Tueur en série

Il y a tout juste un siècle, devant la prison Saint Pierre, à Versailles, Henri Désiré Landru, 53 ans, gravissait les marches de l’abbaye de Monte-à-regrets, ainsi la gente malfrate dénommait-elle la guillotine. Maître de Moro-Giafferi, son défenseur, n’avait pu lui éviter d’être reconnu coupable de onze assassinats. Le Président de la République, Alexandre Millerand, avait refusé le recours en grâce. Anatole Deibler, l’exécuteur public, s’apprêtait à remplir son office. Tout cela avait mal débuté. Après avoir effectué nombre de petits boulots, n’en trouvant aucun à son goût, ayant une famille à nourrir, Landru s’était résolu à vivre d’expédients. Carambouilles, arnaques au cautionnement, vente d’objets inexistants donc jamais livrés, lui vaudront trois condamnations, tantôt fermes, tantôt par défaut, vu son habileté à multiplier les fausses identités. La quatrième, 4 ans par contumace, est assortie de la relégation. Si il est repris, il est bon pour le bagne de Cayenne, à perpèt’. Il en tire une conclusion : il doit assurer son impunité, se tenant prêt, au besoin, à la solution la plus radicale. Continuer la lecture

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Musique bucolique

Quoi de plus merveilleux que la musique dans un cadre bucolique ? Nous sommes encore nombreux à regretter le festival estival « Solistes aux Serres d’Auteuil » qui s’est déroulé dans la Serre aux azalées pendant près de vingt ans, chassé bien entendu par la dure loi du tennis-fric : plus de festival qui a révélé tant et tant d’artistes majeurs, et privatisation de la majorité du jardin pendant deux mois entiers (à partir du 25 avril) lors du tournoi international de trois semaines, une privatisation de l’espace public profondément scandaleuse. Peut-on espérer que la mairie de Paris prenne enfin conscience de ce scandale dont elle est responsable ? Mais heureusement, il suffit de se transporter non loin de là, toujours dans le bois de Boulogne, jusqu’à l’Orangerie du parc de Bagatelle, dès le week-end du 21 mai, pour assouvir passion musicale et florale. Quatorze ans maintenant que le festival «Les Musicales de Bagatelle» donne ce coup d’envoi printanier, accomplissant fidèlement sa vocation de découvreur de jeunes talents grâce au jury musique de la Fondation Banque Populaire. Continuer la lecture

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Romy, pleins feux sur l’actrice

Sur l’affiche, les quatre lettres de son prénom surgissent en caractères gigantesques tandis que son nom de famille apparaît dans le bas, comme un simple rappel. 40 ans après sa disparition, elle revient sur les écrans et les cimaises de la Cinémathèque, plus resplendissante que jamais. Romy. Celle dont la notoriété est telle que son prénom suffit à la désigner. Celle qui, d’origine allemande, fut l’incarnation de la femme française par excellence et dont la si précoce et prolifique carrière la fit aimer de plusieurs générations de spectateurs. Romy, inscrite pour toujours dans notre paysage cinématographique. Hélène, Lily, Rosalie…, mais aussi Sissi et Christine à ses débuts. Son regard bleu-gris, son sourire, son rire, sa démarche et son indicible et merveilleux accent nous restent à jamais familiers. Aujourd’hui encore, elle nous semble si proche, si présente, éternel objet de notre affection et de notre admiration, bien loin d’une légende inaccessible. Et quel bonheur pour nombre d’entre nous de la contempler enfin sur grand écran ! Sa grâce, sa beauté et son talent n’en sont que plus éclatants ! Mettant sa vie et ses drames personnels de côté, l’exposition s’attache à retracer l’incroyable carrière de Romy Schneider (1938-1982), ses choix ambitieux de comédienne et son professionnalisme à toute épreuve. La rétrospective qui lui est associée nous rappelle l’actrice d’exception qu’elle fut. Continuer la lecture

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Apollinaire injoignable dans le Nevada

La traduction de la langue américaine, surtout venue de la poésie, n’est pas forcément chose aisée. Mais cela donne, de façon non littérale, à-peu-près ça:  « Apollinaire est dans un endroit que nous ne pouvons pas voir et il nous regarde à travers des lunettes de haute puissance. Nous passons un appel téléphonique longue distance à Apollinaire mais Apollinaire ne répond pas. Apollinaire reste là, à écouter la sonnerie du téléphone, à nous regarder à travers des lunettes de haute puissance, à écouter la sonnerie du téléphone. C’est un peu les rideaux de la fin pour Apollinaire. Et des rideaux si hauts que l’on n’en voit que le bas. Apollinaire est dans le désert avec les rideaux tirés à minuit. Ces rideaux se trouvent être des rideaux violets. Apollinaire se déplace dans le désert comme un cadran solaire géant. Apollinaire est à trois heures et va vers trois heures et demie. Apollinaire est un lézard qui fait des chèques sans provision. » Ce bien original et déroutant poème, intitulé « Apollinaire in Nevada », est extrait de « Conversations with Apollinaire », un recueil publié en 1972 sous le nom de Jack Thibeau. Continuer la lecture

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Congés de Pâques

Reprise des activités le 9 mai.

