La première commence le 15 juin 1815. Napoléon et son armée entrent en Belgique, pour affronter une coalition anglo-hollando-prussienne. Du temps ou il était le général Bonaparte, il a peaufiné une stratégie personnelle, testée en grandeur réelle pendant la campagne d’Italie. Celle-ci repose sur une remarquable perception des cartes, alliée à une bonne reconnaissance des champs de bataille. Excellent DRH, il devine la combativité de ses troupes qu’il excelle à galvaniser. Il est maître en l’art des pseudo-retraites, des fausses pistes et des effets de surprise. Il n’hésite pas à utiliser les différentes armes à contre emploi, notamment la cavalerie et l’artillerie. Mais son atout principal réside dans sa rapidité d’intervention, lui permettant de battre successivement les différents ennemis en marche, avant qu’ils aient pu réaliser leur jonction, et se concentrer en un bloc compact. Continuer la lecture
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Le plus étonnant sur cette lettre de Guillaume Apollinaire à l’écrivain essayiste albanais Faïk Bég Konitza, ne vaut pas tant par son contenu que par son en-tête. Postée en juin 1912, elle est siglée d’un tennis-club qui existait alors dans le 16e arrondissement rue Saint-Didier. Une carte postale ancienne nous apprend que les courts étaient ouverts aux joueurs de huit heures le matin à minuit. On savait Apollinaire escrimeur à ses heures mais il est fort peu probable qu’il s’habillait en blanc pour monter marquer à la volée des points au filet, afin de s’inscrire dans les pas du champion de l’époque, Maxime Omer Mathieu Decugis. Selon une notice de Victor Martin-Schmets dans la Correspondance générale de l’écrivain, le papier utilisé ce jour-là par Apollinaire (habitant encore le 16e arrondissement) était sans doute le premier à lui être tombé sous la main. Cette lettre fait partie de la collection littéraire du banquier Hubert Heilbronn qui sera dispersée aux enchères demain chez Sotheby’s à Paris.
Sur l’immeuble tout de jaune où vécut Erik Satie à Arcueil, il y a une plaque comportant des indications kilométriques. Elle informe que la voie n’est autre que la liaison Paris Bourg-la-Reine et que Paris se situe à 2,6 kilomètres. Quand on sait que faute d’argent, le musicien des « Gymnopédies » effectuait tous ses trajets vers la capitale à pied, cela donne idée des distances parcourues. En général il marchait avec son immuable costume fait d’un pardessus noir, d’une veste sombre, d’un pantalon étroit, faux-col, chapeau-melon et parapluie. En 1920, il fit même le trajet Paris-centre-Arcueil dans un smoking que l’un des propriétaires du magasin Old England venait de lui offrir. L’une de ses biographes Suzanne Sens, raconte dans un livre qu’il s’était arrêté à chaque bistrot pour bien montrer « comme il était beau ». Après avoir vécu à Montmartre, Satie (1866-1925) s’était résolu en 1900 à quitter la butte pour habiter une banlieue modeste. Il avait déménagé seul emportant ses effets dans une voiture à bras. La richesse n’était pour lui qu’une vue de l’esprit, une abstraction.
Le 21 juillet 1969, l’amertume des anciens déportés du camp de Mittelbau-Dora devant l’exploit de l’homme marchant sur la lune fut bien réelle. Mittelbau-Dora était un camp souterrain d’extermination par le travail dans lequel les nazis fabriquaient, pendant la Seconde Guerre mondiale, les fusées V2 censées leur donner la victoire finale. Situé en Thuringe, ce camp a longtemps été passé sous silence dans l’histoire de la déportation. Et pour cause, son directeur scientifique, Wernher von Braun, l’inventeur des V2, c’est à dire de la fusée à propulsion liquide, avait été exfiltré par les Américains, dans les tous derniers jours de la guerre. Ceux-ci en avaient fait quelques années plus tard, le directeur du programme Apollo, qui envoya le premier homme sur la lune. Un ancien nazi à la tête d’un tel projet, tout cela n’était pas très présentable. Alors, Dora, fut pendant des décennies, présenté comme un simple camp de travail.
Aucune proustienne, aucun proustolâtre de France et de Navarre ne peuvent ignorer la publication des «Soixante-quinze feuillets» par Gallimard le premier avril dernier. On connaissait par allusion l’existence de ces mythiques feuillets sur grand format (en fait 76 feuillets) censés constituer la genèse de «La recherche», on croyait savoir que Proust les avait écartés de ses écrits mais conservés toute sa vie, alors pourquoi n’avaient-ils pas rejoint la Bibliothèque nationale avec le reste des manuscrits en 1962 ? On les a découverts après la mort de l’éditeur Bernard de Fallois en 2018 parmi ses archives, enfin légués à la BNF, l’éditeur s’étant contenté d’y faire allusion dans sa préface au «Contre Sainte Beuve», publié à titre posthume en 1954.
