Dans les librairies, les rayonnages théâtre, s’ils ne sont pas les plus volumineux, regorgent de mille récits d’expériences diverses, signés de metteurs en scène, d’acteurs, d’auteurs, de costumières – qui sont plus rarement des costumiers. Alors pourquoi s’enquérir de ce nouvel arrivé «Les nuits d’amour sont transparentes pendant la nuit des rois» signé de Denis Podalydès ? D’abord parce que le théâtre est une source d’inspiration qui ne s’épuisera pas et c’est tant mieux. Ensuite parce que Denis Podalydès n’est pas seulement un excellent acteur, c’est aussi un écrivain. Enfin, parce que pénétrer page après page dans les coulisses de la Comédie Française où, en 2018, Thomas Ostermeier montait «La nuit des rois» est une plongée par effraction dans une folle spirale de créativité, semée de doutes et d’enthousiasme, portée moins par des individus-acteurs que par une troupe qui fait corps avec le projet. Évidemment, tout au long de ces 250 pages, l’auteur de ces lignes s’est mordu les doigts de n’avoir pas vu le spectacle. Mais au bout de ces 250 pages, on a vu mille autres choses qui ne se voient pas depuis les fauteuils de la salle Richelieu. Continuer la lecture
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À part un bouquet de fleurs récemment posé, la tombe de Honoré Daumier, souffrirait un petit entretien. De là on voit très bien celle bien plus large de Jean-Baptiste Corot (ci-contre), surmontée d’un buste, avec un jardinet fort négligé au pied. L’hiver qui s’approche accentue l’idée qu’une époque est bien révolue. Pour ces deux grands artistes, locataires à vie du Père Lachaise, il s’agit d’une bienheureuse proximité. Car leurs histoires sont liées. Et pas seulement via ce bon voisinage qui leur permet, la nuit, d’échanger des chuchotements. Lesquels d’ailleurs n’effraient pas les corneilles, grands-ducs et autres animaux variés du cimetière car ils en entendent bien d’autres. Dans un livre paru en 1953 aux éditions Aimery Somogy, l’historien d’art allemand Curt Schweicher, lève -trop peu- le voile sur l’amitié entretenue par les deux hommes.
Le plus conciliant des programmateurs d’une chaîne de télévision n’aurait pas accepté un scénario aussi indigent, mais, on l’aura compris, c’est une façon de parler, car on a vu pire. Cependant, la signature de Pedro Almodovar valant -à juste titre- son pesant d’or, son dernier film a quand même débarqué dans les salles obscures. Que l’on juge du menu: deux mères qui accouchent en même temps suivi d’une inversion (oups) des bébés et l’on a à peu près tout dit. Jusqu’au moment où, ô surprise, grâce aux bienfaits des tests génétiques, l’une se rend compte que ce n’est pas le bon. Et l’autre qui entretemps est tombée amoureuse de la première, ce qui nous vaut au passage une petite scène saphique, récupère le sien. Avec d’autant plus d’énergie que celui qu’elle avait commencé à élever est mort rapidement. C’est donc l’histoire de Janis (Penélope Cruz) et Ana (Milena Smit). Cette trame fort peu originale, dépourvue de toute audace, nous devons la suivre deux heures durant. Comme le disait une spectatrice à la fin de la projection: « Le générique est bon ». Sur le plan strictement graphique, il faut être juste, c’est vrai.
En ce temps là, en terres chrétiennes, les séquences étaient bien séparées : le 25 décembre, les fidèles célébraient la naissance du Christ; le 6 du même mois, sous les auspices de Saint-Nicolas, les enfants sages avaient reçu des cadeaux, les autres se trouvant sous la menace du Père Fouettard, l’acolyte inséparable de l’ancien évêque de Myre. L’époque moderne a chanstiqué ce bel ordonnancement. Le Père Noël, incarnation du matérialisme athée, porte un tort irrémédiable aux affaires du Petit Jésus. La crèche, l’âne et le bœuf, les bergers et les rois mages, le mystère de l’Incarnation, forment un segment trop restreint pour le potentiel commercial des fêtes de fin d’année. Le Père Noël, lui, a su développer un accélérateur économique adapté aux caractéristiques de la mondialisation. Sous toutes les latitudes.
