La montée impériale

Le  plafond du ciel apparaît ici de telle façon que l’on pourrait croire une vue sous-marine. Mais c’est le sommet de la Rhune coiffé de quelques nuées. Moitié espagnol, moitié français, le sommet toise Saint-Jean-de-Luz avec au sud l’Espagne et jusqu’à loin, très loin, la côte landaise. À 905 mètres d’altitude, la promenade est rude, sauf si l’on a pris le funiculaire. Une facilité qui n’existait pas le 30 septembre 1859 lorsque l’impératrice Eugénie décidait avec sa suite de donner l’assaut. Continuer la lecture

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Variations en rouge

« Du rouge au vert tout le jaune se meurt », écrivait Apollinaire qui s’y connaissait en couleurs. Hier dans l’après-midi, les médias faisaient état à l’avance d’une surenchère de rouge concernant la cartographie parisienne, touchée par un virus décidément en grande forme. Visiblement et d’après les gazettes, les autorités qui nous gouvernent se penchaient au cours d’un conseil de défense sur un nuancier à même de caractériser l’aggravation de la situation. « Super-rouge » et « écarlate » semblaient tenir la corde alors même qu’il existe autour de cette couleur primaire, une foultitude de possibilités comme la cerise, le pourpre, le bordeaux, le coquelicot, la tomate, le rubicond et bien d’autres encore. Le rouge disait Wassily Kandinsky, « peut déclencher, puisque la flamme est rouge, une vibration intérieure semblable à celle de la flamme ». Et d’ajouter que sa ressemblance d’avec le sang pouvait occasionner une sensation « pénible ». Voilà que nous y sommes. Continuer la lecture

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Man Ray fashion photographer

Lorsque Lee Miller débarque à Paris en 1929, elle convainc l’artiste et photographe Man Ray de la prendre comme assistante. Vu sa saisissante beauté, on peut comprendre que son compatriote ne s’est pas non plus privé de la prendre comme modèle. La rencontre intervient alors dans une ville qui pouvait se targuer du titre de capitale mondiale des arts. Une cité qui concentrait en son sein un nombre incroyable d’artistes et d’écrivains dans la période aussi féconde que l’entre-deux guerres. Au moins Paris a conservé ses musées. Et celui du Luxembourg nous donne justement à voir à partir d’aujourd’hui, une exposition sur Man Ray et la mode, laquelle devait débuter au printemps. Pousser les portes de l’exposition revient donc à emprunter du regard un peu de cette fête achevée il y a si longtemps. Continuer la lecture

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Valises sous les yeux

Au mois d’août 1946, probablement le 19, Madame Cadot, « dans un accès de démence », a tenté d’étrangler son dernier né avant d’absorber le contenu d’un flacon de « sublimé ». Elle était mère de trois enfants et habitait Saintive dans l’Oise. Il y avait d’autres informations plus importantes dans cette édition de l’Aube, quotidien chrétien-démocrate dont la parution a cessé en 1951. Mais en fait ce qui compte c’est que ce journal tapissait le fond d’une valise abandonnée cet été sur un trottoir parisien. Une vieille valise en carton dur, évidemment dépourvue de roulettes, que des renforts métalliques ont protégé d’une usure prématurée. Une petite valise qui ne pouvait contenir que quelques effets. Certains hommes baptisaient ce genre de format « baise-en-ville » avec un regard entendu. Elle est restée sans étiquette, comme sur les bancs de la Chambre, pas moyen de savoir à qui elle appartenait. Continuer la lecture

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Sur de bons rails

Dans la vraie vie il s’appelait Hunter S. Thomson mais dans le livre son patronyme est Walker. Dans la vraie vie elle s’appelle Cheryl Della Pietra, mais dans le livre qu’elle a consacré à l’écrivain américain, elle a choisi de se prénommer Alley. Alors fraîchement sortie de ses études et après un boulot de barmaid, elle s’est trouvé un job consistant à assister le concepteur du gonzo-journalisme, jour et nuit. « Gonzo girl » raconte avec brio comment, à partir de deux heures du matin, elle obligeait Thomson à pondre deux pages qu’elle réécrivait en douce avant de les faxer à l’éditeur. C’est sans aucun doute un « must have » de la rentrée littéraire. Tellement ce bain d’anti-conformisme, de monde déjanté, d’univers irrévérencieux, de comportement dérangeant, d’ambiance malsaine, débouchent paradoxalement sur une lecture ô combien plaisante à dévorer. Continuer la lecture

