Guignol persiste et signe

Le mercredi 11 avril 1917, Guillaume Apollinaire écrit à son ami Pablo Picasso qu’il est allé la veille au Guignol des Buttes-Chaumont. Implanté là depuis 1892, le lieu est à ce moment dirigé par un certain Cony dont le patronyme, descendance aidant, personnifiera le lieu jusqu’en 2008 . Notamment un Gaston Cony à qui Apollinaire a d’ailleurs adressé  un texte évoquant le Guignol des Buttes-Chaumont. L’attrait du poète pour ce genre particulier ne s’est jamais démenti depuis qu’il en a découvert les charmes à Lyon (puis en Wallonie) en compagnie de sa mère et de son frère. La baraque de ce haut lieu du 19e arrondissement parisien étant toujours là, il convenait d’aller y effectuer un petit pèlerinage. On y donnait les « Les trois petits cochons », une sorte de drame immobilier diminué des angoisses du crédit à taux variable. Continuer la lecture

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Bruxelles célèbre Brancusi

La Roumanie est cette année l’invitée de la Belgique pour son festival “Europalia“ qui fête ses 50 ans. C’est en effet en 1969 qu’a été créée cette manifestation bisannuelle d’importance, destinée à célébrer le patrimoine culturel d’un pays étranger, pas seulement européen comme le titre pourrait le laisse supposer (on évoquera plutôt ici le personnage mythologique d’Europa). La Roumanie est la 24e pays invité par le royaume. Cette manifestation coïncide à la fois avec les trente ans de la chute du régime Ceausescu et la présidence de l’Union européenne, à laquelle appartient le pays depuis 2007. Ce n’est peut-être pas un hasard. Continuer la lecture

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L’Histoire racontée par les objets

Le théâtre d’objets est actuellement à l’honneur au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, un théâtre d’objets qui nous parle intelligemment du monde, avec l’humour et la distance que permet cet art. Ainsi, la compagnie les Maladroits ouvre-t-elle la saison avec le récit de vies imaginaires, celles d’Angel et de Colette, inspirées de personnages anonymes et de faits historiques, la petite histoire racontant ainsi la grande. Après “Frères” qui nous rejouait la guerre d’Espagne à partir d’un morceau de sucre (1), voici que “Camarades”, deuxième volet d’un triptyque traitant de l’héritage entre générations, nous replonge dans Mai 68, à partir cette fois-ci… d’un morceau de craie. La créativité et la dérision sont une fois de plus au rendez-vous et ce pour notre plus grand bonheur. Continuer la lecture

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La Kasbah Tamadot, petite brise, luxe et développement durable

À trois heures de vol de Paris, avec la douceur de son climat et ses habitants francophones et accueillants, le Maroc reste pour les Français une destination magique.
À la fois perchée et nichée au cœur de la vallée d’Asni, en pays berbère, la Kasbah Tamadot illustre avec bonheur l’art de la douceur de vivre au Maroc.
C’est dans les années 20 que le caïd Souktani, résident à Marrakech, construit dans la vallée d’Asni une maison de vacances destinée à lui permettre de profiter de la fraîcheur de l’air de la montagne : «Tamadot» signifie en effet « petite brise » en berbère . Située dans les contreforts de l’Atlas à 1320 mètres d’altitude et à 45 mn de voiture de Marrakech, sur la route de Taroudant, la Kasbah bénéficie d’un emplacement privilégié et d’une vue panoramique sur la montagne. Tout proche, le Djebel Toubkal, le point le plus élevé du Haut Atlas et d’Afrique du Nord culmine à 4 167 m. Continuer la lecture

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Cordialement vôtre

Le fait est que pour un « Créole crème » la norme est de conclure la préparation du cocktail par une ou deux olives. C’est sur cette question cruciale d’ailleurs que Danny Wilde et Brett Sinclair font un jour connaissance pour les besoins du premier épisode de la série britannique « Amicalement vôtre ». De nos jours on dirait « cordialement » mais cela confirme que depuis 1972 et la fin de l’ORTF pour ce qui est de la version française, de l’eau a coulé sous les ponts. On trouve le premier épisode en diffusion libre sur Youtube (1) et ce serait un péché que de ne pas en profiter pour retrouver le moral ou entretenir son métabolisme. La désuétude de la proposition scénaristique est telle qu’il ne faudrait pas attendre encore beaucoup plus de temps, pour que cette série britannique de 24 épisodes ne frôle le drame surréaliste. Continuer la lecture