Deux salles, une ambiance. Celle de la bonne soirée au théâtre. Du chant, du rire, de l’émotion, une énergie folle et communicative, du théâtre dans le théâtre, du rêve et du réalisme. La vie quoi ! Et deux bonnes idées pour les fêtes. Plouf plouf, … rue Blanche tout d’abord, où « Les Producteurs » font fureur. Un nom est tout en haut de l’affiche, et pourtant il n’a pas en amont tenu la plume. Il est en retrait par rapport à «ses» pièces précédentes, et conserve cette fois la direction artistique. Avec toujours cette capacité à créer un ballet magique des décors et des comédiens, tous virevoltent dans une valse à mille temps. Ce nom en haut de l’affiche, c’est Alexis Michalik, l’enfant chéri du théâtre français. Qui se frotte cette fois donc au texte d’un autre. Et quel autre ! « Les Producteurs », à l’origine en 1968 un film de Mel Brooks, Oscar du meilleur scénario original. Film adapté avec grand succès en comédie musicale en 2001 à Broadway par le même gai luron. Un spectacle qui débarque respectueusement en France vingt ans après.
Edgard Moreau est un de ces petits génies français qu’on suit avec ébahissement au fil du temps. Il est vrai qu’il a commencé son parcours au violoncelle à quatre ans, et donné son premier concert à onze ans avec l’Orchestre du Teatro Regio de Turin sur l’instrument chéri d’Offenbach. Ensuite, il a aussitôt joué avec de grandes formations de par le monde, de Saint-Pétersbourg et Moscou à Paris avec l’Orchestre national de France sous la direction de notre cher Alain Altinoglu, en passant par Caracas ou Hong Kong. En 2009, à quinze ans, il est lauréat du concours Rostropovitch (Prix du Jeune soliste) et remporte deux ans plus tard (à dix-sept ans !) le deuxième prix du concours Tchaïkovski à Moscou.
Le zoubre est un ruminant susceptible. Variant hybridé du bison, lorsqu’il repère ce dernier, il charge. Et cela complique un brin la tâche de Nikita Zimov quand il faut l’éloigner du troupeau. De surcroît il ne compte que deux bisons mâles dans son cheptel et en perdre un le contraindrait à en importer un neuf depuis l’Europe occidentale jusqu’à sa Sibérie septentrionale. Et ce n’est pas la moindre difficulté à laquelle il doit faire face lorsque l’on regarde le formidable documentaire disponible sur Arte jusqu’au premier février: « Retour à l’âge de glace – L’hypothèse de Zimov » raconte la très attachante histoire de la famille Zimov, déterminée à démontrer que l’on peut sauver le climat en sauvant le permafrost, une terre où prospéraient les mammouths et qui en principe ne dégèle jamais. Le vieux Sergueï Zimov, père de Nikita, est persuadé que c’est là le bon moyen, toutes affaires cessantes, de rétropédaler.
Quelques mets sont attachés à des appartenances politiques, pour en caractériser une nuance particulière. Ainsi parle-t-on de la «gauche caviar», de la «droite camembert».
Dans sa pièce culte “Angels in America” (1992), située à New York en 1985, Tony Kushner revenait sur les années Reagan. Le Parti républicain était au pouvoir et le sida, punition divine infligée aux gays selon l’Amérique puritaine, faisait son apparition, décimant à tout va. Même les anges semblaient impuissants à aider les hommes… Il y a deux ans, Arnaud Desplechin montait de la plus belle des façons la pièce à la Comédie-Française (1), l’ère Trump n’étant pas sans rappeler, par bien des aspects, celle de Reagan. Le personnage de Roy Cohn (1927-1986), conseiller juridique de McCarthy et avocat de Trump père et fils, venait parfaire le lien entre les deux époques. Avec “A Bright Room Called Day”, sa première pièce, écrite en 1985, remaniée et actualisée, en tournée en France, Tony Kushner, 65 ans, remonte encore plus loin dans le temps et relie 1932 à 1985 et 2016. L’ultra-libéralisme et la montée des extrêmes semblent alors liés à jamais, tel un éternel fléau… Une pièce d’une belle intelligence et d’une terrible actualité.
C’est une gamine de huit ans, elle s’appelle Ariana. Elle aime les aventures du « Club des Cinq » et du « Clan des Sept ». Avec ses amis de l’école, elle s’imagine en détective ou en espionne. Avec sa petite bande, ils s’inventent des mystères. Ils lancent de grandes enquêtes sur des sujets microscopiques dans le jardin-jungle de la propriété familiale à Caracas. Ce sont les insouciantes années soixante-dix que vivent d’heureux enfants d’expatriés dans un pays tropical. Un jour, Ariana trouve une drôle de chose dans l’antre-bureau de son père : une carte d’identité, où figurent la photo de son père, doté d’un nom qu’elle ne connaît pas et un timbre-poste représentant Hitler. Ariana ne parvient pas à imaginer ce qui rapproche ce jeune homme des années quarante, Hitler et ce père d’aujourd’hui, certes taciturne, mais adoré et respecté. À huit ans, il y a des enquêtes qui peuvent s’annoncer plus complexes que d’autres.