Résumer Gravelines à sa centrale nucléaire, ce serait dommage. Évidemment, vue de la plage, elle est impossible à rater, avec ses six dômes de béton correspondant à ses six réacteurs. Tout le monde sait ici et même au-delà que c’est la plus puissante d’Europe. On ne peut pas dire qu’elle en impose vraiment, mais quand même, elle se pose un peu là. Comme nous l’a expliqué l’ancien maire qui se promenait avec son chien sur la plage, elle est aussi bonne mère pour cette belle cité fortifiée, et pas seulement pour les emplois. Il se trouve que ce n’est pas seulement la centrale qui fait l’actualité du coin mais aussi son Musée du Dessin et de l’Estampe Originale qui vient de démarrer une exposition autour de Gustave Doré (1832-1883). Elle se tient dans l’ancien arsenal, remarquablement entretenu. Un bon motif pour découvrir la ville et son extension Petit-Fort-Philippe, peinte avec beaucoup de subtilité par Georges Seurat au soir de sa vie,(1859-1891). Continuer la lecture
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Il est tout de même assez rare que le contenant d’un livre honore à ce point son contenu. Découverte fortuitement à la bonne librairie parisienne Delamain, cette toute récente collection s’intitule « Les Plis ». Et pas par hasard, puisque chaque ouvrage, traduit de l’italien, est fait pour être expédié, avec un emballage ad hoc comprenant une place pour l’affranchissement. La maison L’Orma, dont le siège se trouve à Rome, a déjà à son actif une vingtaine de livres présentant un échantillon de lettres d’écrivains, penseurs, intellectuels, musiciens, philosophes, allant d’Apollinaire à Stendhal en passant par Gramsci, Poe, Verdi, Mary Shelley ou encore Virginia Woolf. Ils sont à la fois une porte d’entrée originale pour ceux qui ne les connaissent pas ou bien si l’on veut, un bel objet de collection pour les bibliophiles. En novembre 2021 est ainsi paru un volume sur Guillaume Apollinaire avec une chaude sélection de lettres à Lou, la femme qu’il aima passionnément alors qu’il était encaserné à Nîmes.
Comment ne pas penser à Pavarotti, toutes proportions gardées et bien gardées, pour ce premier récital parisien de l’Américain Michael Spyres lors des Lundis musicaux de l’Athénée lundi dernier ? Même accueil délirant du public, même façon d’établir un contact incroyablement chaleureux. Dès son entrée sur scène, le ténor au sourire conquérant a éprouvé le besoin de nous dire, dans son français un peu haché, «Merci, merci, merci d’être là si nombreux ! Vraiment merci !» comme si c’était une divine surprise, alors qu’il est le seul bariténor au monde de ce niveau, demandé sur les plus grandes scènes. Effectivement la comparaison avec Pavarotti s’arrête là, car leur art du chant et leur répertoire, à quelques Mozart près, n’ont rien de commun. Leur histoire non plus.
Le sculpteur anonyme de cette amulette phallique n’avait certes versé dans le genre allusif. Malheureusement, la notice qui l’accompagne n’en dit pas grand chose. On apprend néanmoins que cette statuette de bronze date du premier siècle après Jésus-Christ. Et qu’elle a été retrouvée 1900 ans plus tard sur le boulevard de Belfort à Amiens. Une vidéo publiée sur le Musée de Picardie nous en dit un peu plus. Elle était l’expression « d’un culte païen dédié à Priapus » et faisait partie de « la vie courante des Romains ». Parmi les nombreuses pièces archéologiques qui emplissent les sous-sols du Musée de Picardie, cette amulette amuse et étonne. Maintenant que l’établissement a été refait et bien refait, la visite en vaut la peine. Et conseil a été donné au visiteur de commencer par les sous-sol voûtés, là où se trouvent des trésors archéologiques, de la région et d’ailleurs. Ici c’est un peu comme le Louvre mais en plus compact, on y navigue également de surprises en surprises.
Depuis ses lointaines origines grecques, le mot « zone » a taillé sa route. Pour être plus exact, il s’est décliné, démultiplié en de multiples acceptions. En grec il signifiait tout bonnement « ceinture » mais il n’est pas certain que les Hellènes aient cru bon d’aller au-delà, afin de former des syntagmes à tout faire comme 2000 ans plus tard. Dernier avatar en date, l’idée répétée jusqu’à la nausée, est qu’il serait bon, pour le bourgeois pépère, de « sortir de sa zone de confort ». Bref de lâcher la bride, traverser les frontières du moi afin de gagner quelque périlleux point de Lagrange, voire carrément de rallier l’héliosphère, zone de tous les possibles. Quand il avait -génialement- titré son poème « Zone », Apollinaire s’était inspiré d’un périmètre détaxé quelque part aux confins du Jura. Ce faisant et cela n’a pas assez été souligné, il avait ainsi réalisé, peut-être pour la première fois de l’histoire, une ode d’inspiration fiscale.