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Surtout pas d’impairs

Normalement la salade doit être présentée coupée dans l’assiette des invités. Mais il peut arriver que cela ne soit pas le cas avec une feuille oubliée de la taille d’un quarante-cinq tours. L’homme et la femme du monde, ou simplement bien éduqués, savent ce qu’il convient de faire pour se tirer de ce mauvais pas. Du moins s’ils ont lu et appris par cœur « Le guide des bons usages dans la vie moderne » de Françoise de Quercize. « Surtout, écrivait-elle en 1952 à propos de la feuille de salade problématique, ne l’engloutissez pas en la faisant peu à peu disparaître dans votre bouche comme ferait un lapin: coupez-la avec votre fourchette ou pliez-la de façon à la faire disparaître dans votre bouche d’un seul coup ». Mais de quelle vie moderne parlait-on, il y a soixante-dix ans? Cette madame de Quercize, qui connaissait tous les trucs afin de ne pas commettre d’impairs à la ville, serait mortifiée d’observer la dégradation avancée des usages. Au moins peut-on s’en amuser discrètement sachant que les pleurs ou gémissements par ailleurs, trahissent un manque déplorable de contrôle sur soi. Continuer la lecture

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Les cités avant-gardistes des années 1930 à Lyon et Villeurbanne

Industrie pharmaceutique, chimique, textile, automobile, informatique … Lyon dispose d’un patrimoine industriel très divers. À son instar, le patrimoine culturel et architectural de la ville se caractérise par une variété unique. En s’enrichissant au fil du temps, il a gardé les traces des différentes étapes du développement de la ville. De la fondation, en 43 av. J.C., de la colonie romaine de Lugdunum à aujourd’hui, Lyon s’est étendu bien au-delà de la rive gauche du Rhône. L’extension de la ville s’est intensifiée pendant la révolution industrielle. Le développement industriel et textile qu’elle a amorcé a entraîné l’arrivée d’une très forte population ouvrière immigrée. C’est ainsi que le nombre d’habitants de Villeurbanne (ci-contre l’hôtel de ville), banlieue aujourd’hui fondue dans l’agglomération lyonnaise, est passé de 3000 en 1835 à 60.000 en 1926. De même, la colline de la Croix-Rousse de Lyon, devenue une zone urbaine grâce à la construction d’immeubles hauts de plafond où vivaient les familles de canuts avec leurs métiers à tisser, a, elle aussi, été rapidement saturée. Continuer la lecture

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Creuser les sujets

Raphaël Durazzo a 37 ans. Il commence sa vie professionnelle dans la finance à Genève, Londres, et Paris. Mais il réalise vite que cet univers n’est pas le sien et il ressent rapidement l’envie de vivre cette passion pour l’art qui l’anime depuis toujours. Quand un des patrons de la Banque Morgan Stanley lui dit qu’il devrait monter sa galerie d’art, il y voit un signe du destin et il y croit suffisamment pour se lancer dans l’aventure. Une aventure faite d’abord de beaucoup de rencontres, de beaucoup de travail de recherches et d’apprentissages jusqu’au jour où cet autodidacte s’improvise marchand d’art à domicile, chez lui : il y développe les bases du métier : achat, vente, conseil. Parallèlement il s’essaie au métier de commissaire d’expositions à Koweït, à Genève et à Paris. C’est sans aucune doute ce qui fait l’originalité de sa démarche dans la galerie qu’il vient d’ouvrir rue du Cirque, une adresse devenue mythique suite aux révélations sur les amours rocambolesques d’un ancien président de la République avec une certaine actrice de cinéma. Continuer la lecture

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Révélations haendéliennes

À l’heure où l’on aime se désoler que si peu de femmes cheffes d’orchestre dirigent de grandes formations, on ne dira jamais assez que nous possédons depuis longtemps une pionnière parmi les pionnières, Laurence Equilbey, qui a tout fait avant les autres : diriger en France et dans le monde entier quand c’était encore impensable pour une femme, fonder il y a 28 ans son ensemble choral baptisé accentus (en minuscules), puis en 2012 son orchestre de chambre sur instruments anciens nommé Insula Orchestra. Le palmarès de ces deux formations est éblouissant, elles se produisent dans les meilleures salles du monde entier et sous la baguette des plus grands chefs et pas seulement de leur fondatrice. Elles viennent d’ajouter à leur palmarès la résurrection de «La Nonne sanglante» de Gounod à l’Opéra Comique en 2018, puis la tournée européenne du «Freischütz» de Weber tant admiré par Offenbach, ou cette année, pour accentus, l’ouverture du festival de musique ancienne au Konzerthaus de Vienne. Sans oublier, pour Insula Orchestra, la sortie début avril chez Erato du CD «Lucio Silla» de Mozart (ci-dessus), cette œuvre adolescente ressuscitée autrefois par Patrice Chéreau aux Amandiers en 1984. Continuer la lecture

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Dernière couronne pour Michel Bouquet

Y croyait-il lui aussi aux « forces de l’esprit » ? Avec « Le promeneur du Champ-de-Mars », Michel Bouquet interprétait François Mitterrand lors de ses derniers vœux aux Français, séance durant laquelle le président prononça la fameuse phrase, suivie d’un « je ne vous quitterai pas ». Dans le film de Robert Guédiguian sorti en 2005, le personnage principal prend un ton amusé pour commenter sa prestation, avouant qu’il avait hésité à évoquer les « forces de l’esprit » mais qu’au fond il n’en était pas mécontent. De bout en bout, Michel Bouquet nous laisse médusés par ce rôle qui lui a valu un César du meilleur acteur. En raison de son physique peut-être, il est bien plus Mitterrand qu’un Podalydès ou un Dujardin se glissant dans la peau de Nicolas Sarkozy. Disparu le 13 avril à l’âge de 96 ans, Michel Bouquet avait littéralement avalé le personnage, au point de le faire revivre, ce qui était une façon de lui faire tenir la promesse présidentielle. Continuer la lecture

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