Christophe Alévêque, libre et droit dans ses bottes !

Notre époque lui semblait déjà d’une monumentale aberration et les deux années qui viennent de s’écouler n’ont fait qu’en rajouter une couche.  Mais comment a-t-on pu en arriver à un tel degré d’absurdité et de soumission? Se demande l’humoriste Christophe Alévèque. Que se passe-t-il ? Cette crise sanitaire aurait-elle fini de nous retourner le cerveau ? Réveillons-nous ! En fin observateur de notre temps, le chroniqueur à l’humour ravageur nous livre aujourd’hui un spectacle hilarant sur un monde dans lequel il se sent totalement déphasé, et nous avec. Au qualificatif de “Super Rebelle” (2009), le quinquagénaire a aujourd’hui substitué celui de “Vieux con”.  Ce qui, au fond, revient au même puisque, comme il s’en explique “Aujourd’hui, le con, c’est un résistant. L’empire de la bien-pensance a fait basculer le résistant ordinaire, le libre penseur, dans le camp des vieux cons.” Plus rien à voir donc avec le conservateur réactionnaire d’usage. Et à l’heure de ce grand n’importe quoi, quel plaisir de rejoindre le club des vieux cons que nous propose Alévêque. Le rire que provoque ce spectacle n’en est que plus salvateur ! Continuer la lecture

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Une géographie bien singulière des célébrités, selon Matthias Debureaux

Ce petit guide, mais pas si petit que cela (688 pages), nous emmène sur les routes (et voies ferrées) de France pour découvrir qui a habité nos jolis villages. Son titre est trompeur : « Guide mondain des villages de France ». En fait de mondains, sur les 500 personnes répertoriées, il n’y en a pas tant que cela. Et certains auraient peut-être été gênés d’être ainsi qualifiés : tel le «Facteur Cheval» qui fit son palais dans «cette humble commune caillouteuse de la vallée de la Galaure» ou le Curé d’Ars, ou encore Fernand Reynaud. Et puis des villages, à part leur nom et leur localisation, il n’en est pas tant fait état. En fait le prétexte est de présenter une liste hétéroclite de personnages que l’on connaît bien, ou de nom seulement, ou pas du tout mais qui ont tous une personnalité intéressante, et qui y ont laissé une trace. Notamment dans ces villages. Continuer la lecture

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Hélas nos enfants ne lisent plus!

Quels pères et mères, quels grands-pères et grands-mères, quels oncles et tantes ne s’écrient pas, depuis des années, «Hélas, mes enfants, ou mes petits-enfants, ou mes neveux et nièces ne lisent plus !», en les voyant, dès leur plus jeune âge, l’œil vissé sur un téléphone portable, puis sur une tablette puis sur un ordinateur ? Il est vrai qu’à peine nés ou presque, nos rejetons apprennent très vite à appuyer sur les deux ou trois boutons leur permettant de se brancher sur des jeux vidéo, sur le smartphone de papa ou maman. Cela dit, plus tard, maman et papa ne sont-ils pas bien contents de pouvoir s’accorder quelque répit chez eux, au restaurant, ou en vacances en tendant leur portable ou leur tablette à leur progéniture afin d’avoir un peu la paix ? Certes, mais «Hélas, les nouvelles générations ne lisent plus !» se lamente-t-on cependant de tous côtés. Autrefois, la télévision était accusée d’abêtir nos enfants et les parents leur faisaient la guerre en s’efforçant de limiter leur temps quotidien devant la pas si petite lucarne les transformant en créatures «passives» (le grand mot !). Mais plus les écrans se sont miniaturisés, plus les créatures passives se sont transformées en créatures très actives sur les multiples écrans de l’Internet. Continuer la lecture

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Gabin le magnifique

La musique du Clan des Siciliens (celle de Ennio Morricone), nous revient inévitablement en tête devant l’affiche où Gabin était entouré de deux autres stars, Alain Delon et Lino Ventura. Plus étonnante est la déclinaison de cette même affiche, en version américaine, japonaise et tchèque. C’est là le grand intérêt de cette exposition sur Jean Moncorgé alias Gabin (1904-1976), organisée au sein de l’Espace Landowski à Boulogne-Billancourt. Elle n’épuise pas le sujet mais tout de même, on peut dire qu’elle l’essore, et pas seulement avec des affiches. Pour qui voudrait en « bouffer », il y a là, au quatrième étage et sur 700 mètres carrés, l’équivalent d’un buffet de fête. Ses chapeaux, ses pipes, ses briquets, sa malle militaire, ses effets de soldat, certains costumes usés par le temps, ses photos de prime jeunesse, des extraits de films: à coup sûr, le visiteur sortira rassasié. Et en conclura vite qu’il nous manque, démentant l’adage idiot selon lequel personne n’est irremplaçable. Continuer la lecture

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Quoi de neuf? Molière!