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Je t’appelais d’une cabine

Il n’y avait pas qu’Apollinaire pour comprendre la révolution téléphonique à venir. Dans son poème « Les Fenêtres », lequel ouvrait en 1913 le catalogue de l’exposition de Robert Delaunay à Berlin, il disait qu’il y avait « un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile » et que ledit poème serait expédié par « message téléphonique ». De nos jours il s’en envoie de par le monde quelque 300 milliards au quotidien soustraction faite des indésirables. Une somme incroyable. Mais non il n’y avait pas qu’Apollinaire pour anticiper cette folle évolution. Seulement 13 ans après l’invention du téléphone par Alexander Graham Bell en 1876, Jules Verne (1828-1905) et son fils Michel (1861-1925) publiaient un recueil de nouvelles intitulé « Hier et demain ». L’ouvrage comprenait « La journée d’un journaliste américain en 2889 ». Continuer la lecture

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Sur les traces du young Lawrence

Avant qu’il ne devienne le célèbre et très mystérieux Lawrence d’Arabie, officier de liaison espion, défenseur des peuples arabes contre le Grand Turc de 1916 à 1918, Thomas Edward Lawrence devait passer ses vacances de l’été 1908 à parcourir la France du nord au sud pour voir de près ses châteaux et ses cathédrales du Moyen Âge. Il est alors étudiant au Jesus College d’Oxford, et le voilà qui enfourche sa bicyclette, seul, à vingt ans, et va comptabiliser 4000 kilomètres à la recherche des forteresses édifiées par Richard Cœur de Lion. Continuer la lecture

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Elles finissent mal … en général

Une Histoire d’Amour, donc. De celles qui finissent mal ? Motus. Certes, c’est le cas en général, n’est-ce pas ? Et comme nous le rappelle la bande-son, Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie. Alexis Michalik, à nouveau auteur et metteur en scène, comédien cette fois en prime, nous présente Une histoire d’Amour à la Scala, sur le cosmopolite Boulevard de Strasbourg. Et c’est un nouveau coup de maître. Cela fait un bien fou de revenir dans de telles conditions au théâtre après six mois d’entracte contraint. Michalik remet le couvert pour notre émerveillement. On rit, on pleure. En même temps. Continuer la lecture

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L’araignée qui préférait les solos

le palpe des araignéesMaurice Thomas convenait que l’entomologie relevait « d’une passion tenace » transformant celui qui la pratiquait « en une sorte de maniaque (…) qui ne se lasse pas de voir et revoir mille et une fois la même chose », quand bien même elle serait dépourvue de toute « valeur pratique ». Dans son livre publié en 1953, consacré aux araignées, il décrivait ses longues heures passées à observer leurs accouplements. On y apprend, schéma à l’appui (ci-contre) que le mâle fait part de ses intentions à la femelle en utilisant un langage sémaphorique des plus clairs. Il agite en alternance ses organes reproducteurs que sont son palpe droit et son palpe gauche, enrichis en sperme par l’abdomen. Si elle accepte l’invitation, l’accouplement prendra plus d’une heure. Si elle refuse en revanche, l’opération prend un tour burlesque dont Maurice Thomas nous livre le détail savoureux. Continuer la lecture

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De la villa Anne-Marie au Monastère de Brou

La villa Anne-Marie avec ses dépendances, l’ancienne grange, la fontaine, le four à pain et la magnanerie, sont logés au fond de la vallée bien loin du village. «Ici, vous serez tranquilles». Des pièces vides pour symboliser l’absence, le départ. Et une salle de classe (ci-contre) avec des pupitres d’enfants, des dessins d’enfants. Et des photos de visages d’enfants, innocents et joyeux comme peuvent l’être les enfants, et de leur institutrice aussi et de ceux qui avaient choisi de faire de ce lieu un refuge. À Izieu le temps s’est arrêté le 6 avril 1944 jour de la rafle nazie de la colonie des enfants réfugiés de l’Hérault. 44 enfants et 5 adultes. Ce qui était leur refuge les a conduit directement aux camps d’extermination. «Les enfants furent jetés sur des camions comme des colis et Monsieur Zlatin reçut des coups de crosse. Les pauvres petits chantèrent en partant «Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine». (1) Continuer la lecture

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