françoise Cloarec ne le mentionne pas. Cette anecdote a été révélée à l’auteur par Benoîte Groult. Quant à son livre, « J’ai un tel désir », il explore la relation amoureuse entre deux femmes dont l’une était couturière-styliste et l’autre peintre. Continuer la lecture

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La fourmi du téléviseur

L’une de ses antennes cassées penchait trop à droite. Malgré une solution collante à base de fil d’araignée appliquée maintes et maintes fois sur la jointure défaillante, le fin mandibule ne cessait de fléchir comme s’il allait tomber. Ainsi allait Clara la fourmi qui traînait ses vieilles jambes jusque chez le glacier. Car l’âge venu elle aimait de plus en plus le sucre. Son postérieur n’avait plus le bel aspect rebondi de sa jeunesse et sa démarche claudicante laissait croire, vue de dos, qu’elle portait un vieux sac. Mais l’abdomen tenait bon. Clara fit une pause pour se gratter le bas de son œil gauche affecté par une conjonctivite chronique et reprit son chemin. Continuer la lecture

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Patti Smith, un irrésistible besoin d’écrire

Un peu plus de deux années se sont écoulées depuis la parution de “M Train”, son dernier livre. Fin juillet 2017, Sam Shepard, le séduisant et ténébreux cow-boy, déclencheur involontaire de cet opus, s’en est allé rejoindre d’autres fantômes chéris… (1). Mais Patti Smith nous semble toujours la même, figure attachante et si merveilleusement familière après quelques livres personnels et émouvants d’une rare sincérité, dont le désormais cultissime “Just Kids” … (2). Nous la retrouvons non plus à New York, mais à Paris. Loin de Greenwich Village, elle se pose quelques jours dans le quartier de Saint-Germain des Prés où elle a ses habitudes et s’interroge sur son irrésistible besoin d’écrire et ce processus de création si mystérieux, nous livrant, par la même occasion, la courte œuvre de fiction qui donne son titre au livre : “Dévotion”. Continuer la lecture

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Amos Oz, la douleur et l’audace

On vient d’apprendre le 28 décembre dernier la disparition, à 79 ans, des suites d’un cancer, du grand écrivain israélien Amos Oz. Mais il ne faudrait pas que son inlassable croisade en faveur de la paix éclipse son talent d’écrivain, qui est immense. Parmi une quinzaine de romans et quelques douze recueils de nouvelles et d’essais, il reste à tout jamais l’auteur de « Une histoire d’amour et de ténèbres », considéré comme son chef d’œuvre, publié en 2002 (2004 en France), qui lui valut une réputation mondiale.
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L’autre Bilbao: Gexto et Portugalete

Depuis 1997, date de son ouverture, le nom du musée Guggenheim colle à Bilbao comme une seconde peau. Si on ne peut nier le rôle important joué par ce temple de l’art contemporain pour sortir la ville de sa dépression post-industrielle et l’entraîner vers un XXIe siècle plus lumineux, le Guggenheim a parfois tendance à focaliser l’attention sur lui. Il serait pourtant dommage de négliger les autres trésors de Bilbao et de sa banlieue. Continuer la lecture

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L’histoire d’un vieux quotidien et d’un vieil hôpital oranais (épilogue)

Le bureau est sombre, les volets sont clos. Nous sommes dans le bureau du directeur de El Djoumhouria, un quotidien oranais dont le nom signifie La République. Avant l’indépendance c’était l’Écho d’Oran, un journal francophone. Son origine remonte au milieu du 19e siècle. Il sera dirigé par trois générations de Perrier ce qui était déjà le cas quand Apollinaire posa les pieds sur le sol algérien. Après eux la tâche incombera à Pierre Laffont dont le patronyme connaîtra plus tard un certain succès dans l’édition. Le plus étonnant est que le bureau de la direction est resté intact, dans une ambiance amniotique qui sent bon la fermentation. La dynastie des Perrier ne serait pas fâchée d’y retrouver son mobilier, son décor, ses petits objets qui évoquent l’époque de Napoléon III ou plus tard la tendance Art-Nouveau puis Art-Déco. Il y a ici quelque chose de sacré que personne n’a voulu toucher. Le directeur actuel avoue préférer travailler ses dossiers sur la grande table plutôt qu’au bureau de ses prédécesseurs. Continuer la lecture

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L’Algérie d’Apollinaire en 2017 (seconde partie)

Il y a l’aile de l’avion et plus bas les côtes africaines qui commencent à se dessiner. Au sol se trouve l’aéroport Ahmed Ben Bella. Des avions se posent sur le site depuis au moins 1909. Ce n’était alors qu’un aérodrome. Plus tard il y a eu la base française 141. Les premières pistes en béton datent des années cinquante. D’en haut le regard peut embrasser la ville d’Oran et et sa rade. Il a fallu près de trois jours à Apollinaire pour accomplir le trajet entre Marseille et Oran. Depuis il ne faut plus que deux heures de patience avec un avion moderne. Nous sommes le 20 décembre 2017 soit un peu plus de 100 ans après le voyage du soldat-poète. A cette époque de l’année, les températures sont un peu fraîches le matin, bien plus douces l’après-midi. En Oranie dit-on, il ne neige que tous les cinquante ans. C’est d’ailleurs dans cette région qu’a été implantée l’une des premières stations météorologiques du monde. Une plaque, dans l’enceinte même du fort de Santa-Cruz rappelle cet événement. Continuer la lecture

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L’Algérie d’Apollinaire (première partie)

Le coup avait été médité de longs mois. Il y avait eu ce visa délivré au mois de décembre 2017 par un attaché de l’ambassade d’Algérie. À l’hôtel Colombe, le guide attendait. Un confrère journaliste avait prévenu. Abdeslem Abdelhak c’est « le » connaisseur d’Oran, la deuxième ville du pays. Le temps d’échanger quelques mots avec ce sexagénaire d’emblée sympathique, de poser en vitesse les bagages dans la chambre et je lui explique l’objectif principal assorti d’un contexte express : entre la fin d’année 1915 et les premiers jours de 1916, Guillaume Apollinaire a vécu dans le quartier Lamur rebaptisé El Hamri après l’indépendance. Il était venu retrouver Madeleine, sa fiancée (voir seconde partie). D’après le plan c’est à vingt minutes à pied depuis l’hôtel. Continuer la lecture

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La Vierge au pays des pizzas

Quand la madone lui fait des signes afin qu’elle réussisse sa marche arrière, Lucia obtempère. Et aussi lorsqu’elle descend de sa  voiture elle se tourne vers l’apparition et lui dit « très drôle », tentant en l’occurrence d’amoindrir l’importance du phénomène surnaturel par une raillerie agacée. Névrosée ordinaire de la société italienne, mère célibataire, géomètre-expert à la commande, Lucia voit sa vie bouleversée par la matérialisation de la Vierge Marie dans son champ de vision alors qu’elle est en train de prendre des mesures en pleine campagne pour les besoins d’une construction moderne. Le film de Gianni Zanasi s’intitule « Troppa Grazia » et il faut se dépêcher d’aller le voir au rythme actuel où il se déprogramme, seulement quelques jours après sa sortie. Continuer la lecture

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