Hormis les vacances à Illiers, berceau de la famille paternelle, les séjours à Cabourg et en Bretagne, ou encore les quelques courts voyages à Venise et en Hollande, l’existence de Marcel Proust (1871-1922), s’est exclusivement déroulée sur la rive droite de la Seine. Paris est également au cœur de son œuvre maîtresse, “À la recherche du temps perdu”. La capitale, poétisée par le récit, est le cadre de la quête du Narrateur, double de l’auteur, cette recherche qui l’amènera à faire de ce temps perdu et retrouvé une œuvre littéraire.
Pour ce qui est de chercher puis de trouver l’inspiration, André Breton avait une solution qu’il avait théorisée en fusionnant deux principes, celui du « hasard objectif » et de « l’équation de l’objet trouvé ». C’est ainsi qu’un week-end de printemps de l’année 1934, il avait accompagné son ami Alberto Giacometti au marché aux puces afin de l’aider à trouver l’idée qui lui permettrait d’achever une sculpture féminine. L’écrivain dénicha une drôle de cuillère en bois se terminant par une chaussure, mais son idée d’en faire un « cendrier-Cendrillon » grâce à Giacometti ne débouchera pas. Ce dernier en revanche, en arrêt devant un demi-masque en tôle, put remettre en route son génie créatif. Il en résultera « L’objet invisible », remarquable sculpture à la beauté énigmatique (détail ci-contre) qui nous est donnée à voir à la Fondation Giacometti. Nichée dans le 14e arrondissement, celle-ci propose en ce moment-même et jusqu’au 10 avril, une exposition sur les « Amitiés surréalistes » des deux hommes.
Virtuose des calembours et contrepèteries, spécialiste des jeux de mots approximatifs, expert en vers boiteux et rapprochements intempestifs, Boby Lapointe n’avait aucun maître. On a beau chercher parmi ses glorieux aînés, lorgner du côté de Gaston Ouvrard (celui de La rate qui s’dilate), ou se souvenir de son contemporain Francis Blanche (Débit de lait, débit de l’eau), le compte n’y est pas. Le chanteur qui commença sa carrière dans les cabarets parisiens au tout début des années 1960 était unique dans sa catégorie. Il ne ressemblait à personne et jusqu’à ce jour personne ne lui a ressemblé. Son nom est-il encore connu de tous ? Pas nécessairement. Mais fredonnez « Avanie et Framboise » («les mamelles du destin») ou « Aragon et Castille » («Au pays daga d’Aragon/Il y avait tugut une fille») vous verrez immédiatement un sourire sur les lèvres de votre interlocuteur.
Grand succès pour «Don’t look up» sorti le 24 décembre dernier sur Netflix. Il s’agit pourtant d’un film sur la fin du monde, mais le cinéaste Adam McKay tempère son message apocalyptique d’une bonne dose de satire. Plus étonnant encore, le film est devenu en France celui «dont tout le monde parle», son message étant pris au premier degré. Il faut dire que le sujet est d’une actualité imparable, à l’heure où les mots de changement climatique, biodiversité, décarbonisation, océans en péril, etc. sont sur toutes les lèvres, voir la campagne présidentielle. Mais il semblerait qu’il y ait un certain malentendu entre le succès sur Netflix et l’attention portée chez nous au film. De quoi s’agit-il ? Deux modestes astrophysiciens de l’État du Michigan, le patron et une de ses assistantes, découvrent un beau soir qu’une comète de 5 à 10 kilomètres de large se dirige droit vers la terre, qu’elle anéantira dans six mois et quatorze jours. Ils font et refont leur calcul, et sont de plus en plus terrifiés et paniqués. Il faut avertir le pays tout entier ! À commencer par la présidente des États-Unis !
Le 17 janvier 1793, aux environs de sept heures du matin, après une séance de près de 13 heures, le verdict tombe. La Convention Nationale, à une courte majorité, opte pour la mort sans conditions. Louis Capet est condamné à être guillotiné sans délai. Le 15 janvier il a été reconnu coupable d’avoir conspiré contre les libertés publiques, trahi la Nation et fait couler le sang français. L’acte d’accusation comportait trente trois motifs dont ses défenseurs, Tronchet, de Sèze et Malesherbes, ont tenté de le disculper dans une cause perdue d’avance. Des documents compromettants, retrouvés dans un coffre-fort dénoncé par l’artisan même qui l’avait installé, pesaient lourd dans le dossier d’instruction. Le jugement à rendre contre lui ne devait pas être confié à des magistrats, mais aux représentants du peuple. Ceux-ci avaient à se prononcer nominalement, du haut de la tribune de l’assemblée, en présence de la foule se bousculant dans les travées du public.