Jusqu’au 22 mai 2022, à la Comédie Française, se joue « Le Misanthrope », pièce devenue l’une de celles présentées avec le plus de régularité. L’œuvre fut créée le 4 juin 1666. Depuis un an, la troupe de Molière bénéficie de la protection royale. Louis XIV a 28 ans, il règne effectivement depuis la mort de Mazarin, cinq ans auparavant. C’est un jeune homme épris de plaisirs et de fêtes. Sa vie se passe entre le Louvre et Saint-Germain-en-Laye. Versailles ne sera pas accessible avant 1682. Molière, lui, est quadragénaire. Il a épousé, il y a quatre années, Armande Béjart, sa cadette de vingt ans, jeune femme charmante appréciant fort les hommages masculins. Le Misanthrope obéit aux trois unités du théâtre classique : unité de lieu, le scène est à Paris, unité de temps, probablement un après-midi, à l’heure des visites. Unité d’action ? Alceste, accompagné de son ami Philinte, se présente chez Célimène, une jeune veuve parfaitement mondaine, plaisamment médisante, absolument coquette, dont il est amoureux. Continuer la lecture

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Clowns déconseillés aux mineurs

Parents ne vous fiez pas à l’affiche de la Maison du Danemark incitant à une visite au « Royaume des clowns ». Ce n’est pas pour les enfants. Même l’un des deux commissaires d’exposition interrogé, n’a pas bien su justifier le titre de cette scénographie toute récente d’art contemporain, son acolyte évoquant plutôt une « farce perverse ». L’espace « Bicolore », sis au deuxième étage de la Maison du Danemark, est bien dévolu à l’art contemporain et cette exposition sur le « Royaume des clowns », n’a certes pas de quoi faire rigoler des âmes trop jeunes. En témoigne par exemple cette maison-jouet en plastique (Henrik Plenge Jakobsen, 1998) complètement dévoyée de sa destination première puisqu’elle est reliée à une bonbonne de protoxyde d’azote. Le tout étant destiné à « dénoncer l’injonction du bonheur ». Si l’art contemporain nous a depuis longtemps habitués à aller d’étonnement en étonnement, cette exposition ne le trahit pas, en garnissant la grande pièce d’œuvres pour le moins déconcertantes. Continuer la lecture

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Bruits de circulation martiens

Depuis un peu plus d’un an maintenant que l’astromobile Perseverance explore le cratère martien Jezero, la Nasa abreuve quotidiennement les aficionados de l’espace, en images et sons variés. Sur le site dédié au grand public, il est ainsi possible d’entendre les bruits mécaniques (1) du robot exilé et aussi de voir ses traces (ci-contre). Cela n’évoque à dire vrai pas grand chose de supérieur au son d’un vieux caddie de supermarché roulant  sur une route pavée, mais le fait que cela se passe sur Mars, à quelques dizaines de millions de kilomètres, change complètement la donne. Pareil pour le vent local dont le souffle nous envoie de sacrés murmures, bien plus exotiques on l’admettra que la tourmente d’un sèche-cheveux en action dans une salle de bains. C’est ainsi, dans le même ordre d’idées que l’on a pu entendre avec un décalage de 16 minutes environ, le vaillant petit hélicoptère Ingenuity faire ses premiers tours de piste, sa parade martienne, dans une indifférence locale inversement proportionnelle à l’effet produit sur nos oreilles. Continuer la lecture

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Paysans… et écrivains

«ll n’est ni roi, ni duc, ni prince, ni seigneur/Qui ne vive de la peine du pauvre laboureur.» Ces vers signés Émile Guillaumin figurent en bonne place dans la présentation de l’Association des Écrivains et Artistes Paysans (AEAP) qui fête cette année son cinquantième anniversaire. Authentique paysan de l’Allier, Guillaumin (1873-1951) fut sans doute l’un des premiers à concrétiser ses rêves littéraires. L’un de ses ouvrages fut couronné par l’Académie française, et son roman «La vie d’un simple» , qui avait enthousiasmé Octave Mirbeau, obtint plusieurs voix au prix Goncourt de 1904.
Tous les membres de l’association n’ont certes pas connu la même fortune littéraire qu’Emile Guillaumin. Mais chacun, avec sa sensibilité propre, entend témoigner par ses écrits son attachement à la nature, et transmettre au monde citadin les valeurs de la vie terrienne. Continuer la lecture

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Les Vénus du Trocadéro

Celle-là a 17.000 ans et l’artiste qui est en l’auteur, n’a pas cru bon de laisser un petit mot pour en expliquer l’usage ou la destination. Elle se trouve dans une sombre mezzanine du Musée de l’Homme, baptisée et pour cause, salle des trésors. On connaît son âge car jusqu’à 50.000 ans, la datation au carbone 14 fonctionne. Le marquis Paul de Vibraye, qui l’a trouvée en 1864, l’a baptisée « La Vénus impudique ». Sculptée en ivoire de mammouth, c’était la première du genre à faire surface, ce qui fait que par la suite, les autres statuettes féminines ou silhouettes peintes sur des parois, allaient être dénommées des Vénus. Plus globalement, c’est une survivante du paléolithique supérieur, c’est à dire bien longtemps après (3 millions d’années environ) la conception des premiers outils. Cette Vénus n’était pas, selon toute vraisemblance, un ouvre-boîte ou un décapsuleur. Si elle garde tout son mystère, toute cette grâce fragile, c’est tant mieux. Le message qu’elle porte, diffus, magique, n’en est que mieux conservé. Continuer la lecture

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Une adolescence sous l’Allemagne nazie

Les œuvres témoignant du nazisme et de la Shoah, bien que devenues légions, semblent pourtant toujours aussi essentielles car, comme le rappelle Anne Hérold, traductrice et metteuse en scène de “Grandir dans l’Allemagne nazie”, “la bête immonde est toujours tapie dans l’ombre et (…) c’est le rôle de chacun de nous de veiller à ce que la tragédie ne se reproduise pas.” La pièce de l’américain Brendon Votipka, “Face Forward : Growing up in Nazi Germany” (2010), a la singularité de traiter le propos sous le prisme de l’adolescence. Ce parti pris bienvenu est d’autant plus pertinent qu’il ne devrait pas manquer de toucher les jeunes spectateurs, et plus particulièrement ceux de l’âge des protagonistes. En les intéressant à cette période sombre de notre Histoire, le devoir de mémoire n’en a que plus de force. Un spectacle tout aussi nécessaire que réussi. Continuer la lecture

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