Le Passant de Bruxelles

«Gazette hebdomadaire illustrée et fantaisiste», c’est ainsi que se présentait la revue «Le Passant» éditée à Bruxelles d’octobre 1911 à mai 1912 . À l’origine de cette publication qui faisait la part belle à la caricature et aux dessins humoristiques, un certain André Blandin, Français d’origine qui s’était illustré dans la capitale belge en y organisant en 1911 la première exposition cubiste. Il était lié avec Apollinaire comme nous l’apprend Victor Martin-Schmets (1) et entretint avec lui une correspondance jusqu’aux années de guerre. Apollinaire ne dut pas se faire prier longtemps pour accepter de collaborer, sans doute gracieusement, à cette revue satirique dont il avait annoncé la naissance dans le Mercure de France en décembre 1911. «Ce journal fantaisiste manquait au pays de Tyl l’Espiègle» indiquait-il. Continuer la lecture

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Petits secrets et gros mensonges à Monterey

Si la lecture au long cours est en tout point salutaire (1), les bonnes séries télévisées s’avèrent également un excellent dérivatif à la morosité. Ainsi, pour ceux qui ne l’auraient pas encore vue, la mini-série HBO “Big Little Lies”, diffusée actuellement sur OCS, va-t-elle bien au-delà de son office de divertissement. Visionnée sur un écran HD, cette œuvre télévisuelle a une réelle tenue cinématographique. À une intrigue très bien ficelée et un jeu de grande qualité, avec un prestigieux casting, s’ajoutent une réalisation et un montage tout aussi soignés qu’originaux. Une mini-série qui relève du 7ème art ! Continuer la lecture

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La beauté des temps morts

Et c’est Mick Jagger qui en parle. Forcément dans une tournée, tout le temps passé sur une scène n’est rien à côté du cumul des heures à se déplacer, à se reposer, à attendre. Avec plus de cinquante années de concert derrière lui, cinquante années sur à peu près tous les continents, le chanteur des Rolling Stones dispose d’une certaine expérience de la gestion des instants hors champs. C’est l’un des grands intérêts du documentaire de Paul Dugdale, que de s’attarder justement sur tous les intervalles de la tournée sud-américaine des Stones en 2016. Le film, visible sur Netflix, montre bien entendu les grands moments musicaux menés par un Mick Jagger de 73 ans, toujours taillé comme un crayon et parcourant la scène avec une agilité surprenante. Et ses acolytes, Keith Richards, Ron Wood et Charlie Watts, ne sont certes pas en reste. Continuer la lecture

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La revanche du microsillon

Une fois n’est pas coutume, mais il est rare que la génération des cadets préconise le retour aux techniques de leurs parents ou grands-parents. L’incontestable renouveau du disque vinyle est un de ces exemples. La nouvelle vogue de ces microsillons (que l’on n’appelait pas encore «albums») ne semble pas un simple goût pour le vintage, mais une vraie demande qui s’affirme d’année en année. On peut s’en étonner mais, même si personne ne l’avait prévu, les raisons n’en sont pas si mystérieuses. À l’époque de la dématérialisation, il y a d’abord le goût de l’objet, du bel objet, de la jolie pochette qui participe au plaisir et alimente les désirs de collectionneurs (on ne compte plus les foires aux disques). Il y a surtout la qualité du son du microsillon que chacun reconnaît aujourd’hui supérieure à celle du disque-compact et, d’une façon générale, à celle de tout enregistrement numérique. Continuer la lecture

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Restauration rapide

Les Allemands ont coutume d’ajouter le suffixe «er» au nom de la localité d’origine d’une spécialité culinaire devenue populaire. Il est, ensuite, inutile de nommer le produit. Ainsi, la saucisse venant de Frankfürt s’appelle t elle « frankfürter », sans qu’il soit nécessaire de préciser « wurst ». De même, cette boule de pâte frite, fourrée de marmelade, si prisée à Berlin est un « berliner ». Relevons au passage une méprise historique. Aux temps de la guerre froide, en visite dans cette ville, le président Kennedy déclara, le 26 juin 1963 : «Ich bin ein Berliner !», affirmation signifiant exactement : «Je suis un beignet !». Il eut été préférable d’éviter ce «ein» intempestif, afin de proclamer «Ich bin Berliner, je suis berlinois», ce qu’il souhaitait revendiquer face au Mur. Continuer la lecture

