Ils se cherchaient un thème nouveau, une direction à prendre, quelque nom dont ils feraient une marque à l’huis des champs de conscience et il se sont rendu compte que Guillaume Apollinaire en avait laissé un exprès, sur l’étagère. Le mot surréalisme avait en effet été fort peu utilisé, juste une fois pour la représentation des « Mamelles de Tirésias » en juin 1917. Apollinaire en était l’auteur et il avait qualifié son drame de surréaliste. « Surréalisme n’existe pas encore dans les dictionnaires, avait-il précisé, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par les Philosophes. » N’en ayant par la suite ni enregistré le brevet, ni déposé la marque, la franchise était libre depuis le décès de l’inventeur. Ce qui fait qu’un certain nombre de poètes au début des années vingt, André Breton en tête, s’emparèrent de la dénomination pour en faire leur oriflamme d’explorateurs des banlieues de l’inconscient. André Breton (1896-1966) théorisa l’affaire et se fit à la fois gardien du temple, juge et procureur, à toutes fins utiles. Son manifeste du surréalisme parut en 1924 la même année qu’un texte moins connu de Louis Aragon (1897-1982), du même tonneau mais pas de la même encre. Les éditeurs faisant bien leur métier, « Une vague de rêves » vient de sortir cent ans après, aujourd’hui même chez Seghers. Continuer la lecture
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