C’est sans doute un indice de sa popularité en Belgique. Ce ne sont ni des « Oscar » ni des « César » qui récompensent chaque année les meilleurs artistes belges de cinéma, mais des « Magritte ». La cérémonie existe depuis dix ans et la plupart des grands réalisateurs, acteurs ou techniciens belges se sont vus remettre ce trophée. La récompense, une sculpture du designer bruxellois Xavier Lust, est inspirée d’une affiche que Magritte avait réalisée pour un festival de cinéma en 1958.
Quelle est la taille du lit? La pression du pommeau de douche est-elle assez forte? L’immeuble est-il sécurisé? Quelle est la vitesse du wifi? Le gel douche est-il sans sulfates? Recevoir des hôtes très exigeants sous la tutelle de la célèbre enseigne Airbnb, revient très souvent à se compliquer la vie. Mais pas pour rien. Car justement, lorsque Nafissa Tiago tente l’expérience dans son appartement de la Porte de la Chapelle, c’est afin de compléter des revenus aléatoires qu’elle obtient de ses travaux scénaristiques. Avec « Faites comme chez vous, Chroniques Airbnb », Nafissa Tiago nous fait partager son expérience d’hôtesse prise entre deux feux, ses clients d’une part et ses correspondants Airbnb de l’autre. Ces chroniques sont le roman moderne de l’évolution urbi et orbi d’usages fort anciens mais révolutionnés par des algorithmes implacables. C’est bien écrit, instructif et suffisamment drôle pour ne jamais s’ennuyer.
Pour avoir, en 1980, raté un plat, faute d’avoir respecté la recette, Hervé This, étudiant en sciences exactes, s’engagea dans un domaine d’études particulier, les «précisions culinaires». Il s’agissait d’interpréter, en termes physico-chimiques, les sentences et aphorismes transmis, de façon empirique, de chef à apprenti (cf Bernard Loiseau « Trucs, astuces et tours de main Hachette » 1993) ou répétés de grand-mère à jeune fille au dessus des fourneaux. À partir du concept de «gastronomie moléculaire», développé dans sa thèse (1995), il poussera jusqu’à l’invention de préparations nouvelles, fondées sur la connaissance des propriétés des ingrédients et des instruments susceptibles d’intervenir dans leur transformation. En poussant le bouchon à l’extrême, il sera désormais possible de créer des aliments à partir de composés chimiquement purs. Exercice ou s’illustrera le célèbrissime Ferran Adria, « le Dali de la bouffitude», si l’on en croit Périco Legasse, dans son restaurant El Bulli, sur la Costa Brava.
Sur cette reproduction sonore de 1963, Enrico Caruso chante notamment « La donna è mobile », dont le texte est issu de l’opéra de Verdi, « Rigoletto ». Cela fait alors près de quarante ans que le ténor a disparu mais sa notoriété exceptionnelle court toujours. Même avec les moyens techniques de l’époque, l’enregistrement laisse percer la force vocale de l’artiste napolitain. Caruso chante que les femmes sont versatiles, légères, et qu’il ne faut pas se fier à la douceur de leur regard. De quoi se faire pendre haut et court si l’on se réfère à notre époque intraitable sur la question. Mais la musique qui accompagne le texte, d’une énergie phénoménale, gomme l’impair. Errico Caruso, dit Enrico, a expiré il y a cent ans, à l’âge de 48 ans. Et il est bien étonnant de constater l’absence de références biographiques à son sujet. Une grande librairie parisienne consultée, nous a répondu que « non, nous n’avons rien ». Même pas les travaux universitaires publiés à son sujet par un certain Jean-Paul Mouchon. C’est bien dommage.
La préface, très nécessaire, se termine par un véritable plaidoyer : «Onorate l’altissimo poeta! On ne l’a vraiment pas assez fait en France où D’Annunzio a trop souvent été mal jugé ou même rejeté pour des raisons partisanes qui n’ont rien à voir avec la littérature et encore moins avec la poésie». Celui qui se fait ainsi l’apologiste de l’écrivain italien, c’est l’universitaire Jean-Paul Goujon, inlassable défricheur littéraire de terres vierges. S’il en avait besoin (ce qui est possible), le quasiment légendaire Gabriele D’Annunzio (1863-1938) se verrait en partie réhabilité avec la parution de ce texte peu connu, notamment… parce qu’il n’avait jusqu’alors jamais été traduit en français. En l’occurrence, c’est le préfacier lui-même qui nous offre la première version dans notre langue du «Prologue à la Vie de Cola di Rienzo» plus d’un siècle après les premières parutions en italien (1905, puis 1913).