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Un véritable dilemme social

Ce documentaire appelé en anglais «The social dilemma» (Le dilemme social), financé et diffusé par Netflix (sous le titre français «Derrière nos écrans de fumée»), veut nous avertir. Le ton est à l’urgence et à la persuasion. Réveillez-vous ! Il y a urgence ! Plus qu’urgence, même !
En préambule, une inscription blanc sur noir sur l’écran, tirée de l’«Antigone» de Sophocle: «Rien d’excessif ne s’insinue Dans la vie des mortels qui ne l’expose au malheur.» Qu’avons-nous donc fait pour nous exposer au malheur ?
Il faut nous habituer à la structure du récit qui se déroule sur deux plans puis trois plans entremêlés sans aucune transition, originalité formelle tendant à nous montrer que tout s’enchaîne, qu’il n’y a plus de séparation entre les mondes parallèles qui nous sont présentés. Continuer la lecture

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Il y a un après à Saint-Germain-des-Prés

«Vivre c’est la tendresse, l’art, l’harmonie, la littérature, la musique, les arts graphiques, la danse, le théâtre. Vivre c’est aussi le boulanger, le bistrot du coin, l’avenir, l’histoire. Vivre c’est surtout refuser la désertification qui affecte d’autres quartiers que nous avons aimés». C’est ainsi que s’ouvrait, en décembre 1999, l’éditorial du premier numéro de La Gazette de Saint-Germain-des-Près. Une jolie revue vendue exclusivement sur abonnement ou dans les kiosques du sixième arrondissement et dont le but avoué était d’influer pour que le quartier garde sa typologie si particulière. Il fallait agir pour que les boutiques de fringues ne remplacent pas les galeries ou les librairies (on a ironisé sur le «Saint-Germain des prêts à porter») et que perdure l’esprit des lieux marqué par l’ombre d’Apollinaire, de Sartre, de Simone de Beauvoir ou de Boris Vian. La revue connut huit numéros et cessa de paraître en juin 2001, le mécène ayant décidé de retirer son aide financière. Continuer la lecture

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Lucerne (Suisse), une pépite médiévale au bord du lac des Quatre-cantons

Envie d’une évasion citadine proche de la verdure et des hauts sommets ? Avec son centre médiéval, ses musées et son lac entouré de montagnes, Lucerne est une destination de choix à programmer quand les temps seront plus cléments. Un séjour d’un ou deux jours permet de bien profiter des attraits de cette ville souriante de 77.000 habitants. Mais il serait dommage de ne pas le prolonger par le voyage enchanteur de deux heures en train panoramique express qui mène de Lucerne à Interlaken, au pied des hauts sommets alpins. À la sortie de la gare de Lucerne, on ne peut manquer l’immense Centre de la culture et des congrès (KKL) conçu par Jean Nouvel et ouvert en 1999 (ci-dessus). Continuer la lecture

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Le rendez-vous manqué

Chaque neuf novembre un petit groupe de personnes se rend au cimetière du Père Lachaise pour honorer la mémoire de Guillaume Apollinaire. Car c’est à cette date qu’en 1918, l’écrivain est passé de vie à trépas, étouffé par le virus de la grippe espagnole. Mais cette année, ironie du sort, c’est également en raison d’une épidémie, qu’en fin de matinée lundi à l’heure habituelle, on ne pouvait que dénombrer les fidèles empêchés. Soit quelques sujets français, belges et britanniques, lesquels trouvaient dans ce rituel un moyen d’entretenir la mémoire de l’écrivain. Au moment même où Emmanuel Macron se rendait à Colombey afin de rendre hommage à De Gaulle, il n’y avait donc au Père Lachaise, que quelques corneilles et un couple de pies. Sans compter quelques fleurs (ci-dessus), dont la fraîcheur laissait supposer une intention récente. Continuer la lecture

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Cure de Bach, cure de bonheur

C’était dans l’entre-deux, dans l’entre temps, d’un confinement l’autre, bref entre deux confinements. Les 23, 24, et 25 octobre derniers, l’Auditorium de Radio France proposait un programme miraculeux inaugurant sa saison baroque : l’intégrale des concertos de Bach pour clavier. Deux soirées avancées à 18h, et le dimanche à l’horaire habituel de 16 h. En pleines vacances de la Toussaint, avec spectateurs masqués plus ou moins distanciés, aux mains très hydro-alcoolisées, et plutôt plus de jeunes que d’habitude. La salle de 1461 places permettant une jauge évidemment clairsemée mais assez étoffée, on retenait son souffle comme si on allait assister au cérémonial de quelque secte secrète, et on avait un peu de mal à croire qu’on nous offrait pour une représentation seulement des artistes d’un tel niveau. Continuer la lecture

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