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Baroqueux endiablés

L’automne musical parisien consacre le plus argentin des baroqueux européens, le vibrant Leonardo García Alarcón: à lui l’honneur de succéder au grand ancien William Christie, seize ans plus tard, avec de nouvelles « Indes galantes » de Rameau à l’Opéra Bastille, et de se retrouver artiste en résidence à Radio France. Je vous en avais déjà parlé dans un article du 20 novembre 2018 «Vent d’Espagne sur Paris».
Quel incroyable parcours que celui de cet enfant de La Plata (ville située à quelque 50 km de Buenos Aires), prénommé Leonardo par sa mère en hommage à qui vous savez. Cette mère est peintre sur porcelaine et son père chante superbement et joue de la guitare dont le fils est jaloux, car elle lui ravit l’attention du père. Continuer la lecture

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Désaltère toi Paris avec les divines paroles

« Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l’époque où finissaient les rois
Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes
Et trois fois courageux devenaient trismégistes

Que Paris était beau à la fin de septembre
Chaque nuit devenait une vigne où les pampres
Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut
Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux
De ma gloire attendaient la vendange de l’aube

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Le sens de l’instruction

Son certif’ de 1941 en poche, un jeune écolier de 13 ans révolus ne savait pas bien entendu ce que pouvait être un « like », cette petite icône qui sert de nos jours à apprécier un post sur les réseaux sociaux. En revanche, si on lui demandait d’expliciter la géométrie de la chose au cours d’une interrogation, il pouvait répondre  tout en se grattant l’intérieur d’une narine, que pour tracer un cœur impeccable,  il fallait d’abord diviser une droite (AB), en quatre parties égales. Ensuite, à partir des points C et D comme centres, il n’avait plus qu’à tracer deux demi-conférences au-dessus de la ligne. Et qu’enfin, après avoir identifié deux triangles équilatéraux, joué de la règle et du rapporteur afin d’obtenir des arcs, il obtenait son cœur en plan. Le « Memento de poche à l’usage des candidats au Certificat d’études primaires », édition 1941, contient ce genre de pense-bête. Et cet ouvrage nous permet de mesurer -à rebours- le chemin parcouru par la connaissance. Continuer la lecture

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Alice au pays des merveilles de la communication

Sur l’affiche au moins, le film « Alice et le maire », a bénéficié d’un torrent d’éloges. Pour ceux qui n’ont pas vu la bande-annonce diffusée en boucle sur les réseaux sociaux, l’histoire raconte un maire de Lyon (Fabrice Luchini) au sommet de sa gloire mais aux prises avec des états-d’âme. Afin d’y remédier, il recrute une jeune professeur de philosophie (Anaïs Demoustier). Il la charge de lui redonner du souffle, de lui apporter des idées au moment-même où lui et son équipe visent l’élection présidentielle. L’arrivée de la jeune femme va enrayer la mécanique huilée d’un cabinet. C’est ce qui est censé donner une dynamique à ce long métrage tout juste débarqué en salles. Continuer la lecture

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Satie revient persiffler à la Contrescarpe

Quelle bonne, douce et folle idée de se pencher sur Erik Satie qui n’était pas qu’un musicien inspiré, décalé, mais aussi un homme tout à fait étonnant. Écrite et mise en scène par Laetitia Gonzalbes, au petit théâtre de la Contrescarpe,  la pièce « Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde » donne le ton par son intitulé. Elle se veut le portrait librement inspiré, quelque peu fictionnel, d’un homme non conventionnel à l’humour caustique, à l’ironie cinglante. Pour ce faire, elle a fait appel à un comédien épatant, Elliot Jenicot, accompagnée d’une comédienne convaincante, Anaïs Yazit qui lui donne la réplique. Continuer la lecture

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