Depuis près de 1600 ans que Sainte Geneviève est censée veiller sur la capitale, la lassitude est semble-t-il venue. Et avec cette retraite sûrement bien méritée, les miracles dont elle était prodigue, ont disparu. Alors que les élections municipales sont toutes proches, que Paris s’apprête à élire un maire, il est permis de regretter celle qui avait fait de l’unification des peuples de la Gaule romaine, l’un des objectifs de sa vie consacrée. Opportunément, les éditions de l’Archipel viennent de réimprimer l’une de ses principales biographies. La première avait été rédigée au tout début du 6e siècle soit quelques années après la mort de Geneviève. Elle avait été rédigée par un moine en latin et ce qui est extraordinaire, c’est que cette Vita beatae Genovefae Virginis, est toujours conservée à la bibliothèque Sainte-Geneviève place du Panthéon ainsi qu’à la bibliothèque de l’Arsenal. Sur cette base, la biographie signée Geneviève Chauvel, nous offre une haletante plongée dans l’histoire de Paris. Continuer la lecture
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Un livre que l’on reçoit en cette période où tout est masqué, cloîtré. Une pièce de théâtre devenue un ouvrage qui dépeint avec réalisme l’engrenage qui conduit un éleveur laitier jusqu’au suicide. Cette fiction inspirée d’un fait réel est rédigée par Rebecca Vaissermann. La pièce est directe, elle met en scène les personnages principaux de l’intrigue, aucun autre. Pas de fioritures. Son écriture ne mentionne pas de détails de mise en scène ou de décors. Mais on imagine ceux-ci forcément dépouillés, simples, appelant à se retrouver de plain-pied dans la fameuse salle de traite, ou dans les autres scènes.
Le peintre Georges Braque a occupé un temps un atelier tout en haut de l’hôtel Roma, rue Caulaincourt à Paris. Par un phénomène d’enchaînement, d’autres artistes de la même veine moderne vinrent progressivement s’y installer afin de pratiquer le cubisme dans une ambiance favorable. Il semble que l’hôtel existe toujours mais que que sa direction a préféré, peut-être pour ne pas effrayer les touristes, garnir ses murs de réalisations impressionnistes. Mais dans ces glorieuses années où l’art moderne prenait son essor et devant la fréquentation de l’établissement qui attirait à lui les peintres en devenir, Georges Braque avait suggéré au patron de l’hôtel d’installer une « plaque émaillée » indiquant la mention « Cubistes à tous les étages. » Cette information amusante a été donnée par Guillaume Apollinaire dans un journal paru un 26 mai. Le seul défaut (mineur) d’un livre attachant élaboré par Pierre Caizergues en 1980, c’est qu’il mentionne rarement l’année de même que le support sur lequel il a été imprimé. Certains détails permettent cependant de deviner.
Il se pourrait que des gens ne connaissant rien à l’opéra se prennent de passion pour la diva que fut Victoria de Los Angeles, grâce au CD paru récemment dans la collection « Les Indispensables » (n°122) de la revue mensuelle Diapason.
En ce temps-là, Lucky Luke avait toujours son mégot au bec. On n’avait pas encore enlevé sa pipe à monsieur Hulot ni au commissaire Maigret. Des émissions de télévision se déroulaient, aux heures de grande écoute, sous un épais nuage de fumée dont les volutes rendaient parfois les visages flous tout en exacerbant les discussions des invités. On pouvait, sans réservation, acheter un billet de train, se choisir une place et allumer une cigarette sans subir la réprobation générale.
Coincé en quatre murs jaunis et un lino fatigué, Samuel Beckett s’interroge : est-ce la moitié ou seulement un quart de son cerveau qui fonctionne encore ? Il s’observe sans complaisance, lui, le nouveau « résident » d’une maison de retraite (on ne disait pas encore EHPAD en 1989), révolté silencieux et passif contre les horaires et les règlements intérieurs. Il ne s’apitoie pas. Il ne se plaint pas. Mais il boit du whiskey plus souvent qu’à son tour et se couche bien au-delà du couvre-feu en vigueur dans l’établissement pour tenter encore d’écrire, ne fût-ce que deux lignes par nuit. Surtout, il est sans indulgence à l’égard de son corps plus maigre que jamais, couvert d’une peau fripée et transparente, mal supporté par des jambes handicapées par un emphysème envahissant. L’auto-dérision est un sport comme les autres. La dérision aussi. La férocité parfois. Et Maylis Besserie, auteur d’un fascinant livre salué début mai par le Goncourt du Premier roman, prête à Samuel Beckett (1906-1989), le personnage principal et presque unique de son roman, toute cette énergie intellectuelle qu’il mobilise pour sauver la face des derniers mois de sa vie.
Il y a des catalogues bien plus précieux que d’autres et ce n’est pas forcément le prix qui fait la différence. Celui-là a été imprimé en 1959 pour le compte de la galerie Louise Leiris. Il résume cinquante années d’édition de Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), tout à la fois auteur, collectionneur et marchand d’art. Cet éblouissant fascicule rassemble d’extraordinaires signatures et de destins croisés. Poèmes de Picasso illustrés par lui-même, Michel Leiris accompagné de André Masson pour l’image, texte de Gertrude Stein avec la complicité graphique de Juan Gris, Erik Satie en compagnonnage avec Georges Braque, poèmes de Vlaminck ornés par ses propres bois gravés, André Malraux faisant de Fernand Léger son complice… sur moins de quarante pages, c’est un exceptionnel voyage dans l’art et la poésie moderne qui nous est proposé.
On sait que Netflix, multinationale yankee fondée en 1997, reine mondiale du streaming, dispose d’une puissance financière considérable, et que son catalogue de séries et de films est impressionnant. Mais comme on l’accuse de tuer le cinéma puisque les films qu’elle produit ne sortent pas en salles mais uniquement sur les petits écrans du monde entier, elle se préoccupe d’améliorer son image en finançant des films et séries de plus en plus exigeants.
On le nomme Paterson, il habite Paterson dans le New Jersey et sur le fronton du bus qu’il conduit tous les jours, il y a marqué Paterson. C’est ainsi que Jim Jarmusch ne pouvait faire autrement que titrer son film « Paterson » (2015), celui que Arte nous offre en rediffusion jusqu’au 7 juin. Et en plus l’acteur qui joue le chauffeur s’appelle Adam Driver. C’est le héros principal au côté de Golshifteh Farahani, la franco-iranienne qui n’a pas son pareil, la plupart du temps, pour flairer les bons coups cinématographiques. De toute la filmographie de Jarmusch, ce doit être le plus épuré, le plus minimaliste, il n’y pas pratiquement pas d’action, pas de dialogues qui font mouche et un suspense infime.
Ce ne pouvait être qu’un bel enterrement. En imaginant la journée du 10 janvier 1907 à Montbrison (Loire), lors des funérailles du poète Henry J.-M. Levet, Frédéric Vitoux suppose que la foule devait arborer des « têtes de circonstance ». Et il en profite pour préciser que la tête de circonstance est « la base même de la vie en société », une « affaire de politesse ». On aurait tendance à se moquer de ceux qui adaptent automatiquement leur visage à un contexte donné mais Frédéric Vitoux au contraire, estime qu’il faut féliciter ceux qui font de cet usage un geste d’urbanité.